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Contre l’Animalisme

La tendance de notre temps est au relativisme. Inutile de revenir longuement dessus, ce n’est pas le but de cet article. Relativisme de sexe, des origines … Ces postures intellectuelles tournées vers la déconstruction des valeurs, nous les connaissons tous. Cependant, et depuis un certain temps, j’ai remarqué qu’une autre forme de relativisme gagne du terrain, parfois même au sein de ce que l’on pourrait appeler « notre camp ». Un relativisme beaucoup plus pernicieux, disons même sournois, qui touche davantage à l’affect qu’à la véritable raison. Il se développe sans qu’on lui prête une attention particulière puisqu’il paraît, de prime abord, raisonnable, souhaitable... normal.

Il est, au contraire, dangereux. Car sous des formes de bonté l’animalisme constitue peut-être la forme de relativisme la plus dangereuse à l’heure actuelle. Pour ceux qui ne savent pas de quoi il s’agit, l’animalisme est l’opinion selon laquelle les animaux sont des individus, qu’ils se doivent d’avoir des droits, certains comparables à ceux des hommes. Que la vie animale est équivalente à celle des hommes, sinon dans certains cas, nettement plus précieuse. Le but de cet article est avant tout de dénoncer cette posture de l’esprit tout en rappelant la position de l’Église sur cette question.

L’animalisme est un humanisme. C’est de cette manière qu’il est souvent présenté par ses défenseurs. Un humanisme donnant à l’animal toute sa plénitude et sa reconnaissance comme créature douée d’une conscience, d’une âme, d’une liberté. A partir de cette position, autant dire que tout peut être défendu, parfois tout et son contraire. « Nous sommes tous des animaux », ce n’est dès lors plus l’animal qui s’élève au statut de l’homme mais bien l’homme qui s’abaisse au statut de l’animal.

Le principal danger de l’animalisme est bien là : la frontière entre homme et animal s’estompe peu à peu, voire s’efface totalement. De cette absence de frontière découlent tous les dangers. Si la vie humaine n’est que l’équivalent de la vie animale, comment pourrons nous dès lors défendre efficacement la sacralité de la Vie ? Notre monde commence à considérer l’humain comme une marchandise, nous le voyons tous les jours avec les questions de la PMA et de la GPA. Nous combattons ces positions avec force. Mais comment pourrons-nous défendre la vie humaine face aux personnes bercées dans le sentiment tendre de l’animalisme ?

Si l’homme n’est qu’un animal, il perd toute sa grandeur, toute sa singularité qui fait qu’il est justement homme. La porte se trouve alors grande ouverte pour que s’appliquent à nous toutes les bassesses que l’on ose faire subir aux animaux... Face à cette idée terrifiante, notre intelligence ne peut qu’être alertée par ce problème. Il faut oser combattre cette posture et affirmer haut et fort que non, animaux et humains ne sont pas égaux. Et que oui, la vie d’un homme vaut plus que la vie d’un animal. Cette dernière phrase fera bientôt partie des évidences que l’on devra sans cesse rappeler... au même titre qu’un homme est un homme et une femme une femme.

Pour les Catholiques ...

Pour le catholique, la réponse à cette question de l’animal est simple. Tous les êtres vivants sont issus de la Création, aussi bien les hommes que les animaux. Cependant, comme il est dit dans la Genèse, Dieu a créé le monde, et ceux qui l’habitent, avec Amour, y compris la vie animale. Cependant l’homme demeure le point culminant de la Création.

« Puis Dieu dit : " Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur les animaux domestiques et sur toute la terre, et sur les reptiles qui rampent sur la terre. » [1]

Les animaux sont partie prenante de la Création et le Seigneur accorde à l’homme ce que l’on pourrait appeler une domination. Cette domination n’est cependant par intégrale, elle doit se faire dans le respect religieux et l’intégrité de la Création.

« Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? » [2]

Étant créatures du Seigneur, les animaux bénéficient d’une sollicitude providentielle dont l’homme doit rendre une certaine bienveillance. Toute la pensée catholique peut être résumée ainsi : "Il est contraire à la dignité humaine de faire souffrir inutilement les animaux et de gaspiller leurs vies. Il est également indigne de dépenser pour eux des sommes qui devraient en priorité soulager la misère des hommes. On peut aimer les animaux ; on ne saurait détourner vers eux l’affection due aux seules personnes." [3]

Nous pouvons continuer sur cette réflexion en évoquant cette fois-ci la question de l’âme animale. Point développé entre autre par Saint Thomas d’Aquin dans sa Somme Théologique. Pour Saint Thomas la réponse est claire, l’animal ne dispose pas d’âme, en tout cas pas d’une âme comparable à celle de l’homme. Il ne peut en effet pas prier. Réflexion assez évidente, certes, mais définissant ainsi la différence entre la Grandeur de l’homme et ce qu’on pourrait appeler en terme pascalien la Misère toute animale. L’animal, ne pouvant connaître Dieu, n’est donc pas appelé à une vie bienheureuse.

"L’âme animale" doit s’entendre sous le sens Animus, soit en quelque sorte un principe de vie référant directement au corps et à ses besoins instinctifs voire mécaniques ex appetitu sensitivo [4]. Au contraire, le terme Anima [5] renvoie à un principe de vie supérieur conduisant à la connaissance et à la grâce divine, que seul l’homme, sommet de la Création, peut approcher.

Cela ne veut nullement dire que l’animal soit dénué de mémoire, imagination ou encore de sensibilité, cependant il ne connaîtra jamais les facultés supérieures de l’homme que sont l´intelligence, la volonté (faisant la liberté) et l´Amour (bien entendu pour Saint-Thomas au sens chrétien du terme).

En bref ...

Il s’agit ici d’un article rapide rédigé suite à un débat houleux que j’ai pu avoir sur cette question avec des détracteurs. Article que je pense nécessaire pour dénoncer l’animalisme qui pointe de plus en plus le bout de son nez et les dangers qu’il porte en son sein. Le principal danger réside dans la désacralisation de la vie humaine, sous couvert de défense des droits des animaux. Il s’agit de rappeler la vision catholique relatif à la question animale. L’Église nous rappelle que la vie animale, fruit elle aussi de la Création, doit toujours avoir sur elle notre regard de bienveillance. Cependant, elle nous demeure subordonnée. L’acceptation de l’égalité entre homme et animal nous paraît donc impensable car contraire à la loi naturelle et intemporelle.

@Farveille


[1Genèse 1, 26

[2Matthieu 6, 26

[4ex appetitu sensitivo’ ‘et idem apparet in motibus horologiorum et omnium ingeniorum humanorum quae arte fiant’ (Somme 5 (2), quaest. XIII, art.1). De plus cette note à lire concernant la vision de Saint-Thomas sur le sujet

[5Comment ne pas penser à la prière Anima Christi popularisée au XVIe s. par Saint Ignace de Loyola. Prière commençant ainsi : "Anima Christi, sanctifica me. Corpus Christi, salva me. Sanguis Christi, inebria me. Aqua lateris Christi, lava me. Passio Christi, conforta me... Toute la vision catholique de l’âme unie au corps est perceptible dans cette prière.

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