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[EX-LIBRIS] Avec le Christ, dans les prisons de Chine

Rose Hu témoigne sur le vrai visage de la Révolution

« La Providence tend à nous conduire vers la perfection. Nous autres, humains, devons coopérer avec Dieu. »

Nous avons vu des Philippe Sollers encenser Mao avant de baiser, quelques décennies plus tard, la mule du souverain pontife en se réclamant d’un ultramontanisme aussi énergique que celui de Joseph de Maistre… Il y a même eu un indigne prince de Parme pour prétendre admirer la satanée « Révolution culturelle ». Disons que l’homme est peccable, et qu’il a reçu la grâce de pouvoir se repentir et accéder à la miséricorde divine [1]

Quoi qu’il en soit, Rose Hu – née en 1933 à Shanghai et décédée en 2012 aux États-Unis – nous montre dans son ouvrage [2] le vrai visage de la Chine communiste, celle qui est rouge du sang de ses martyrs – ce martyre qui est « une grande grâce [3] ». Ces souffrances [4] des chrétiens ne sont supportables que dans la mesure où elles peuvent servir un plus grand bien que le mal qui les a infligées : « Il nous faut payer le prix pour sauver des âmes et convertir les païens. Rien ne peut être réussi sans imiter les souffrances de Notre-Seigneur [5] ». C’est la célèbre sentence de Tertullien, Sanguis martyrum, semen christianorum. Paru en langue chinoise dès l’an 2000, ce livre époustouflant a mérité d’être traduit en anglais en 2011 (sous le titre de Joy in suffering) avant d’être diffusé dans de nombreux autres pays grâce à de nouvelles traductions : japonais en 2012 et, enfin, français en 2013, grâce aux éditions Clovis, en attendant les versions espagnole et allemande. Un témoignage aussi vivant et précis mérite d’être largement connu.

On dira de manière très générale, à son humble niveau, que toute existence sur terre est confrontée à ses croix. Celles-ci ne sont pas réparties de manière égale, ne sont donc ni révolutionnaires ni démocratiques, et l’Évangile nous apprend que nul n’est éprouvé au-delà de ses forces. Le XXe siècle athée et totalitaire a été extrêmement dur avec les populations chrétiennes de certains pays, à commencer par la Chine, et face à cette réalité il paraît d’autant plus intolérable et inadmissible que, sous nos latitudes somme toute plus confortables, les catholiques se soient eux-mêmes sabordés et coulés, dans des conciliabules douteux et dans des entreprises aussi hasardeuses qu’imprudentes. Ce volume est un réquisitoire contre les libéraux et les tièdes qui pensent pouvoir concilier Révolution et catholicisme : « Le communisme et le catholicisme sont irréconciliables. Quelles que soient les circonstances de temps et de lieu, les communistes travailleront à éliminer les catholiques [6] ». Tout est dit. Un autre témoignage nous permet d’opérer un parallèle avec ce qu’entreprend à l’aide de moyens plus doux l’occupant républicain en France : « Nous ne voyons sur les cartes de Noël que des souhaits comme “heureuses vacances” ou “joyeuses fêtes”. Les démons travaillent d’arrache-pied. Ils sont en train d’éradiquer notre Sauveur de ce monde, et ce, spécialement le jour de son anniversaire. Comme c’est triste [7]  ! » Dans quelques années, un sort similaire attend peut-être de nombreux catholiques occidentaux : « En Chine, nul n’avait le droit de célébrer Noël. Si quelqu’un chantait un chant de Noël, utilisait des décorations, ou souhaitait un Joyeux Noël à quelqu’un d’autre, il était certain de se faire châtier par le gouvernement, sous prétexte que ces actes étaient illégaux [8] ». Assertion d’autant plus probante quand on l’a soi-même expérimentée, à ses dépens… ! Arguments et explications à l’appui : « Les communistes sont athées. Quel[le] que soit la situation dans laquelle ils se trouvent, ils ne sont retenus par aucun principe moral. Ils n’ont pas de limite et utilisent tous les moyens pour atteindre leur but [9] ». En d’autres termes, ils sont les dignes héritiers de Lucifer au spirituel et de Machiavel au temporel [10].

Pour vacciner les groupies du maoïsme et de ses succédanés, mettons en exergue quelques cas pratiques décrits par notre autobiographe : « En 1957, à l’époque du Mouvement “anti-droitiste”, Leslie, lors d’une réunion, fit une plaisanterie sans plus réfléchir : “Désormais, je vis dans une maison plus petite, mais je prends un bus plus grand.” Le gouvernement jugea que ces mots de Leslie agressaient le communisme. Avec très peu de cérémonie, il fut décrit comme “de droite” et envoyé dans un camp de travail. Son emploi consistait à tirer un chariot depuis la ville de Shanghai jusqu’au camp, soit une distance de quarante kilomètres à pied [11] ». Prenons un cas plus personnel, mettant en relief des processus bureaucratiques et judiciaires très démocrates : « Quelques jours après mon arrivée à la prison de la ville de Shanghai, je fus appelée dans le bureau du directeur pour signer ma condamnation, alors qu’il n’y avait eu aucun procès. Le policier m’enjoignit de la signer d’abord et de la lire ensuite [12] ».

Avant de connaître la liberté à la suite d’une émigration, et de pouvoir, vers la fin de ses jours, partager ce qu’elle a vu avec ses lecteurs [13], Rose Hu a passé dans nombreuses années dans des camps de travail, parachèvement de l’œuvre humaniste… L’enfer et l’inhumanité [14] des systèmes concentrationnaires sont longuement décrits, avec verve. Tout cela est de fait insupportable, sans un secours surnaturel, sans le recours aux grâces et aux intercesseurs que les modernes voudraient nous interdire : « Tous ceux qui veulent du mal à l’Église attaquent, en premier, Notre-Dame [15] » ; « J’avais confiance en Dieu qui nous regarde à tout moment. Aucune épreuve n’est insupportable avec sa grâce [16] », et l’on comprend mieux le leitmotiv habituel de voir dans le protestantisme une préfiguration, une source de la Révolution, que cette dernière soit déclarée ou insidieuse, comme de nos jours. Dans tous les cas, rien ne doit jamais nous empêcher d’annoncer la Bonne Nouvelle et d’évangéliser nos frères : « notre foi catholique est comme une lumière, propre à éclairer les personnes qui vivent dans l’obscurité et à consoler ceux qui souffrent [17] ». L’évangélisation, par définition, est toujours « nouvelle », ou plutôt vivante, c’est-à-dire traditionnelle car conforme et configurée au Christ, sans quoi elle n’est pas.

L’histoire de Rose Hu est parsemée de personnalités tantôt attachantes, tantôt révoltantes – ces révolutionnaires révolutionnant pour nos esprits et nos tripes… Il y a des amis, des faux amis ; mais toujours de la charité envers ses « ennemis », qui ne l’étaient jamais pour elles, qui ne l’étaient qu’à sens unique. Des prêtres, des religieux et religieuses, des chrétiens sont plus marquants que d’autres : « Pourquoi mentionner le camp du Lac Blanc dans ce livre ? D’abord parce que j’y suis restée sept ans. J’y ai rencontré beaucoup de martyrs chinois, de saints prêtres comme les pères Xavier Chu, Matthew Chen, Joseph Fu et John Fu, qui restèrent dans ce camp pendant plus de quinze ans. Ils ont arrosé le champ de riz de leur sueur, de leurs prières et de leurs pénitences. Certains d’entre eux y ont versé leur sang [18] ». En plus d’être un récit autobiographique, c’est une grande geste de la charité divine : « Avant même que nous soyons nés, notre Père céleste nous aimait déjà. Si ce n’était pas le cas, comment aurions-nous pu être créés ? Avant que je n’accepte le baptême, les bénédictions de Dieu étaient déjà sur moi. Si ce n’était pas le cas, comment aurais-je pu avoir la sagesse spirituelle de désirer le baptême [19]  ? ». À l’heure où des adolescents se plaignent de leur confort même et se font une dépression de leur moindre tracas, l’esprit aussi enjoué, confiant et dynamique d’une personne ayant essuyé des épisodes extrêmement sombres et difficiles ne peut être que salutaire, proprement exemplaire [20]. Cette expérience unique, amère et peu enviable lui a appris à se détacher des illusions terrestres pour n’aimer que les réalités célestes, excellent contre-poison face au matérialisme marxiste : « L’argent ne peut pas acheter le bonheur. Le monde matériel ne nous offre que des plaisirs temporels. La célébrité et la situation sociale sont toutes deux des nuages qui passent au-dessus de nous en un clin d’œil [21] » ou encore : « rien sur la terre ne dure pour toujours [22] » et « Notre foyer est au Ciel. Cette vie transitoire passera si rapidement [23] ». Les vertus chrétiennes sont à placer au-dessus de tout : « Le vrai bonheur et le véritable amour ne peuvent pas exister au sein d’un couple qui a perdu la foi catholique. Si quelqu’un n’aime pas Dieu, comment peut-il aimer son prochain ? C’est impossible [24]  ! ». Le maître-mot de Rose Hu, hérité de sainte Jeanne d’Arc, tient en cette expression célèbre : Dieu premier servi [25]. Elle y associe volontiers la devise de sainte Thérèse d’Ávila : « Rien ne manque à celui qui possède Dieu. Dieu seul suffit [26] ». L’amour des choses célestes permet de savoir se dévouer et se sacrifier, en reniant pas : « La nature humaine a tendance à éviter la souffrance. […] je ne pouvais que choisir entre être une martyre ou une traître ; si je n’étais pas martyre, je serais certainement un Judas [27] ». Qui n’est pas avec moi est contre moi (Mt 12). Notre-Seigneur vomit les tièdes. Le martyre n’est pas à rechercher, mais à accepter. Par la foi, il requiert une prédisposition de la volonté : « Quel bonheur si je pouvais un jour mourir pour ma foi catholique [28]  ! » Cet élan vigoureux de l’âme et de l’intelligence, Rose Hu ne l’avait pris au hasard : « garder ma foi et m’offrir complètement à Dieu était ma priorité. Aucun confort n’était à prendre en considération [29] ».

L’aveu le plus poignant de l’auteur, le cœur de son témoignage, c’est sa tristesse devant le visage de l’Église apparente au sein de la société occidentale postmoderne. Incarcérée de très longues années dans des camps reculés et invivables, elle n’a pas connu « la grande épopée conciliaire » et sa dure captivité l’a mise à l’abri des soi-disant « réformes » qui en ont découlé pour ruiner la foi et les mœurs des chrétiens d’une grande partie de la planète, et vider les églises. Arrêtée alors qu’elle était étudiante, cette jeune fille née dans les années 1930 s’est efforcée de garder pour elle, dans son cœur (en compagnie de son ange gardien), dans le secret de son âme [30] et avec certaines de ses co-détenues, la foi de toujours [31], par conséquent conforme à la Tradition, à l’abri de toute influence spirituelle extérieure et de toute dérive progressive, maladies qui rongeaient alors la plupart des catholiques nantis dans le confort d’États pacifiques et « démocratiques ». Imaginez-vous le choc qu’elle a pu ressentir en assistant, après une interruption de plusieurs décennies, à une « messe » nouvelle sauce aux Amériques ! Dans les moments de maladie de sa vieillesse, Rose Hu n’a pas hésité à demander l’intercession de monseigneur Marcel Lefebvre, ce qui lui a permis de connaître plusieurs rémissions inespérées dans son long cancer. Nous aurions nous aussi grand intérêt à requérir ce « saint homme » (Julien Green), y compris en d’autres matières, et à remettre à l’honneur le Credo de saint Athanase dont il a été l’humble continuateur et héraut.

Dans cet ordre d’idées, Rose Hu partage en toute simplicité et en toute franchise son cheminement spirituel et intellectuel en la matière, y voyant l’aboutissement de son pèlerinage terrestre et de sa vocation de laïque, invoquant en guise de comparaison les possibilités de rétractation et d’apostasie qui lui avaient été offertes par ses geôliers communistes : « il se trouve que, de nouveau, deux chemins se sont récemment profilés devant moi. L’un était large, chemin d’une vie facile, avec l’estime des personnes de bonne réputation, mais cette voie ne pouvait me mener qu’au désastre. J’aurais pu l’emprunter si je m’étais considérée comme une sainte, suffisamment forte pour faire ce que j’aime. L’autre chemin était très étroit. C’est itinéraire que j’ai pris. De ce fait, comme notre bienheureux Seigneur, j’ai été incomprise et même condamnée par certains prêtres : “À présent vous êtes un démon, vous voilà en dehors de l’Église !” m’ont dit certains d’entre eux. Mais en réalité ce deuxième tracé est le chemin du Ciel et ce n’est pas aveuglément que je l’ai suivi. Je m’explique : il y a quelques années, après une retraite, j’ai trouvé la vérité dans le catholicisme traditionnel [malheureusement, aujourd’hui, on est obligé d’ajouter cet adjectif pour éviter toute confusion… – NDLA]. La vérité est la vérité : elle ne change jamais. Ce que j’ai retrouvé, c’est simplement la foi traditionnelle, la même religion que j’avais reçue des prêtres que Dieu avait mis sur ma route quand j’étais jeune (plusieurs d’entre eux furent plus tard martyrisés). Je suis prête à la garder, peu importe le qu’en dira-t-on [32] ». Grâce à ce courage, à cette vertu de force, la vie laïque de notre autobiographe prend un grand tournant : « Que m’a valu mon passé ? Malgré son amertume, il m’a obtenu le don de revenir à la Tradition catholique. Je considère ces vingt-six ans comme une sorte de noviciat me préparant à être acceptée, un jour, comme membre profès du Tiers-Ordre de la Fraternité Saint-Pie X. Dieu a voulu que je renonce à moi-même pour être sa fille, abandonner ce monde et suivre Notre-Seigneur, tout comme l’a fait notre cher Mgr Lefebvre […] Le 8 décembre 2003, j’ai fait ma profession en tant que membre du Tiers-Ordre de la Fraternité Saint-Pie X. Cela signifie suivre l’exemple de Mgr Lefebvre en vivant plus parfaitement dans la Tradition catholique romaine [33] ». Le sang chinois et l’exil américain de Rose Hu lui permettent très certainement de faire fi de tout respect humain et de ne pas mâcher ses mots : « Tout le monde n’accepte pas la vérité. Quand on n’accepte pas la vérité, ce que l’on fait s’oppose à elle […] Je suis de retour dans la Tradition de l’Église catholique et j’évite avec joie toute invitation à être une ministre de l’eucharistie ou à faire des lectures au pupitre. À quoi sert tant de vaine gloire ? Se tenir debout aux côtés de Jésus-Christ, c’est toujours être du petit nombre. La vérité est la vérité. Elle n’est pas une décision démocratique. Elle n’a rien à voir avec les chiffres. […] J’ai prié Monseigneur [Lefebvre] et j’ai embrassé les reliques de ses cheveux. Mon cancer s’est enrayé en seulement dix jours. Mon médecin m’a dit : “Même en prenant des médicaments, personne ne peut guérir aussi rapidement. C’est sans aucun doute un miracle.” [34] ». Le pilier de son existence, le cœur de sa vie, ç’a toujours été la messe, éternelle, y compris quand elle en fut – si – longuement privée (la grâce ignore les frontières et les barbelés) : « La foi catholique traditionnelle, et le rit romain tridentin, constituent la fontaine de la force, la source de la grâce, et il en a été ainsi tout au long des siècles. C’est la messe de tous les papes, et c’est la messe de tous les saints. L’homme-Dieu s’y offre à Dieu. C’est le plus puissant de tous les sacrifices, duquel nous pouvons retirer des grâces innombrables. C’est le puits de la vie. Que pouvons-nous attendre de plus ? Grâces soient rendues à Dieu ! Merci à Mgr Lefebvre [35]  ! ».

Ce plaidoyer n’est pas terminé. Il fait partie intégrante de la fin poursuivie par cet ouvrage, et de la cause qui a décidé de sa genèse. La foi est en effet ce qu’il y a de plus important pour cette terre : « En 1985, je suis retournée à Shanghai, alors que la persécution continuait toujours. Quelques prêtres célébraient, dans les maisons des fidèles, une messe qui était nouvelle. À ma grande déception, la liturgie était très différente. Nous savons que la vérité est la vérité ; elle ne change pas. Que s’était-il passé dans notre Église ? Pourquoi avaient-ils changé ce rite ? J’étais vraiment perplexe. La Chine ne savait rien de Vatican II, et l’on connaissait encore moins le nom de Mgr Lefebvre. Personne n’était en mesure de m’apporter une réponse [36] ». S’il n’y avait que la Chine… « Le jour suivant mon arrivée [aux États-Unis], je me suis rendue à l’église la plus proche sans aucune hésitation. À ma surprise, beaucoup de personnes recevaient la communion dans leurs mains. Cela ne pouvait être que la nouvelle messe. Mon frère m’avait dit la veille : “Rose, à Rome, fais comme les Romains. Dans ce pays, la majorité des catholiques reçoivent la communion dans la main.” J’ai suivi ses instructions aveuglément, mais ma conscience n’était pas en paix. Je demandais souvent au prêtre pourquoi la messe avait tant changé. Personne ne répondait à cette question. Je sentais que je ne recevais pas beaucoup de grâces, bien que j’allasse à la messe chaque matin. Je fus même étonnée de ce que certains prêtres du Novus Ordo ne savaient pas bien réciter le chapelet aux enterrements. Peut-être ne le disaient-ils pas quotidiennement ? Était-ce possible ? Un jour, un prêtre célébrait la messe. Au lieu de s’en tenir au rite, il a récité des prières qu’il aimait. Une autre fois, j’étais seule pour la messe dans une très grande église. “Il n’y a que vous, ici. Cela ne vaut pas la peine que je dise la messe” me déclara le prêtre [37] ». Quel malaise a dû la saisir ! Heureusement, le dénouement est proche : « C’est alors que David m’a emmenée à l’église Notre-Dame-des-Anges, à Arcadia, en Californie, une église desservie par la Fraternité Saint-Pie X. Quand j’ai franchi la porte, j’ai eu aussitôt l’impression de rentrer chez moi. J’étais de retour dans l’Église de mon enfance. La messe était sacrée ; le sermon du prêtre était magistral. C’était exactement la même Église que cinquante ans auparavant. Comme j’étais bénie ! Mgr Lefebvre a porté cet agneau perdu sur ses épaules et m’a guidée sur le chemin de la sanctification […] La sainte messe est le plus parfait sacrifice. C’est la rémission de nos péchés, le salut de nos âmes. Nous avons besoin de plus de vraies messes. Merci à Mgr Lefebvre. Sans lui, nous n’aurions pas, aujourd’hui, la messe traditionnelle. Comme j’attends avec impatience le jour où tous les prêtres de la planète diront la messe de tous les temps ! Que ce jour vienne aussi tôt que possible [38]  ! ». L’expérience de la persécution ne pousse pas à mentir ou à louvoyer : « J’espère sincèrement que les prêtres quitteront la nouvelle messe pour revenir à la messe tridentine. Plus de fidèles seront alors sur le bon chemin du Ciel [39] ». D’ailleurs, la persécution communiste a laissé la place à une autre persécution, autrement plus sournoise : « si un jour la persécution vous tombe dessus, c’est alors seulement que vous saurez ce que la liberté veut vraiment dire […] Chaque fois que j’ai perdu quelque chose, j’ai trouvé mieux ensuite. Ainsi, quand j’ai été arrêtée, j’ai perdu toute ma liberté, ainsi que ma famille, mais en même temps, j’ai acquis la liberté de communiquer avec Dieu en tout dégagement d’esprit […] Quand j’ai perdu mes amis, prêtres et fidèles attachés au Novus Ordo et ne voulant plus de moi, j’ai trouvé Mgr Lefebvre [40] ».

Les lecteurs d’Avec le Christ, dans les prisons de Chine ne pourront jamais assez remercier le prêtre irlandais (il faudrait aussi mentionner, par justice, l’abbé Daniel Couture) qui a vaillamment demandé à Rose Hu d’écrire ses mémoires. Sa mort aurait en outre pu fleurir une page de littérature hagiographique : « Le père Aedan McGrath est décédé à Dublin, en Irlande, le jour de Noël de l’an 2000. Ce soir-là, il avait dit trois messes à la suite. Dès qu’il a fini de célébrer ces messes, il a eu une crise cardiaque et il est mort deux heures plus tard ». À la suite d’une longue maladie, Rose Hu l’a rejoint le 13 octobre 2012, à l’âge de 79 ans, jour anniversaire d’une apparition de la très sainte Vierge Marie, à Fatima.

Afin de progresser dans notre vie chrétienne, reprenons en guise de conclusion ce fort sage conseil de Rose Hu, à mettre en pratique au quotidien : « Juste après mon baptême, j’avais appris qu’il existait deux sortes de péchés : les péchés commis et ceux d’omission. Pour avoir moins à se reprocher, ne laissons pas s’échapper les occasions de faire du bien [41] ». Et ne nous laissons pas surprendre par la mode et autres Movida faiseuse d’aggiornamenti : « Depuis que je suis aux États-Unis, il me faut régulièrement me rappeler que je suis catholique romaine. Notre Église a plus de deux mille ans d’histoire. Ce n’est pas le moment de changer simplement pour suivre le courant. N’abandonnez pas l’ancienne religion pour suivre la nouvelle. Méfiez-vous des ruses du diable [42]. […] Sans même nous en rendre compte, nous prisons les choses matérielles davantage que celles spirituelles. Puis, petit à petit, nous sommes atteints par le modernisme et le libéralisme. Le diable ne vous dira pas d’un coup : “Ne crois pas en Dieu”, mais il vous persuadera que la religion est trop ancienne, qu’elle n’est plus pertinente, prisonnière d’une image périmée d’elle-même. “Tu devrais accepter les nouveautés. Il te faut te ranger aux nouvelles conceptions puisque l’évolution est l’unique règle.” N’écoutez pas ce langage. La nouvelle religion n’a que quarante ans. De fait, l’Église moderne est une transformation de ce que fut l’Église. Elle a perdu sa vérité, ses traditions. Comment pouvons-nous accepter cet aggiornamento sans nous poser de questions ? Nous nous éloignerons de la vérité si nous empruntons ce chemin. […] Tant de fidèles ont perdu la foi sans même s’en rendre compte. Pour faire face à cette épreuve très particulière, la meilleure arme est d’assister à la vraie messe en latin et de dire le chapelet quotidiennement. Imitez Mgr Lefebvre en toutes circonstances et gardez la foi [43] ».


[1« Nous avons tous fait des erreurs, alors nous devons avoir confiance en la miséricorde de Dieu. Nous sommes pécheurs. Nous avons tous besoin de la miséricorde divine pour la rémission de nos péchés » (p. 59).

[2HU (Rose), Avec le Christ, dans les prisons de Chine, Suresnes, Clovis, 2013, 272 p., 17 €.

[3P. 159.

[4Alors que les parlementaires républicains débattent d’« euthanasie », de « soins palliatifs », d’« acharnement thérapeutique » et de « fin de vie », Rose Hu nous livre une brève et très juste réflexion sur le sens de la douleur de l’homme déchu : « Quel dommage ! Beaucoup de patients n’offrent pas de bon cœur leur souffrance à Dieu. C’est vraiment un énorme gaspillage. S’ils ne se plaignaient pas et se contentaient de l’accepter, cela pourrait être un trésor pour le salut des âmes » (p. 210). Cette analyse va plus loin, en remontant jusqu’au péché originel hérité : « Quand j’étais jeune, j’étais très fragile et tombais souvent malade. Chaque fois que j’étais alitée, les religieuses m’expliquaient que, en raison du péché originel commis par Adam et Ève, les humains doivent souffrir et mourir. Personne n’y échappe. La nature humaine a été abîmée ; la haine et la guerre sévissent entre nations. L’avidité, la paresse, l’orgueil et la jalousie sont présents partout » (p. 236) ; et, surtout : « Adam et Ève ont commis ce péché une fois, et moi, combien de fois ai-je péché ? La réponse est : à d’innombrables occasions. Vraiment, je n’ai aucun droit de leur en vouloir » (idem).

[5P. 164.

[6« Le PCC traitait les prêtres et les fidèles d’une façon pire que les autres prisonniers » (p. 109).

[7P. 119.

[8P. 47.

[9P. 64.

[10Leur doctrine accepte l’affreux adage selon lequel la fin justifie les moyens. Ils ne s’interdisent rien, pas même de se vouer à Satan : « Les communistes nous incitaient à nous trahir et nous battre afin de pratiquer l’ancien adage : “diviser pour mieux régner” » (p. 186).

[11P. 96.

[12P. 101.

[13« La Providence a permis que j’aille aux États-Unis, de manière à pouvoir être entièrement libre d’écrire. Dieu voulait que je tombe malade à plusieurs reprises, de façon à pouvoir refuser toute interruption extérieure de mes projets d’écriture » (p. 11).

[14« Sans la grâce de Dieu, je serais probablement devenue folle, suite aux interrogatoires constants » (p. 65). Dans la même veine : « Quand je fus retournée dans ma cellule, je pris conscience que j’allais être séparée du reste du monde pendant quinze ans, alors que j’étais dans les premières années de la vingtaine. Je serais devenue folle si je ne m’étais pas appuyée sur Notre-Seigneur » (p. 101).

[15P. 24. « Même si Notre-Dame nous a bénis par tant de miracles encore inconnus du public, elle se moque de la célébrité de ce monde » (p. 231).

[16P. 190.

[17P. 76.

[18P. 109.

[19P. 13.

[20« La foi de ceux qui pèchent contre la vertu de charité est bâtie sur du sable » (p. 56).

[21P. 14.

[22P. 15.

[23P. 92.

[24P. 39.

[25« Servir Dieu ne se mesure pas au temps, mais au cœur » (p. 45).

[26P. 79.

[27P. 61.

[28P. 95.

[29P. 188.

[30Elle réussissait même, comme Job, à remercier le Seigneur pour son sort : « Je rends grâces à Dieu. Il a choisi que je sois arrêtée pour que je puisse prier en silence et dans la solitude de la prison » (p. 85).

[31« Qu’est-ce que la foi active ? C’est faire confiance à Dieu, même dans les moments les plus sombres » (p. 79). Encore plus fort : « Être emprisonné dans une cellule d’isolement est vraiment le paradis. Vous aimez Dieu, et Dieu vous aime. Je suis vraiment bénie et louerai Dieu pour toujours ! » (p. 87). « La cellule de prison était comme mon paradis » (p. 88).

[32P. 219.

[33P. 243.

[34P. 244.

[35P. 244-245.

[36P. 247.

[37P. 247.

[38P. 248.

[39P. 249.

[40P. 252.

[41P. 198.

[42« Satan travaille très dur pour combattre la sainte messe traditionnelle. Le diable sait très bien qu’il doit transformer la messe pour [essayer de] détruire l’Église » (p. 529).

[43P. 256-257.

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