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Couvrez ce nom que je ne saurais voir

« C’est un système totalitaire. Mais d’un terrorisme patelin, hypocrite, insidieux. Il vise à ôter la parole au contradicteur, devenu une bête à abattre. À abattre sans que coule le sang : uniquement en laissant fuser les mots. Les mots de la bonne conscience. Les mots des grandes consciences. Les mots qui tuent ».
Jean Sévillia, Le terrorisme intellectuel

Cinq lettres. Plus qu’il n’en faut pour éveiller bien des craintes. Désignant une bien belle personne, ces lettres sont pourtant responsables de la plus importante logorrhée haineuse de l’histoire. Et à propos de ce prénom, il faut dire que quiconque le dit, l’affiche, l’écrit ou même le pense doit y réfléchir à deux fois avant d’agir. Depuis longtemps déjà il est le digne représentant d’une opposition — plus ou moins réelle — entre les fanatiques et les progressistes ; ou de sa variante : entre les adeptes de l’obscurantisme et les modernistes. Pour pousser l’analogie plus loin, il est même la figure du combat entre la droite — nationale — et la gauche. En ce sens, le prénom — pièce de théâtre qui s’est invitée sur le petit écran — décrit sous un jour particulièrement frappant les oppositions politiques nationales et internationales associées à un prénom banni. Il serait d’ailleurs amusant — à défaut d’être utile — qu’un journal en manque de sondage se penche sur la question suivante : les socialistes s’identifient ils à Pierre Garraud (Charles Berling) ? Les centristes et l’UMP à Claude Gatignol (interprété par Guillaume de Tonquédecet) ? Et les héritiers de la droite nationale à Vincent Larcher (joué par Patrick Bruel) ?
Le film met au prise Vincent et Pierre à propos du prénom que le premier veut donner à son fils. Ledit prénom ayant un passé chargé comme une poubelle de HLM, Pierre, professeur de gauche, insiste sur son odeur nauséabonde ; Vincent, agent immobilier de droite, argue que la sacralisation dudit prénom entraîne la sacralisation du porteur, aussi infâme soit-il. Le débat est arbitré par Claude, modèle de neutralité que ne renierait pas les suisses. Les arguments répondent aux arguments, l’histoire s’oppose à la philosophie, et les attaques personnelles sont de mises. Pour un peu, nous nous sentirions un instant revenu aux débats Le Pen – Tapie. Match nul, balle au centre, bal au 133 bis rue de l’université à Paris.

Laissons là le septième art, et revenons au théâtre qui nous intéresse : la France ! Nous disions donc que ce nom est certainement le plus dangereux de tous les temps. Combien sont morts pour lui ? Combien sont six pieds sous terre à cause de lui ? Beaucoup. Laissons donc là ces querelles de chiffres, détaillées ou non, elles ne conduisent à rien. Mais puisque tout est politique, prenons tout de même le pari que plus sont morts pour lui qu’à cause de lui. Il faut dire aussi que sa mort fut une sacrée révolution. La fin d’un temps serions-nous tentés d’affirmer. Le début d’une ère nouvelle, plus saine, plus ouverte. Il n’est plus question d’une nation, mais bien du monde entier. Que de changements en si peu de temps. Bien qu’arrivé sur le tard, à trente ans environ, notre héros se sera fait connaître en trois ans ! Trois ans : 1095,75 jours.

Aujourd’hui c’est 1095 fois plus qu’il n’en faut aux journalistes pour traquer, matraquer, et enfin détraquer les mal-pensants. À grands coups de publicités publiques — joli pléonasme — , il est affirmé nuit et jour qu’il aurait été antisémite. Point n’est besoin d’être grand docte pour affirmer que le peuple Juif l’a fait souffrir. Mais était-il antisémite ? Difficile à croire, il était loin de se positionner en anti — avec ou sans la liaison —, il semblerait au contraire que ce soit un ardent défenseur de la vérité. Quoi qu’il en soit, vérité ou mensonge, il est vivement recommandé de tourner sa langue sept fois — et même jusqu’à soixante dix sept fois sept fois — dans sa bouche avant d’en parler. Quant aux gens de droites qui voudraient exprimer ouvertement leurs adhésions doctrinales, ils disparaissent dare-dare des radars. Une mort sociale pour le non socialisé. D’aucuns affirment qu’il était fanatique, hystérique, voire même raciste ! Il suffit, pour s’en convaincre, d’observer comment sont traités ceux qui se déclarent encore de lui. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, il fait encore fureur dans la jeunesse, au contraire de nos élites qui en sont tellement éloignées qu’ils leur seraient certainement douloureux d’articuler les deux syllabes qui composent ce nom. Le nom. Toutefois — et c’est bien là la preuve de sa force — il leur fait peur. Oui, peur. Une peur bleue pour la rose. Pas convaincu ? Regardez donc les persécutions qu’encourt tout ce qui s’y rattache. Il les épouvante car il est l’antithèse de leur monde déraciné. Chaque acte de soutien est devenu un acte terroriste. Une atteinte à la pudeur morale des bien-pensants. Un attouchement intellectuel autrement plus grave que l’attouchement charnel sur un enfant "consentant". On comprend mieux qu’ils le trouvent rétrograde …

Le dernier exemple en date — certainement un des plus frappants — concerne la finale de la ligue des champions. Bien loin de nous l’envie de relancer une énième polémique au sujet du danseur de valse espagnole et de ses déplacements familiaux payés par le public. Intéressons-nous au sport. Au ballon pied ; ou football. Au sport républicain par excellence, celui du métissage, celui de l’amitié, celui du say no to racism Car c’est ici, à Berlin, que notre héros est venu frapper de nouveau à la fenêtre du monde. Et si l’affaire n’a pas eu d’échos dans la presse de nos voisins — sûrement plus saine d’esprit que la nôtre —, l’affaire à fait quelques bruits dans l’hexagone, au point que l’on pourrait se demander si Renaud n’avait pas — très partiellement — raison [1]. C’est un joueur qui est venu porter le message aux yeux de l’Europe. Comme quoi il frappe toujours où on ne l’attend pas. Un joueur donc, pas un hooligan assoiffé et retardé comme l’on en croise encore en Pologne, mais bien un joueur professionnel. Anelka et sa quenelle font bien pâles figures à côté de notre homme. Cet hurluberlu fanatique nauséabond s’est même permis de s’illustrer en marquant un but — justement refusé. Et ce qui devait arriver arriva : déchaînement des médias, enchaînement du peuple. Fameux principe d’Action/Réaction. Bon, il est fort probable que ledit joueur — sud-américain au passage — se contrefiche de l’avis des médias français qui préfèrent polémiquer sur son bandeau plutôt que de parler du chômage ou de la dernière bêtise réforme du gouvernement. Dans cette véritable affaire du bandeau — nouveau collier de la reine diront les mauvaises langues —, le pire vient des internautes, accusant ce pauvre bougre de prosélytisme. Dormez pauvre gens, et comptez les moutons tant que vous y êtes ! Revenons à notre joueur. Quel inavouable mal a bien pu commettre ce brave brésilien que toute la planète considère parmi les meilleurs joueurs du monde ? Un simple bandeau. Non pas un bandeau de pilote kamikaze japonais s’apprêtant à s’écraser sur Pearl Harbor, mais un bandeau : 100% Jésus. Les voilà les cinq lettres les plus exécrées de nos gouvernants : J, É, S, U, S. Les cinq seules lettres ainsi placées sont devenues l’abomination et le mal à éradiquer. Point de liberté pour les ennemis de la liberté. Pour peu que ça continue, il faudra commencer à chercher de nouvelles anagrammes, l’antique Ichtus commence à être un peu trop connu.

Cette affaire est terriblement révélatrice de l’état de notre société et de nos élites. Ne les prenons par pour plus bêtes qu’ils ne le sont — ils n’ont sûrement pas besoin de notre aide pour cela — : ils sont parfaitement au fait du potentiel danger du christianisme pour eux. S’ils ne croient pas en notre arme favorite, ils savent aussi que les catholiques ne s’arrêtent que de deux façons : soit vainqueurs ; soit martyrs. Gagnant-gagnant pour nous, perdant-perdant pour eux. Point n’est besoin d’être énarque pour comprendre que cette fausse polémique ne réside que dans la volonté de supprimer ad vitam æternam la chrétienté de l’espace public. Le plus triste dans tout ça ? Que le peuple se laisse prendre, que certains imaginent que la religion soit une affaire privée, alors qu’elle ne peut vivre qu’en débordant du cœur. L’étape qui suivra l’éradication de toutes références religieuses, telles les statues et les églises, sera le contrôle de la religion elle-même au travers des clercs. Contrôle de la religion … rien que l’écrire laisse songeur quant aux méthodes employées par la république. Raie publique qui ne regarde que le doigt quand on lui montre la lune. Triste symétrie. Malheureusement l’histoire se répète, le comité de salut public arrive, le combat approche, soyons prêt à défendre le Christ et son Sacré Cœur afin qu’arrive enfin l’établissement de son règne social sur notre pays, sur l’Europe et sur le monde.

Vivat Christus Qui Diligit Francos
Hubert d’Abtivie

[1sic

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