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Le Président de la République s’est rendu ce lundi au lycée Buffon à Paris pour le 70e anniversaire du Conseil National de Résistance.
Un attroupement d’opposants au mariage gay aux abords du lycée s’est alors fait sévèrement réprimer par une gendarmerie mobile en tenue de combat, qui quadrillait le quartier dans un rayon de trois stations de métro, interpellant à distance le moindre quidam ayant un drapeau de La Manif Pour Tous à la main. Il n’y avait pourtant pas de quoi fouetter un chat. Une petite poignée de jeunes et moins jeunes manifestait pacifiquement, sans la présence d’agités de type Renouveau français ou Jeunesses nationalistes, qui devaient encore être en train de cuver leurs bières d’hier soir.
Lors de son discours, François Hollande a tenu à répondre aux manifestants sur leur emploi, depuis quelques mois, de « l’esprit de la Résistance », et des symboles de Jean Moulin ou de la Croix de Lorraine. Les mots, a-t-il rappelé, ont un sens : « Il faut leur donner leur signification. La Résistance, c’était par rapport au nazisme, à l’Occupation. (...) La collaboration, c’était des Français qui étaient avec l’occupant. Et le fascisme, le nazisme, la dictature, c’était une époque qui heureusement est révolue. Donc nul n’a le droit d’utiliser ces mots pour défendre des idées - si on peut appeler ça des idées - d’aujourd’hui. »
Le Président ignore probablement à quel point il a raison. C’est parce qu’il faut garder aux mots leur sens et leur usage qu’un million de Français se sont déplacés à Paris par trois fois en cinq mois, pour défendre la définition du mot « mariage ».
Le mariage comme union complémentaire d’un homme et d’une femme, pour transmettre la vie et fonder une famille, est une réalité naturelle, qui dépasse les institutions, les époques et les coutumes. Pour les chrétiens, Jésus, lorsqu’Il introduit le sacrement du mariage, sanctifie une réalité qu’Il institue pas. Elle existe déjà de la volonté du Créateur, c’est une réalité naturelle, spécifique en elle-même : deux personnes humaines, à la fois semblables et différentes, peuvent se passer de l’une ou l’autre pour vivre, mais pas pour donner la vie. Deux personnes, homme et femme, unissent leur corps, leur destinée, leur amour, leur parole. Seul le mot « mariage » renvoie à cette signification particulière. Pour toute autre union, entre deux personnes de même sexe, entre deux banques, ou entre deux associations, il faut trouver d’autres noms, sous peine de perdre le sens des mots, et la réalité qu’ils désignent.
Sans doute François Hollande a-t-il également raison lorsqu’il dissocie la mobilisation actuelle contre le mariage gay de la Résistance de la Seconde guerre mondiale. Même s’il y a des signes de violence d’Etat inquiétants, nous ne vivons pas sous une dictature [1]. Faire agenouiller des jeunes filles devant les CRS et les faire crier « dictature socialiste » est indigne de la part de ceux qui devraient agir en gentilshommes chevaleresques. Les esprits s’échauffent, et nous ne sommes pas indemnes de délires de ce genre. C’est à chacun d’être vigilant.
J’observe cependant que l’on nous traite assez facilement de nazis, sans que l’on trouve quelque chose à redire. Les vierges effarouchées qui s’indignent de l’utilisation des symboles de la Résistance sont les mêmes qui surjouent l’indignation républicaine et hurlent sans honte au péril fasciste dès que le FN fait mine de progresser dans les urnes. Par ailleurs, on les entend pas protester contre la récupération kitsch de vétérans de la Résistance par le régime [2].
Mais l’essentiel n’est pas là. Ce qui frappe, c’est le mépris du Président de la République envers des millions de Français : « si on peut appeler ça des idées ».
La réalité n’est finalement pas que le régime soit devenu une dictature, mais qu’il snobe des gens qu’il ne voit même pas. François Mitterrand avait entendu les foules de 1984 ? François Hollande et Manuel Valls ne les ont même pas compté : un million de personnes ne pèsent désormais rien à côté de l’entourage de nos dirigeants. Le microcosme bobo et urbain s’imagine que ses mentalités et son mode de vie sont partagés par la majorité de la population, « ce qui est évidemment faux », disait le sociologue Jean-Pierre Le Goff dans Le Parisien [3].
Ce Président méprisant avait déjà fait part de sa condescendance envers l’âme de la France, il y a quelques années, par son sectarisme antireligieux. Le descendant de Huguenots François Hollande [4] est en effet un agnostique dogmatique, pour qui la cathédrale Notre-Dame de Paris n’est qu’un bâtiment construit par des hommes pour des hommes, dénué de tout caractère spirituel.
De spiritualité, le Président n’en est cependant pas dépourvu. La sienne, c’est celle de la franc-maçonnerie, du rouleau-compresseur du progrès, ainsi qu’il l’a longuement développé dans l’ouvrage de Jean-Yves Boulic sur la foi des hommes politiques, Ceux qui croient au Ciel et ceux qui n’y croient pas, paru en 2002 :
« Dieu a été, et reste encore, une facilité. (...) Le seul culte à pratiquer doit être celui de l’humanité. Nous sommes des maillons d’une chaîne extrêmement longue, celle du genre humain, qui fait que nous sommes tous comptables du monde que nous construisons plus ou moins bien, plus ou moins mal. En ce sens, nous participons de l’éternité. Le seul Dieu que nous pouvons reconnaître, c’est celui de l’émancipation de l’individu par rapport à sa condition. C’est celui-là que nous devons servir, puisque par là nous servons notre propre cause. (...) Le paradis, c’est ici qu’il faut tenter de le construire. »
François Hollande et son clan ne nous feront pas de cadeaux. Ils pourront nous promettre l’enfer, nous répondrons toujours par notre espérance, notre paix, notre joie, notre foi.
[1] Ce qui ne semble pas être l’avis de ce quidam, sans doute un de ces « cathos-fachos » : http://lesalonbeige.blogs.com/.a/6a00d83451619c69e20192aa591e37970d-pi
[2] http://www.lepoint.fr/politique/resistance-hommage-d-ayrault-et-daniel-cordier-a-l-heritage-social-du-cnr-19-05-2013-1669753_20.php
[3] Egalement auteur d’une tribune assassine contre les gardiens du temple lézardé de Mai 68 : http://www.lemonde.fr/idees/visuel/2013/05/24/vers-un-printemps-anti-mai-68_3417061_3232.html
[4] L’origine de son patronyme provient de ses ancêtres, originaires de Plouvain, dans le Nord-Pas-de-Calais actuel, qui se réfugièrent en Hollande avec d’autres protestants pendant les guerres de religion. Les exilés français y prirent ce nom par groupes de familles pour se distinguer des Néerlandais locaux.
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