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Nicolas Sarkozy, tentant sans doute de faire oublier la hausse de 21% de l’immigration légale sous son mandat [1], a donc placé une petite phrase d’Épinal au détour d’un discours pour appâter l’électorat. Il a compris que les Français voulaient moins de vivre-ensemble et plus de vivre-chez-soi, c’est déjà ça.
L’homme aux 500 000 naturalisations [2] déclare donc avec le plus grand sérieux du politicien en campagne qu’ « Au moment où vous devenez Français, vos ancêtres, ce sont les Gaulois ». Heureusement que ce n’est que pour la galerie, parce que c’est parfaitement idiot. Par exemple, que son père ait été naturalisé français ou non, ses ancêtres sont et resteront ce qu’ils sont : des Magyars, et non pas des Gaulois.
Mais là où la supercherie paraît le plus — outre sa propre politique qui contredit assez bien ses envolées pseudo-patriotiques — c’est lorsqu’il explique : « Ça veut dire qu’il y a un roman national. Ce n’est pas forcément la vérité historique, mais c’est un roman national peuplé des héros qui ont fait la France ». Autant dire que les Gaulois, c’est juste une jolie légende qu’on raconte aux Français comme on parle du Père Noël aux enfants. Ce n’est pas l’histoire d’un peuple, c’est un « roman national », un conte, une fable glorieuse et charmante à laquelle on donne une apparence de crédit pour créer un esprit de fête, mais dont on sait bien au fond qu’elle n’est que la poudre aux yeux. Les Gaulois, pour le Hongrois Sarkozy, comme une sorte de vœu pieu qui s’adresserait au passé : comme si les Français, n’ayant aucun ancêtre, désiraient en avoir et s’inventaient des Gaulois mythiques. Il faut bien venir de quelque part, n’est-ce pas ?
Il faut avouer que nous n’avons pas de chance : à entendre ce tartuffe de l’identité nationale, nous sommes le seul peuple du monde à n’avoir aucune racine, aucune origine, aucun engendrement, aucune source primitive à laquelle remonter et d’où découlerait un caractère commun et particulier à la descendance que nous sommes. Une sorte de non-peuple, apparu complètement par hasard du mélange improbable et anhistorique de machins mal définis, sur un territoire approximatif entre deux évènements mythiques. Au point que nous avons dû nous inventer des ancêtres, c’est dire ! Les Allemands peuvent bien descendre des Germains — remarquez, un autre tartuffe très sérieux leur expliquera peut-être que les Germains sont une légende et qu’en réalité, l’Allemagne a toujours été un « carrefour de diversités » non identifiables —, les Anglais des Bretons — une légende, vous dis-je ! —, les Italiens des Romains — et puis quoi encore ? — et les Espagnols des Ibères — peuh ! qu’en savons-nous ? — les Français, ne descendent de personne.
Ne parlons pas des commentaires ubuesques de professeurs qui auraient mieux fait de s’en tenir à l’histoire contemporaine censée être leur spécialité. À défaut, il peuvent toujours réviser la notion de chronologie et découvrir, tout ébahis, que pour qu’il y ait des envahisseurs quelque part, il faut qu’il y ait un peuple à envahir, et à dominer dans le cas de la Gaule. Ou s’en remettre au petit révisionniste qui pense qu’il n’y a pas de chrétiens parce que « chrétien » est un mot romain pour désigner des gens qui s’appelaient entre eux « les saints ». [3]
Quant à Alain Juppé et à François Bayrou qui « regardent vers l’avenir pour savoir qui ils sont », nous leur prédisons une future origine mecquoise ou tonkinoise qui sera du plus bel effet sur leur CV de citoyens du monde — mais pas de France, faut quand même pas pousser.
Mais revenons au comédien de Hongrie. Le principe de l’assimilation, ce n’est pas de se mentir ridiculement à soi-même en prétendant avoir des ancêtres que l’on n’a pas eus et auxquels, visiblement, on ne croit pas. Le principe de l’assimilation, c’est, étant un étranger installé en France, de choisir pour époux(se) un(e) enfant du pays puis, renonçant à transmettre sa propre culture, de ne transmettre à sa descendance que la culture française de son conjoint. Les enfants, déjà à moitié français par le sang, le deviennent ainsi presque tout à fait par la transmission de tout le reste. Ce n’est pas soi-même que l’on assimile, ce sont ses enfants que l’on fait devenir français, en tarissant simplement l’expression de sa « petite patrie » pour laisser toute la place à la patrie française qui est déjà partiellement la leur naturellement.
Un petit vent de primaire a dû souffler depuis quelques mois. Il semble que le « nouveau Français » ne devait pas forcément apprendre ce qu’aujourd’hui il doit à tout prix déclarer sien.
Mais bon, comme de toute façon Sarkozy n’est pas plus patriote que la reine d’Angleterre n’est pékinoise, tout ceci n’a que peu d’importance.
[1] http://www.rtl.fr/actu/societe-faits-divers/l-immigration-progresse-en-france-l-integration-est-toujours-difficile-7775683835
[2] Une simple addition réalisée à partir des données de ce graphique aboutit au résultat approximatif de 500 000 naturalisations par décret en cinq ans de mandat. http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/01/15/01016-20150115ARTFIG00396-naturalisations-expulsions-les-chiffres-cle-de-l-immigration-en-france-en-2014.php
[3] Le doute m’étreint : si « Africain » est un mot français pour désigner les populations d’un autre continent, les Africains existent-ils vraiment ?
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