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Une règle française

L’Allemagne est un pays réputé pour ne pas déroger aux règles. La loi pourrait d’ailleurs y être vu comme un sujet de passion. Alors que des chercheurs français viennent de mettre à mal une loi scientifique, celle si célèbre formulée par Einstein sur la vitesse de la lumière, et que le Pape a fait au Parlement fédéral un grand discours sur « l’État de droit libéral », une autre constante, médiatique et bien française celle-là, s’est confirmée depuis le début du pontificat de Benoît XVI : le Pape, on le conspue ou on le méprise. Pour s’en convaincre, il suffit de faire un petit tour des médias. Si l’on veut bien considérer Le Monde, Le Figaro et Libération comme les trois grands quotidiens nationaux français, il sera aisé de faire quelques constatations.

Dans Le Monde, tout d’abord : le Pape ? On s’en fiche. Le départ d’Henri Tincq a lieu d’être déploré (ce qui n’est pas peu dire !). Il faut aller fouiner sur le blog de Stéphanie Le Bars pour trouver des informations. Un premier article sur la « laïcité à l’allemande » [1] nous indique le passage du Pape au Bundestag, l’existence des questions religieuses dans la sphère publique – horreur ! – et – ouf ! – le progressisme bon teint des hommes politiques allemands. Ce sont de gentils croyants qui ont gagné leurs galons de progressisme, qui, par un beau divorce, qui, par un appel à l’ordination des femmes, qui, par la promotion de la cause homosexualiste. Un deuxième article rend compte du voyage en avion avec le Pape : les trois quarts sont consacrés à une description sans intérêt des rituels de la communication vaticane ; un quart est dévolu aux réponses données par le Pape pendant le voyage. Un troisième article, « Le Pape-philosophe », livre enfin, sans aucune tentative d’analyse, différents passages du discours du Pape.

Au Figaro, la situation est, Deo gratias, meilleure. Cette feuille compte un journaliste qui tache de faire son travail : comprendre pour expliquer la religion avant de se risquer à une critique. Bref, l’excellent Jean-Marie Guénois, même s’il n’évite pas les questions de remariage, d’ordination, de pédophilie, etc. n’hésite pas à parler du Christ et de la foi, qui sont encore les seules clefs de lecture valables quand on veut parler du catholicisme. Il s’est longuement intéressé à la visite du Saint-Père et à ses enjeux, et a d’ores et déjà livré un bilan du premier jour. À déplorer cependant un article autrement moins inspiré de son collègue Patrick Saint-Paul [2] qui aurait pu être rédigé par un membre de Gaylib. On y trouve des jugements péremptoires et vains sur le nombre de catholiques allemands (sans souci de la « qualité » de la foi des Allemands).

Bref, voilà une constante qui tend à s’établir : il est devenu de bon ton de conspuer le Pape quand on ne peut l’ignorer, tant il est vrai que Benoît XVI n’arrive sur la place publique que par le biais des scandales, le plus souvent montés de toute pièce, du reste.

Le lecteur attentif trouvera un oubli : et Libération ? La réponse est plus réservée. En effet, on trouve bien un article, mais on s’efforce de nous le cacher, puisque réservé aux abonnés. D’où les plus folles supputations auxquelles les esprits les plus agiles pourront s’abandonner : « Voyage en Allemagne : Benoît XVI a violé Daniel Cohn-Bendit » …

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