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Le 11 novembre, pour que vive la France

Ce 7 novembre dernier, le Président François Hollande a lancé depuis l’Élysée les commémorations du Centenaire de la Première guerre mondiale. L’occasion de faire mémoire, loin de la fièvre idéaliste comme de l’indifférence égoïste.

Même si c’est très inhabituel sur cette gazette, il convient de saluer l’initiative présidentielle, et de s’y associer.

Certes, il y a un calcul politique, certes cette célébration des soldats français est hypocrite, car elle arrive en pleine réduction drastique des effectifs et du budget de la Défense. Mais, pour une fois que le pouvoir prend la peine de commémorer un tel évènement, il ne faut pas bouder son plaisir.

En revanche, nous n’aurons pas de mot pour qualifier l’énième récupération de Jean-François Copé, député-maire de Meaux, qui s’est empressé de publier un livre sur la bataille de la Marne, qu’il qualifie de « sursaut français », alors qu’il a capitulé sans combattre sur le terrain du mariage gay [1].

Un pays a besoin d’une histoire commune, et a besoin d’en être fier. Sans souvenir fort à partager, il se déprécie, et tombe dans le doute. La France manque aujourd’hui cruellement de cette fierté qui la rend unie, solide et confiante dans l’avenir.
Notre pays doit reprendre confiance en lui, pour aller au-delà des difficultés passagères, et continuer à avancer sur sa route.

La Première guerre mondiale fut une aventure folle, une « guerre civile européenne », disait le Maréchal Lyautey. Il ne faut pas que la célébration du courage serve de négation des erreurs passées. Mais elle doit précisément se faire dans la lucidité : pour aimer notre pays, non pas comme nous le voulons ou comme nous l’imaginons, mais tel qu’il est. Avec ses faces sombres, ses atrocités, ses irrémédiables défauts, et ses réalisations brillantes, ses œuvres, ses hauts faits.

Un outil simple et utile pour cette commémoration pourrait être la rediffusion citoyenne du Bleuet de France. Adopté pendant la guerre, cette fleur symbolisant les morts tombés au champ d’honneur fut officialisée par l’État en 1935. Le Bleuet est cependant tombé en désuétude après la Seconde guerre mondiale. De son côté, l’Empire britannique a adopté le coquelicot (« Poppy »), qui est aujourd’hui ancré dans la culture populaire, du Canada à la Nouvelle-Zélande en passant par la Grande-Bretagne.

Il semblerait qu’au sommet de l’État, on se rende peu à peu compte de la portée du symbole. En novembre 2012, des officiers supérieurs groupés autour de l’amiral Edouard Guillaud, chef d’état-major des armées, incitèrent leurs collègues à le porter, et lancèrent le mouvement. Le 8 mai 2012, François Hollande portait le Bleuet de France, et non Nicolas Sarkozy, « sauveur de la patrie », « héros du Trocadéro  », comme on peut souvent le lire sur Twitter.

S’associer à l’hommage présidé par le régime qui s’en est pris à l’âme de la France avec le mariage gay n’est pas une trahison. Cela dépasse l’instant présent pour renouer avec l’histoire, et rejoindre les défunts, pour saluer leur sacrifice.

Pourquoi se rappeler l’inhumain et la folie guerrière, pourrait-on objecter.

Dans son Bulletin catholique du Souvenir de novembre 1920, le père Doncoeur, ancien aumônier militaire pendant la guerre, écrivait :

« Ce souvenir vous est cher quoiqu’il se rapporte aux plus grandes souffrances de votre vie. Pourquoi cet effet bizarre ? Pourquoi préférez-vous ce rappel à l’oubli ? Parce que vous avez conscience que vous avez fait simplement, sans éclat, la plus belle chose qu’un homme puisse faire : se sacrifier pour les autres... Jamais plus vous ne sentirez vos âmes aussi remplies de satisfaction profonde et fière que lorsque, tout seul, sans témoin, vous sauviez aussi votre pays. »

Le Père Doncoeur, avant de s’éteindre, écrivait encore, en 1959 :

« Mais ne savons-nous pas que la victoire des armes peut être décevante, si elle n’est pas continuée par la victoire journalière du courage sur les champs de bataille de la Paix, laquelle au fond n’est jamais conquise ».

Célébrons la paix, la paix des cœurs, la paix des frontières, qui ne peut être permise que par celui que nous fêterons bientôt, le Prince de la Paix.


[1Un Copé dont le musée de la Première guerre mondiale de Meaux aurait été financé par des entreprises cyniques, qui attendent des retours d’ascenseurs.

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