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Idiocracy est parmi nous !

17 janvier 2012 Jean Herbottin

« Sa mer (sic), y’a dé (sic) gros boloss derriere (je renonce) qui font ri1 qu’a parlé depui l’débu, j’te jure, sa mer, dé gro bobo de neuilly, sa mer, sa m’dégoute sa mer, jtm ! » (sic²) [1]

Dans sa prose enflammée, ce sémillant banlieusard à casquette fait étrangement penser à un film qui a révolutionné le genre du nanard : Idiocracy. Comédie américaine bien grasse, ce film dépeint la société de 2505, dominée par une humanité totalement stupide, arrosant ses champs avec une boisson énergétique, avachie devant « Violence channel » en ne pensant qu’à se vautrer dans le sexe, tout en regardant un programme montrant une femme coupant une pièce de viande avec ses pieds. Les films vedettes présentent des séants nus émettant le bruit sourd des flatulences. Les livres sont considérés œuvres de tapettes, et quiconque est surpris à lire est immédiatement considéré comme un crétin et un sodomite. La justice ressemble à un feuilleton télévisé, les prisons à des porcheries. La publicité est partout, sur les vêtements, sur les maisons, sur les voitures. La communication publique est dictée par de grandes entreprises. L’hôpital public est dans un état innommable. Chaque citoyen a un code-barres sur le bras, contrôlant ses moindres faits-et-gestes. L’économie est dans un état lamentable. Quant à la politique de cette charmante époque, elle est constituée de la crème de la crème des abrutis, faisant de la publicité pour de grandes firmes, le tout en parlant avec une vulgarité crasse et en buvant de la bière. Le ministre de l’éducation est un crétin, le ministre des affaires étrangères est « parrainé par Carl junior », le ministre de l’énergie est un gosse ayant gagné un concours. Les tests de QI posent les questions suivantes : « si vous avez un seau qui contient vingt litres, et un autre seau qui contient huit litres, combien de seaux avez-vous ? ». Non mais attendez… N’y serions-nous pas déjà ?

Que dire de TF1 ou de M6, lancées dans un concours de niaiserie ! C’est à qui sera le plus indécent, le plus ignoble, mais en même temps le plus bienpensant. Le sexe est partout. Promenez-vous dans Paris, allumez la télévision, ouvrez un journal : vous trouverez des publicités pour des sites de rencontre, des articles obscènes et autres billevesées. Chaque film qui se respecte doit montrer des nibards ou une scène de violente copulation. La violence est omniprésente, banalisée… L’on s’émeut d’un meurtre sauvage, mais on les regarde à la télévision, au cinéma, sur internet… La lecture devient purement utilitariste, et l’éducation sombre dans l’apologie de l’ignorance, victime de l’inénarrable « ça ne me servira à rien ». Les intérêts de groupes sont premiers : l’on se définit plus volontiers comme homosexuel, comme femme, comme issu de l’immigration, comme philatéliste que comme citoyen. Nous sommes réduits à des numéros : numéro de carte d’identité, d’assurance maladie, de carte de vélib, et que sais-je encore. Notre gouvernement est constitué d’illettrés notoires. Regardez donc Nadine Morano ou Luc Châtel : Ils sont arrivés premiers à un concours de circonstances… « Casse-toi pov’con », « si y’en a qu’ça les démange d’augmenter les impôts », « descends et viens m’le dire en face » résument à eux-seuls la parole présidentielle… Si l’on regarde à gauche, entre « bravitude » et « sale mec », il ne faut pas être grand clerc pour s’apercevoir que le niveau n’est pas beaucoup plus élevé… Passons sur le reste, nous risquerions de sombrer dans la dépression. Ces gens-là, nous les avons élus !

Alors c’est vrai, nous ne sommes pas encore arrivés au niveau d’idiocracy. Mais l’on s’y dirige. L’utilitarisme, véritable plaie, transforme les citoyens de demain en essaim d’incultes, en hordes sauvages d’illettrés. Plus d’histoire, plus de français. Du sport, oui, mais plus de Racine(s). Nous serons un peuple sans passé, et donc sans avenir. Nous oublierons tout. Nous sombrerons au niveau de l’animalité. Peut-être est-ce là la fin de l’Histoire, finalement : plus de grandeur, plus d’esprit, plus de foi, plus d’imagination, plus de morale, plus de philosophie, mais de l’instinct, de la débauche, de la bêtise, de l’ignorance. Peut-être fais-je une erreur en voyant Idiocracy comme on lit les lettres persanes, mais que voulez-vous, on a les références que l’on mérite.


[1Je précise que l’auteur de cette missive impalpable (SMS) parlait de votre serviteur et de deux de ses amis, assis derrière lui au cours d’un voyage en eurolines

17 janvier 2012 Jean Herbottin

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