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Le 19 juillet dernier, le dépôt au Sénat par quatre élus socialistes d’une proposition de loi ouvrant la PMA aux couples de lesbiennes a rapidement fait le tour du Web. L’exposé des motifs est d’une simplicité confondante : « En ouvrant le droit pour les personnes de même sexe d’adopter, la loi a affirmé que les couples homosexuels peuvent former une famille, être parents et élever des enfants. Cette proposition de loi y fait naturellement suite en élargissant la possibilité pour ces couples d’accéder à la parentalité. » On ne peut pas dire que La Manif Pour Tous ne nous avait pas prévenu de l’évolution logique des événements.
La conclusion vaut également le détour : « Il n’existe aucun droit à l’enfant. Mais notre société ne pourra sortir que grandie d’avoir permis à ceux qui le désirent de devenir parents, au-delà de tous préjugés qui doivent être dépassés. » Malgré leur grand âge, ces sénateurs sont de vrais contorsionnistes.
Notons aussi qu’ils se réclament dans leur texte de feu Henri Caillavet, sénateur et dignitaire maçonnique, et surtout grand ami des enfants, qui s’était écrié en 2001 : « permettre à un enfant handicapé de venir au monde est une faute parentale et peut-être même le témoignage d’un égoïsme démesuré ». Ce sympathique libre-penseur siégeait alors… au Comité consultatif national d’éthique.
Bien que la « LMPT-sphère » se soit enflammée, ce texte n’est qu’une proposition de loi : elle peut être reprise par le gouvernement, ou bien tomber aux oubliettes. Il n’empêche que le débat sur la PMA ouverte aux lesbiennes, est bel et bien relancé.
Parce qu’ils n’en saisissent pas les enjeux, les Français y sont instinctivement (et très majoritairement) contre, en associant à cet acronyme manipulations bioéthiques et commandes d’enfants. La Manif Pour Tous surfa habilement dessus, pour permettre le report de cette mesure.
La Procréation médicalement assistée existe en France depuis les années 1970, et son usage s’est répandu à partir des années 1990. Réservée aux couples homme-femme pour répondre à leur stérilité, on estime à 100 000 le nombre de tentatives de PMA par an. Plus du double d’embryons sont conçus à ces fins, et donnent lieu à entre 15 et 20 000 accouchements. Vous avez bien lu : entre les deux étapes, des dizaines de milliers d’embryons, non-implantés, sont détruits ou congelés. De quoi rivaliser avec l’avortement industriel qui existe dans notre pays.
Outre le problème des embryons surnuméraires conservés dans les centres, congelés, abandonnés, puis détruits ou livrés à la science, s’ajoute celui des enfants nés de PMA, qui sont de plus en plus nombreux à réclamer l’accès à leurs origines biologiques, rendu impossible par la législation française. Celle-ci, comme l’explique l’association Procréation médicalement anonyme, « a été calquée sur la législation existant pour les dons de sang et d’organes, oubliant que le don de gamètes permettait la conception d’un enfant, donc d’un adulte en devenir ». L’anonymat des donneurs a été confirmé par les premières lois de bioéthique de 1994.
Malgré cette situation, une grande partie des députés PS tentèrent d’associer à la loi sur le mariage gay un amendement légalisant la PMA pour les lesbiennes, comme le demandait expressément l’Inter-LGBT. Le patron du groupe socialiste à l’Assemblée Bruno Le Roux chercha à imposer le vote obligatoire aux députés, mais il se heurta à la résistance des élus de l’Ouest, tempérés sur cette question comme leur climat, et de la nouvelle génération à la gauche du PS.
Ces derniers, représentés entre autres par Benoît Hamon et Razzy Hammadi, et sensibles à la marchandisation du corps, avaient déjà œuvré au sein du PS pour que parti se prononce contre les mères porteuses, et étaient opposés à la PMA [1] Ils voyaient également que plus leurs collègues allaient dans l’outrance, plus les rangs de La Manif Pour Tous se renforçaient. Ils argumentèrent en ce sens auprès de François Hollande, qui s’en lava les mains, et reporta la PMA à des Etats généraux de la bioéthique, sous l’égide du Comité consultatif national d’éthique. Cette décision soulagea beaucoup de monde au PS, mais suscita la colère des ultras de la cause LGBT, tel Erwann Binet, qui hurla au "déni de démocratie" (sic).
Début juillet 2013, le président du Comité, Jean-Claude Ameisen, a annoncé que le débat public concernant la PMA aura lieu « au début 2014 ». Le suspense reste entier : le gouvernement va-t-il continuer dans sa lancée des offensives idéologiques, avec la PMA ou l’euthanasie, ou va-t-il freiner les ambitions de certaines de ses troupes, en jouant l’apaisement après la mobilisation de cette année ?
Pour certains, les autorités ont compris la leçon et ne veulent pas en rajouter, alors que la mouvance de Benoît Hamon, les élus de l’Ouest, et l’habile sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb (qui sait quand il est opportun pour lui de jouer au démocrate-chrétien), s’y opposeront à nouveau.
L’ami Philippe Ariño est de cet avis : « la PMA et la GPA ne seront pas autorisés en France. Notre gouvernement l’a déjà décidé depuis bien longtemps (…) ils vont hypocritement faire semblant d’en débattre (…) et faire semblant d’y renoncer (pour se donner à eux-mêmes la preuve qu’ils ne sont pas si excessifs et si inconséquents que nous aurions voulu le croire... et surtout pour déléguer l’acte de la PMA-GPA aux pays étrangers extérieurs à la France ! ; nos ministres se contenteront juste de les dépénaliser sur le territoire français sans pour autant les autoriser ouvertement : oui, nous pouvons le dire, ces dirigeants socialistes sont de beaux salauds !). » Et notre araignée du désert de conclure qu’il est vain de vouloir s’attaquer à la PMA et à la GPA, cibles fantômes, à côté de l’objectif principal : le mariage gay.
Pour d’autres, au contraire, le mariage gay n’est que la première étape du régime. Ils notent que le gouvernement est particulièrement permissif, et qu’il n’a pas peur d’assumer les fractures nationales qu’il provoque. Or, le Comité consultatif national d’éthique étant composé de membres nommés par décret présidentiel, il est prévu qu’il soit renouvelé de 10 nouveaux membres. On en connaît déjà un, la sénatrice PS Michèle Meunier, qui s’est signalée son sectarisme idéologique : « Ce qui pose problème, disait-elle lors des débats sur le mariage gay, c’est cette famille idéalisée, « hétéro-patriarcale-blanche » de préférence de plus en plus éloignée des réalités. La loi doit s’adapter. »
Il est donc probable que la PMA pour lesbiennes s’impose un jour comme un projet de loi soutenu et relayé, que ce soit sous l’égide de François Hollande, du Sarkozy de bazar Manuel Valls, ou encore d’un gouvernement de droite opportuniste (un pléonasme courant à l’UMP). Ses partisans diraient que c’est la fin d’une injustice, la PMA étant ouverte pour les couples homme-femme. Même s’ils en profitent pour rejeter la différence sexuelle, qui donne la vie, ils auraient raison de rappeler que ces pratiques existent déjà.
Or, un tel débat pourrait être l’occasion de faire un moratoire sur la PMA, et la dénoncer dès aujourd’hui. Il faudrait relire les témoignages de couples passés par le "magasin des enfants", du titre du livre de Jacques Testart, père de la PMA en France, et depuis critique virulent du scientisme et de l’eugénisme médical.
Restons vigilants quant aux combats à venir, et, pour nous, futurs Papas qui ne voulons pas manquer à l’appel, gardons en mémoire les excellentes directives de Martin Seoul, sur La Table Ronde :
"Alors aime ta femme, chéris-la, rappelle-toi tous les jours que tu l’as épousée pour le meilleur et pour le pire ; même quand elle sera ridée, aigrie, ménopausée. Et oui, ça peut finir ainsi une femme. C’est la nature, celle-là même que tu défends quand tu refuses la PMA…"
[1] Benoît Hamon est d’ailleurs un des seuls ministres qui prend le temps d’aller à la rencontre des manifestants LMPT qui l’accueillent, et d’après ce qu’on dit, ce Breton catéchisé n’en pense pas moins.
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