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Pour un Printemps Catholique

11 avril 2013 Jean Herbottin

La désormais célèbre opération « Fanchon », qui, nous n’en doutons pas, s’apparente à un coup d’Etat ou à une opération de pur terrorisme, a fait couler chez nos amis du Monde beaucoup d’encre. Alarmés par cette démonstration du retour des heures-les-plus-sombres-de-notre-Histoire, le célèbre quotidien du soir rappelait les accointances du Printemps Français avec des « mouvements d’extrême droite » et des « réseaux catholiques ultras ». Le procès fait à ce collectif, en plus d’être injuste, est absolument stupide. Non, on ne peut pas parler de radicalisation. La radicalisation, ce n’est pas aller coller trois affiches sur une permanence d’une association LGBT, ou réveiller un sénateur, fût-il une femme. La radicalisation, ce n’est pas de se balader poitrail à l’air pour réclamer la démocratie. Permettez-moi de vous dire que le Printemps Français, ce n’est ni le NSDAP préparant le putsch de la brasserie, ni le général Franco, ni la préparation de la marche sur Rome. Ce n’est pas non plus une entreprise théocratique visant à instaurer la charia en France. Mais quoi qu’il en soit, il est comique que les mêmes journaux ayant couvert avec autant d’affection les mouvements dans les pays arabes condamnent avec tant de force un mouvement qui n’a pour d’autre revendication que plus de démocratie. Les mêmes qui réclamaient jadis le départ de Michèle Alliot-Marie suite à ses déclarations sur le régime de M. Ben Ali sont ceux qui voyaient dans les affrontements du 24 mars dernier une volonté délibérée de s’emparer de la place, puis des Champs, faisant planer un parfum de Croix de Feu sur l’ensemble du cortège. Ce genre de procédé est classique, et à en croire la mobilisation de tant de français depuis tant de mois, il est usé jusqu’à la corne.

Ce « printemps » qui, nous espérons tous, va éclore en France pour en finir avec le terrorisme intellectuel institutionnalisé, naît de l’autisme gouvernemental, et du peu de vigueur du collectif de la Manif pour tous. Si nous pouvons remercier Frigide Barjot pour avoir fédéré autant d’énergies contre cette loi funeste, nous ne parvenons pas en revanche à comprendre qu’elle en reste au tout-festif-tout-sympa alors même que cela ne prend pas. Philippe Muray l’expliquait trop bien : le tout festif garantit le calme, et empêche la remise en cause du système. Or, dans l’état actuel des choses, un peu de sérieux serait le bienvenu.

Il ne s’agit pas là d’inviter à une quelconque « radicalisation ». Nous ne sommes pas de ceux qui désirent une révolution, afin de brandir au sommet de nos piques des têtes de ci-devant. Nous avons la mémoire trop vive pour oublier quels désordres funestes provoquent les révolutions, quels déferlements de haine ils suscitent, et quelles plaies irréparables elles ouvrent au milieu d’une nation. Durcir le ton ne signifie pas immédiatement « prendre les armes ». Tout homme bien né sait que la raison doit modérer les élans de nos sentiments, de crainte de ressembler à un militant LGBT de base, qui voit dans l’adversaire un ennemi, un traître, qu’il faut éliminer si possible, si l’on s’en réfère aux chatoyants slogans d’Act’up et autres associations homosexualistes, tels que « Préparez les planches et les clous », « Ferme-la, on veut tes droits, pas ton avis », ou encore, mon préféré, « un hétéro, une balle ; sa famille, une rafale ». Nous chrétiens pensons que notre contradicteur est un frère qu’il faut amener à se convertir. Aussi refusons-nous toute intimidation, contrairement à ce qu’indiquent nos détracteurs. Il ne faut pas confondre correction fraternelle et pression. Que je sache, M. Binet n’a pas été menacé physiquement. Il lui a été uniquement rappelé que nous aussi, nous avons une voix, que nous défendons la loi naturelle contre les entreprises mortifères visant à la détruire.

C’est là toute la beauté du message de l’Eglise qui, suivant l’exemple du Christ, professe que l’homme peut changer, qu’il peut quitter sa conduite mauvaise, son péché, pour embrasser la Vérité, qui est le Christ. Le Christ, et son Eglise, pardonnent volontiers, si bien que Notre Seigneur rappelle qu’il y aura plus de joie au ciel pour un pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes. Ce qui implique pour nous chrétiens une véritable responsabilité : rester humble, et inviter nos frères à la conversion.

S’il y a une quelconque radicalité chez nous, elle est là. C’est la radicalité évangélique, qui nous pousse à confesser Notre Seigneur Jésus Christ qui est la seule Vérité. Le pape François nous le rappelait : Qui ne confesse pas le Christ confesse la mondanité du diable. Ainsi répondons-nous à ceux qui nous pensent radicaux. Effectivement, nous le sommes, mais dans la Charité. Mesdemoiselles, Mesdames et Messieurs les journalistes, les socialistes, les LGBT, même si nous sommes durs avec vous, nous vous aimons. Nous vous aimons tant d’ailleurs que nous ne pouvons vous laisser vous fourvoyer ainsi dans une voie qui vous perdra. Aussi allons-nous poursuivre nos actions, et, quoi que vous puissiez en dire, dans la Charité. Car ce n’est pas vous faire offense de n’être pas d’accord avec vous. C’est justement faire preuve de Charité que de vous dire que vous faites fausse route, et que ce chemin ne vous rendra pas heureux. Vous vous empêtrerez dans la spirale de désirs qui, une fois assouvis, en susciterons d’autres. Vous vous croirez libres, mais en fait de liberté, vous vous enchaînerez vous-mêmes à l’emprise de vos passions, qui finiront par vous détruire. Un tel danger justifie bien des risques. Nous les prendrons, pour vous, pour les enfants, pour notre pays.

Nous sommes libres, que vous le souffriez ou non. Le désir du Christ est le seul qui libère, car il est le seul qui comble vraiment. Prétendre trouver le bonheur dans la soumission à ses désirs est se tromper soi-même : l’enfant qui ne sera pas corrigé par ses parents lorsqu’il se tiendra mal ou sera grossier ne sera pas un homme accompli. Il sera de ceux que d’aucuns qualifieront de rustre, et il s’enfermera dans ce rôle, non pas du fait des autres, mais de son propre fait. Ainsi en est-il des passions qui enferment dans un esclavage d’autant plus dangereux qu’il est invisible. L’on se passe soi-même des chaînes que l’on ne voit pas. Mais pourtant c’est la réalité, et René Girard l’a démontré : l’emballement mimétique conduit au naufrage, et une fois le désir assouvi se greffe un autre, puis encore un autre, et ce jusqu’à l’affrontement avec le médiateur. Ce mécanisme vaut aujourd’hui. Les paires homme/homme et femme/femme veulent le mariage, qui est l’apanage des couples homme/femme. Mais à peine l’auront-ils qu’ils désireront autre chose, voyant que cela ne les comble pas. Un désir ordonné vers soi et un plaisir personnel mène à la ruine. C’est ce que nombre de romans nous enseignent [1], et ce que le romantisme nous a fait oublier. Le désir doit être ordonné pour n’être pas destructeur, et c’est le message évangélique qui révèle le chemin. Le Christ ne parle pas d’autre chose lorsqu’Il affirme qu’Il est « la Voie, la Vérité et la Vie ».

Les Chrétiens se sont réveillés. Reste à savoir où leur combat va les mener. S’ils ne confessent pas le Christ, ils tomberont dans la spirale de la mondanité, dans la volonté de plaire aux hommes, ou dans celle, tout aussi perverse, de la glorification personnelle. L’action politique doit être ordonnée autour du bien commun, de la liberté de l’Homme, qui passe par une conversion personnelle. Toute action qui n’est pas dirigée vers ce bien commun est mauvaise, fausse, perverse. Gardons ceci toujours en mémoire : le Christ fut tenté par le diable, qui L’invita à se prosterner devant lui en échange de la domination. Le père du mensonge lui proposait là quelque chose qu’il n’aurait pas pu lui donner, mais il l’aurait fait tomber. Ne tombons pas dans les pièges que nous tend Satan, et méfions-nous des désirs mondains.


[1note vers Mensonges romantiques et vérités romanesques

11 avril 2013 Jean Herbottin

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