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[CAUSERIES JAPONAISES] La famille, fondement de la société

Causeries Japonaises

VI - La famille, fondement de la société

Automne MMXIII, à Hiyoshi


« De plus, les matsuris virent le jour dans la plus petite unité de la société, la maison [1]. »
Le Japon réserve toujours de ces bonnes surprises pour l’Occidental qui déplore la décadence de sa société. Ce qui est chez nous attaqué et remis en cause, contre tout bon sens, jusqu’au point de dénaturer le fondement de la société, est ici considéré comme allant de soi et n’est certainement pas sujet à discussions. La petite phrase en exergue est un petit bonheur : non, nous – penseurs traditionnels, si l’on peut dire – ne sommes pas fous ni arriérés, comme on voudrait nous le faire croire. Le Japon apporte la preuve vivante de l’existence réelle, active et efficace de ces principes universels de société qui ne sont absolument pas des vieilleries ressorties d’un lointain passé. Toute société viable a ainsi toujours été fondée sur la famille. Comme l’indique notre petite phrase, dans une observation innocente au détour d’une précision sur la genèse des fêtes shintoïstes, l’unité minimale de la société est la maison, c’est-à-dire la famille, et non pas l’individu.

La base de la société est la famille. Cette évidence qui coule de source ne devrait pas faire l’objet de discussions particulières. Hélas ! la folie occidentale – qui trouve dans ces déracinés se croyant thaumaturges ses marionnettes maléfiques de destruction scrupuleuse de ce qui fait l’humanité – s’attaque aussi depuis deux siècles à cette racine de la société. Elle est la plus coriace car la plus naturelle à l’homme, et il faut croire que cette dernière attaque sonnera le glas de la restauration de la société : la ligne rouge est (dé)passée, la société occidentale n’a que le choix entre destruction totale et perte de son âme, ou restauration longue et difficile, qui ne parviendrait certainement jamais tout à fait à réparer ce qui a été brisé...

Dans tous les cas, la famille est à la base de toute société. Elle est le fondement de l’humanité : la vie y naît, la personnalité s’y forme, tous les faits de société – religion, politique, communauté, économie – s’y trouvent. Communauté fondamentale de protection réciproque et inégalitaire. Les parents protègent les enfants. Les enfants adultes accompagnent les parents vieillissants et protègent à leur tour leurs enfants. Les fratries forment de véritables sociétés. La famille met en place ses règles afin de se protéger contre la nature tout en la respectant. Elle honore ses morts et transmet la mémoire. Elle transmet aussi l’œuvre des anciens que les enfants pourront faire prospérer en apportant leur propre originalité. Bienveillance et amour forment le nœud autour de la naissance mystérieuse de la vie. Dans la famille, on apprend le bien car on connaît aussi le mal. Et dans une bonne famille, on se rend compte que le mal peut être vaincu au profit du bien. Apprentissage, prospérité, commerce avec les hommes et la nature, ententes et mésententes, hiérarchie et égalité face à la mort, pluralité et unité.

À partir de ce modèle naturel, une fédération de familles, de la même façon crée une communauté plus grande : le village. Et de la même façon, un ensemble de communautés crée un pays, peut-être une nation (qui vient du latin nascere – naissance). Chaque communauté se fonde sur les mêmes principes que la famille : naissance de la vie, protection mutuelle, hiérarchie, culte des morts, respect de la nature pour ses bienfaits et crainte de ses malheurs, bienveillance et apprentissage du bien. Cette famille élargie permet de révéler à l’homme la force du bien, de la bienveillance envers les autres hommes. La hiérarchie, terrible pour le chef (de famille, de village, de pays), donne la possibilité aux autres de vivre, et met en place un réseau de confiance et de fidélité qui est d’autant plus nécessaire que les liens du sang s’affaiblissent. Dans la famille, l’autorité naturelle du père (chef nominal) et de la mère (chef naturel), démontre la force de l’amour et de la confiance qui deviennent fidélité et bienveillance au niveau de la société élargie (autres sortes d’amour et de bienveillance).

La monarchie incarne ce système naturel en donnant pour modèle une famille qui a construit sur des siècles une œuvre fantastique de bonté et de travail. Elle permet de contrebalancer les tendances maléfiques de désagrégation de la société que le dernier siècle a connu, en exhibant aux yeux de tous la famille royale qui est le garant vivant de la famille comme fondement de la société.
La famille royale incarne aussi l’exemple de spiritualité, de chair et de sang, qui rappelle sans cesse la nécessité – à tous les niveaux de la société – d’être incarné.
La perte du roi fut terrible pour la France. Un trou béant a laissé la place à la folie individualiste et libertaire. Le travail de siècles d’efforts collectifs, qui avait abouti à une civilisation brillante – le royaume de France – a été remplacé par deux Guerres mondiales, des années d’indolence, des années d’attaques répétées contre cette incarnation vivante qu’est la famille, cette crainte de la nature qui donne naissance au sentiment religieux, cette bienveillance et cette confiance qui révèlent le bien, le sens de la liberté (faire le bien) pour arriver à déraciner et détruire nos fondements...

Pourquoi veulent-ils tout détruire ? Plus que jamais la Restauration est nécessaire pour remettre la famille à sa place, c’est-à-dire au centre de la société. Pour se rappeler que la France est le fruit du travail de générations et de générations de milliers de familles, dirigées par la grande famille royale, clef de voûte de cette édifice majestueux.
Le malheur de notre temps est moral et spirituel. Appelons de nos vœux la restauration de la société, qui est équivalente à la restauration de la famille, et qui commence par la restauration de la famille royale.

Paul-Raymond du Lac
Pour Dieu, Pour le Roi, Pour la France

[1Makoto Takematsu, Shinto et légendes japonaises, Tokyo, Kawade, 2013, p. 22.
« そのうえに社会の最小の単位である家の祭りがつくられた。 »

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