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Soyons écolos !

21 avril 2012 Benjamin

Pour les chrétiens, la nature est belle, admirable même. La religion chrétienne magnifie la nature et toutes les réalités physiques. L’aspect spirituel, même s’il est très important, n’est pas ici le seul à retenir, quoi qu’en puissent dire certains. N’oublions pas que la religion chrétienne est la religion de l’incarnation.

« Et Dieu vit que cela était bon » entend-on tout au long du récit de la genèse. Et Dieu bénit tous les animaux, leur demandant d’être féconds, de se multiplier et d’emplir la mer, la terre, le ciel. La protection de la nature doit donc être une priorité pour tout chrétien, pour la glorification du créateur.

Suis-je entrain de défendre l’écologisme actuel ? Détrompez-vous, il n’en est pas question ici, bien au contraire. Il faut en effet voir ce que l’on entend aujourd’hui par écologisme. Ce n’est pas à l’origine une mauvaise chose, puisque l’écologisme se bornait à une volonté de protéger la nature. Mais ceci s’est amplifié, de telle sorte que maintenant, l’écologisme consiste à défendre la nature avant tout, et à tout prix. La question de l’écologie serait la question principale, voire la seule question à se poser, les autres passant après, toutes les autres.

C’est bien là le problème. Dieu ne s’est pas arrêté au cinquième jour. Le sixième jour, il créa l’homme. Et c’est bien l’homme qui est essentiel et primordial. Cela semble une évidence, si bien que l’on pourrait croire que c’est implicite, et que bien évidemment les écologistes veulent protéger la nature en tant qu’elle est bonne pour l‘homme. Mais même les évidences n’en sont plus, et l’on en entend facilement qui diraient « Il vaut mieux qu’une espèce meure pour toutes les autres », c’est à dire « la planète irait bien mieux sans les hommes ». L’homme est mis au même niveau que les autres animaux, et c’est la nature dans son ensemble qui est donnée comme priorité. Et l’homme pouvant avoir un plus gros impact sur la nature que les bêtes, il est même considéré pire que celles-ci. L’écologisme trouve donc sa force dans une méconnaissance de l’homme, un oubli de celui-ci et même pire, puisque cet oubli revient à une volonté de le détruire, si cela peut sauver la planète. Mais à quoi servirait la nature si elle n’était pas habitée par les hommes ?

Cette simple question pose également le problème de la finalité. Le monde a-t-il été créé pour l’homme ? Tout finalisme est cependant nié par beaucoup de nos contemporains, qui n’imaginent même pas que l’on puisse être finaliste et sérieux. Quelle prétention ! Ils oublient juste qu’en terme de probabilité, c’est-à-dire dans leur propre domaine d’explication de la nature par le hasard, le monde tel qu’il est aujourd’hui n’existerait pas. En effet le hasard est pensé aujourd’hui en terme de lois mathématiques, avec calcul de probabilité. Mais l’univers a évolué tellement rapidement, notamment vers l’apparition de la vie, que les calculs ayant été faits, le hasard lui-même ne suffit plus à expliquer le monde. En effet, on ne peut imaginer qu’un dessin de brouette, recopié des centaines de fois certes, avec à chaque fois des erreurs de copie, donne au bout du compte les plans d’une navette spatiale. Mais c’et pourtant bien cela qu’affirment ces gens sérieux : le monde évolue par des erreurs de transcription, des mutations aléatoires, qui « Ô miracle ! » donnent des résultats d’une précision et d’une complexité que nous ne pouvons pas égaler, et peinons à imiter. L’émerveillement devant la nature ne peut qu’augmenter avec la connaissance de celle-ci, ce qu’oublient trop souvent la plupart de ceux qui se targuent d’être plus savant que les autres, et qui en général ne sont même pas des gens de la nature.

Mais revenons à l’écologisme. Nicolas Hulot disait récemment « Avec la crise économique, on a trouvé un bon prétexte pour mettre de côté la crise écologique. » [1] Il s’agit donc de savoir quelles sont les priorités. L’économie est-elle plus importante que l’écologie ? Mais là encore, il ne faut pas oublier que l’économie aussi doit être au service de l’homme, afin qu’il puisse vivre bien. Ainsi, ni l’une ni l’autre n’est plus importante. Elles ne sont que secondaires, puisque leur but est pour chacune de garantir un certain bien pour l’homme. Il faut avoir des richesses pour les partager, il faut avoir un monde pour y vivre. Mais ce ne sont bien que des moyens en vue de la fin qu’est l’homme.

L’écologisme est de ce point de vue bien contradictoire. En effet, si aujourd’hui les animaux sont protégés, si on leur accorde des droits, il n’en est pas de même pour un bon nombre d’êtres humains, dont on nie la dignité et l’humanité, qui ne sont que des objets gênants, qui plus est empêchant aux femmes de n’être pas des femmes, comble de l’absurdité ! Et les personnes vulnérables, malades, handicapées, ne méritent pas mieux non plus. Pourquoi ne pas tout simplement les supprimer, puisqu’elles nous gênent et nous coûtent ? Certes on a vu que les hommes devaient tous être supprimés, mais en attendant d’arriver à cette extrémité, peut-être pouvons nous essayer d’être cohérents et de ne pas choisir arbitrairement qui mérite de vivre.

Mais brisons-là ce délire insensé. Revenons donc à une écologie humaine, et cessons d’être des bêtes. Soyons écologiques, mais ne perdons pas pour autant la tête, gardons le sens des priorités. Regardons donc le réel, et efforçons nous de nous y tenir, et de ne pas tomber dans l’illusion de nos désirs. Il y a un réel potentiel là-dessus, alors développons l’écologie humaine.

21 avril 2012 Benjamin

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