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Obéissance du Christ, obéissance du chrétien : entretien avec le Fr. Bohineust

Moine de l’abbaye bénédictine Notre-Dame de Randol, le Fr. Hugues Bohineust vient de publier Obéissance du Christ, obéissance du chrétien - Christologie et morale chez saint Thomas d’Aquin aux éditions Paroles et Silence (coll. Bibliothèque de la Revue Thomiste), février 2017. 872 pages.

Ce livre est la publication d’une thèse de doctorat canonique en théologie, dirigée par le P. Philippe-Marie Margelidon, o.p. et soutenue en 2015 à l’Institut Saint-Thomas d’Aquin (Institut Catholique de Toulouse).

Le frère Bohineust a bien voulu accorder au Rouge & le Noir un entretien fleuve sur la vertu d’obéissance.

R&N : Comment Saint Thomas définit-il la vertu d’obéissance ?

Fr. Hugues Bohineust : Saint Thomas inscrit la vertu d’obéissance dans le domaine de la justice. Celle-ci règle nos rapports avec les autres et nous pousse à rendre à autrui ce qui lui est dû. L’objet de l’obéissance est l’accomplissement d’un précepte, émanant de quiconque a autorité. En quoi y a-t-il ici un devoir de justice ? Pour le comprendre, il faut observer que l’autorité est au service d’un bien commun. Le bien commun est notre bien, et nous ne pouvons l’atteindre qu’en accomplissant le précepte. Il est donc tout à fait raisonnable d’obéir, et c’est même une nécessité de justice, dit saint Thomas. L’obéissance ne contrarie donc pas la liberté mais la suppose. Obéir est une chose moralement bonne, qui fortifie notre liberté et notre agir dans son inclination au bonheur.

L’histoire des idées montre qu’il s’est établi dans le passé un divorce entre la morale et le bonheur. En réalité, une saine conception de la liberté engendre une morale du bonheur. En effet, nous ne choisissons pas d’être heureux. Nous recevons au contraire la liberté comme un talent à développer. Et le rôle des vertus est précisément de fortifier et d’éduquer cette liberté, de perfectionner ainsi notre agir dans la poursuite du vrai, du bien, et finalement du bonheur.

L’homme est un animal social, comme l’a remarqué depuis longtemps Aristote. Il ne rejoint sa fin ultime qu’au sein d’une communauté. Seul, il ne peut trouver son bien, car ce bien est un bien commun qu’il partage avec tous. L’homme appartient ainsi à diverses communautés, qui cultivent chacune un bien commun spécifique auquel participe chacun des membres. Parmi les communautés humaines, deux sociétés poursuivent le bien humain dans son ensemble, le bien de l’homme en tant qu’homme, mais à deux degrés différents d’achèvement : la famille et la société politique. Mais il existe aussi des communautés contractuelles (de travail, etc.) ou électives (amicales, associatives).

Toute communauté implique l’expérience d’une coopération en vue de la réalisation d’une œuvre commune. La première division du travail, la première coopération, c’est la relation d’autorité et d’obéissance ; la poursuite d’un bien en commun, la coordination des efforts requiert toujours en effet que certains commandent et que certains obéissent. L’unité de la fin nécessite en elle-même un principe unique de gouvernement. Chaque être tend vers une fin qui lui est propre, d’où l’utilité, et parfois la nécessité, d’une autorité afin que tous tendent vers une fin commune. Il est par exemple nécessaire pour le bien public qu’une autorité décide du sens de la circulation routière. Il y a également des situations où l’homme ne peut connaître par lui-même ce qui est bon pour lui, car ce bien, qui lui est commun avec d’autres, ne lui appartient qu’en puissance : c’est le cas de l’enfant.

L’obéissance se diversifiera donc selon les communautés dans lesquelles elle s’exerce. On distinguera l’obéissance filiale de l’enfant à ses parents, l’obéissance légale du citoyen à la loi, l’obéissance civile à celui qui dirige la cité. L’obéissance dite « servile » du serviteur à son maître, appelée ainsi parce qu’elle fait état d’un manque de liberté, ne réalise pas vraiment la notion d’obéissance.

L’obéissance est toujours fondée sur l’amour d’un bien commun, elle conduit à un plus grand amour de ce bien commun et tend à renforcer l’amitié. Elle est à la fois une exigence de l’amour et un apprentissage de l’amour.

Quant à l’obéissance à Dieu, elle n’est pas une forme particulière de l’obéissance prise en sa généralité. En réalité, toute obéissance doit se comprendre relativement à Dieu, dont la volonté est règle première de l’agir humain : la volonté d’un supérieur humain n’est que règle seconde et ce n’est que dans cette dépendance à la volonté divine qu’elle peut faire valoir un titre à être obéie.

Dom Delatte résume parfaitement ce qu’est l’obéissance chrétienne :

Le motif profond de l’obéissance, celui qui prime tous les autres et dont tous les autres ne sont guère que le morcellement et le détail, c’est la charité.... L’obéissance est foi, puisque nous croyons aux volontés de ce Dieu qui se cache dans la personne des supérieurs. Elle est espérance, puisque nous faisons nôtre le programme de Dieu pour le temps et pour l’éternité. Elle est charité, puisque selon saint Jean, celui qui garde la parole du Seigneur, c’est en lui vraiment que l’amour de Dieu est parfait [1].

R&N : Priant à Gethsémani, Jésus appelle à ce que non pas sa volonté mais la volonté du Père s’accomplisse. Comment s’articule l’obéissance du Fils envers le Père au sein de la Trinité ?

Fr. Bohineust : La tradition des Pères de l’Église voit dans l’opposition « Non pas ma volonté, mais ta volonté [2] » de Gethsémani l’expression classique de la soumission du vouloir humain de Jésus au vouloir divin, par obéissance. La volonté divine du Père et du Fils est unique, il semble donc impossible pour Jésus de dire à propos de sa volonté divine : Non pas ta volonté, mais la mienne.

C’est donc en tant qu’homme que le Fils obéit au Père. L’obéissance du Fils ne peut être que « le déploiement en son humanité de sa radicale (et filiale) dépendance du Père » [3].

Dieu n’obéit pas. Une personne divine ne saurait obéir. Le Fils n’obéit pas, à proprement parler, à son Père. Le Fils ne peut exercer l’obéissance que selon sa nature humaine. Mais comment comprendre la parole : Le Père est plus grand que moi (Jn 14, 28) ? « Le Père est plus grand que le Fils, répond saint Hilaire, non pas par la puissance, mais par l’autorité de celui qui donne. Car le Père ne reçoit rien d’un autre, mais le Fils reçoit sa nature du Père par la génération éternelle. Donc le Père est plus grand, parce qu’il donne ; mais le Fils lui est égal, parce que tout ce que le Père a, il le reçoit. »

Et c’est donc en Fils et en Serviteur que le Christ obéit, selon l’Écriture.

Comme tout homme, et mieux que tout homme, le Christ a obéi en toutes choses à Dieu et aux hommes. Il s’est soumis à ses parents, à la Loi de Moïse, aux autorités légitimes civiles et religieuses, alors même qu’elles étaient iniques. Et, comme tout homme, c’est en serviteur qu’il obéit à Dieu. Mais parce qu’il est à la fois Dieu et homme, il est le Serviteur de Dieu par excellence et son obéissance à Dieu et aux hommes est parfaite.

Il existe donc une relation d’obéissance du Fils à son Père, mais cette relation passe par sa nature humaine et est donc identiquement son obéissance à Dieu et aux hommes. Le Christ obéit à son Père en Fils, et c’est en Serviteur qu’il obéit à Dieu.

R&N : Vous soulignez combien l’obéissance du Christ au Père n’est pas simplement un exemple à suivre pour le chrétien mais est au cœur du mystère de la Rédemption. Comment l’Incarnation est-elle une réponse à la désobéissance originelle de l’homme ?

Fr. Bohineust : L’obéissance du Christ est au cœur du mystère de la Rédemption : l’Écriture l’affirme : Il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix ! (Phil 2, 8). Tout Fils qu’il était, il apprit, de ce qu’il souffrit, l’obéissance (He 5, 8). Et elle précise que cette obéissance du Christ est une réponse à la désobéissance d’Adam : Comme en effet par la désobéissance d’un seul homme la multitude a été constituée pécheresse, ainsi par l’obéissance d’un seul la multitude sera-t-elle constituée juste (Rm 5, 19).

Comment le comprendre ? Tout repose sur les vérités de la foi : le Christ est homme et Dieu, et le Christ est Fils et Serviteur. Envoyé par le Père, le Christ est le Fils qui, par amour, s’est fait Serviteur, afin que l’homme, de serviteur devienne fils. Or obéir appartient au fils et au serviteur. L’obéissance est donc au centre du Mystère : c’est en tant qu’homme que le Christ obéit à Dieu, et donc en tant que serviteur. Mais étant Dieu, le Christ ne peut être serviteur en tant qu’homme que d’une manière qui lui est propre : il est le Serviteur de Dieu par excellence. Et étant le Fils, il obéit filialement.

« Par son “Oui, Père”, le Fils transforme le langage du “serviteur” en la parole du “Fils” » [4]. La nouveauté radicale de cette obéissance est qu’elle est celle du Fils bien-aimé s’adressant à son Père. Elle est faite de sérénité, de certitude, de paix, et de la joie de celui qui se sait aimé du Père et vit en communion avec lui [5].

Le Christ est le Fils qui s’est fait homme : il a fait cause commune avec l’homme, faisant du bien commun des hommes son bien propre. Il est devenu ainsi à même d’œuvrer pour leur bien commun par son obéissance. Tout fils bien né obéit à son père, afin de devenir pleinement homme. Tout serviteur obéissant à son maître accomplit l’œuvre commandée et exerce une causalité par son action. Celui qui obéit fait « un » avec celui qui commande, et cela se manifeste spécialement chez le serviteur qui accomplit une œuvre qui le dépasse, et qui travaille pour un autre, se met à son service. Or le Serviteur est ici le Fils en personne qui obéit à Dieu son Père : le Christ-homme coopère ainsi avec Dieu par son obéissance et devient ainsi la cause de la grâce, d’une grâce d’adoption filiale qui rejaillit sur les hommes. Il travaille ainsi à la gloire de son Père en lui donnant beaucoup de fils.

Le Christ est en effet l’aîné d’un grand nombre de frères et il possède l’autorité du Frère aîné qui est de conduire au Père, de donner des fils au Père.

Obéir au Christ qui obéit au Père, c’est obéir au Père, c’est devenir fils dans le Fils.

La vie chrétienne est obéissance au Christ. Obéir au Christ, c’est obéir filialement au Père en imitant le Christ lui-même.

Le Christ n’est pas seulement un modèle moral : l’imiter, c’est obéir avec lui au Père, ce qui suppose de lui obéir puisqu’il est notre Médiateur. Ici, imiter, c’est obéir.

R&N : En quoi l’obéissance humaine du Christ rend-elle possible sa double médiation ascendante et descendante ? Comment s’exerce cette double médiation ?

Fr. Bohineust : Le Christ est Médiateur, l’Écriture l’affirme : Unique est le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même (1 Tim 2, 5), et de soi, l’obéissance est médiatrice. Si un premier obéit à un second, qui lui-même obéit à un troisième, d’une certaine manière le premier obéit au troisième. Cette « manière » sera ici filiale car c’est dans une obéissance filiale à l’égard du Père que nous fait entrer le Christ.

Un médiateur est un intermédiaire qui unit les extrêmes. Entre Dieu et l’homme, le Christ exerce une médiation ascendante : il se fait l’interprète auprès du Père des prières et des supplications des hommes. Et il fait descendre sur les hommes les dons de Dieu : c’est la médiation descendante.

Quelle est la place de l’obéissance dans cette double médiation ?

Celui qui obéit coopère avec celui qui exerce l’autorité en vue du bien commun : c’est la dimension descendante de l’obéissance. Et par là-même, celui qui obéit communie plus intensément dans l’amour de ce bien commun : c’est sa dimension ascendante.

Le Christ communique aux hommes les dons de Dieu, à savoir, l’annonce de la Bonne Nouvelle du salut, et la grâce de ce salut. Envoyé par le Père, il se soumet en tout à sa volonté. Pour obéir à son Père, il a, en tant qu’homme, accompli en toutes choses la volonté de Dieu et s’est soumis aux hommes. Assumant la nature humaine, il fait sien le bien commun des hommes. Par son obéissance de Serviteur, il s’est mis au service de ce bien commun en étant pour eux cause de la grâce. C’est la médiation descendante du Fils envoyé par le Père pour faire sa volonté, par amour, en se soumettant à Dieu et aux hommes.

Cette grâce, le Christ, qui est le Fils, l’a méritée, il en a hérité. Il a acquis un mérite, qui est l’héritage du Fils. Il a acquis le droit à un salaire dont il nous a fait bénéficier. Tout cela est le fruit de son obéissance au Père. Pour le Christ, obéir à un précepte personnel du Père, c’est obéir à la loi tout entière. Il a ainsi accompli toute justice devant Dieu, par solidarité avec les hommes avec lesquels il a fait cause commune en assumant leur nature. C’est la voie ascendante du Fils qui retourne au Père par l’accomplissement de sa volonté, manifestant ainsi son amour pour le Père et pour les hommes.

Le sacrifice a une place essentielle dans cette médiation ascendante. Le Christ a été jusqu’au sacrifice de sa vie par obéissance au Père. Le principal sacrifice, c’est celui de la volonté, et ce sacrifice est opéré par l’exercice de l’obéissance. C’est par obéissance à son Père, en renonçant à sa propre volonté que le Christ a donné sa vie : Non pas ma volonté, mais la tienne.

En cela, je crois, réside l’essence de l’obéissance : elle unit la coopération, c’est ce que j’appelle la voie descendante, et la communion dans l’amour, ce que je nomme la voie ascendante.

L’obéissance apparaît constamment dans la vie humaine sous ces deux aspects de coopération et de communion. Ainsi, dans la vie civile, l’obéissance est-elle l’instrument de la poursuite du bien commun, on l’accordera assez facilement ; mais elle est aussi normalement au service de l’amitié politique entre les hommes. Le citoyen agit pour le bien commun de la société et fait grandir l’amitié politique et la communion dans la cité : on dira qu’il « mérite ». De même, le fils obéit pour accéder à l’âge adulte et entrer en possession de son héritage. Le serviteur, s’il est libre, agit pour le bien commun de la famille qui devient aussi son bien.

Cette double dimension de l’obéissance se manifeste avec le plus grand éclat dans le Christ. D’une part, il coopère avec Dieu son Père par son obéissance et il est cause de la grâce. D’autre part, il fait naître l’amour et la communion entre Dieu et les hommes, et fait d’eux des fils.

R&N : L’homme n’étant pas capable d’une pleine compréhension des mystères divins et de la volonté divine, quelle place saint Thomas accorde-t-il à l’intelligence dans l’obéissance à Dieu ?

Fr. Bohineust : Obéir, c’est d’abord écouter une parole. L’Écriture le dit souvent. L’étymologie le confirme [6]. Celui qui écoute laisse venir à lui et pénétrer dans son intimité ce qui vient d’un autre ; il accueille une nouveauté. Le précepte est une parole qui s’adresse à l’intelligence de celui qui obéit. Et le précepte manifeste la nature sociale de l’homme : il intègre le bien propre de l’individu dans un bien qui le dépasse et qui est le bien commun. Cela est possible parce que l’intelligence qui écoute cette parole est ouverte à l’universel.

Le lieu de l’obéissance, c’est donc l’agir, et non pas l’intelligence. Il n’y a pas obligation, du point de vue de l’obéissance, d’adhérer intellectuellement aux raisons du précepte (cela, c’est le rôle de la vertu de docilité), ni devoir d’entrer même dans le point de vue du supérieur : il convient d’obéir en sachant que le commandement du supérieur vise un bien commun, plus large que notre bien particulier, sans que cela oblige à juger ce bien particulier comme indifférent ou mauvais. Cela va de soi dans le cas d’un supérieur humain faillible : l’obéissance ne réclame pas de penser qu’il ait raison du seul fait de sa position ; elle demande seulement de se conformer à son précepte, même si l’on juge que celui-ci n’est pas avisé.

L’intelligence tient cependant un rôle essentiel dans la pratique de l’obéissance : « Il faut comprendre, pénétrer, deviner parfois les intentions de celui qui tient le gouvernail et, de la place où on est sur le bateau, faire la manœuvre qui s’harmonise avec le coup de barre [7]. » On peut résumer ainsi son rôle :

  1. L’intelligence reconnaît la légitimité de l’autorité.
  2. Elle comprend le précepte du supérieur et lui permet de rejoindre son intention : c’est la vertu de docilité.
  3. Elle éclaire au besoin le supérieur, ce qui est un devoir si le sujet se découvre mieux renseigné sur tel point particulier.
  4. Elle recherche les meilleurs moyens d’exécuter l’ordre. Obéir ne dispense pas d’interroger.

Mais qu’en est-il dans le cas de l’obéissance à Dieu, dont les pensées ne sont pas nos pensées, dont la raison infaillible transcende l’intelligence de tout être créé ?

N’est-il pas vrai, peut-on objecter, que l’on n’est pas obligé, pour obéir à Dieu, de vouloir ce qu’il veut, d’épouser donc l’objet de son vouloir, mais simplement de vouloir se conformer à sa volonté ? Saint Thomas ne récuse pas l’objection, mais précise : « Si nous ne sommes pas toujours obligés de vouloir ce que Dieu veut, nous le sommes toujours de vouloir ce qu’il veut que nous voulions. Cette volonté divine nous est signifiée principalement par les commandements divins. C’est pourquoi on est tenu d’obéir à Dieu ». Ne pas comprendre pourquoi Dieu veut ceci ou ne veut pas cela n’exonère pas du devoir de se conformer à sa volonté dès lors que celle-ci est perçue.

Saint Paul parle de l’obéissance de la foi : la foi est en effet obéissance à la Parole du Christ. L’obéissance a assurément en commun avec la foi d’être l’écoute d’une parole, de la Parole de Dieu, mais elle a son siège dans la volonté, alors que la foi a le sien dans l’intelligence. L’obéissance, contrairement à la foi, ne s’oppose pas à l’évidence : on peut avoir l’évidence du bien à faire, mais les volontés de Dieu dépassent toujours la connaissance qu’on peut en avoir. La foi et l’obéissance à Dieu ne font qu’un. L’obéissance de la foi est comme la fine pointe de l’obéissance. C’est la soumission volontaire de l’intelligence, due à Dieu seul.

R&N : L’inégalité des conditions humaine et divine n’est-elle pas un obstacle à une obéissance libre de l’homme à Dieu ?

Fr. Bohineust : Au contraire, cette inégalité est la condition même de l’existence de notre liberté ! La vraie liberté n’est pas la totale indépendance.

Dieu tout-puissant est cause de la liberté de l’homme. Dieu meut tous les êtres, chacun selon sa condition. Et les êtres spirituels, il les meut librement. Et cette motion est suave. Le supérieur humain meut librement l’inférieur par le précepte. Dieu, lui, peut incliner la volonté de l’homme, qu’il meut librement de l’intérieur. C’est Dieu qui opère en nous et le vouloir et le faire, selon sa bonne volonté. Comme le dit saint Irénée : « Dieu nous exhorte à la soumission envers lui et nous détourne de lui être infidèle, mais il ne nous fait pas violence pour autant [8]. »

Mais la toute-puissance et la transcendance de Dieu engendrent en l’homme la crainte. Cette crainte religieuse peut diminuer l’exercice de la liberté humaine, et donc de son obéissance, notamment quand elle devient crainte du châtiment. Devant Dieu, tous les hommes sont en effet des serviteurs. L’homme est toutefois appelé à devenir fils de Dieu, par grâce. La crainte fait alors place à l’amour et à la piété filiale. L’obéissance à Dieu, qui relève de la justice envers Dieu, et qui est un devoir religieux, se comprend alors dans le cadre des relations d’amitié entre l’homme et Dieu, qui constituent la charité. L’amitié consiste dans une conformité de volonté entre les amis, « vouloir les mêmes choses, ne pas vouloir les mêmes choses ». L’accomplissement de la volonté divine apparaît alors, non pas comme l’obéissance à une obligation, mais comme l’apprentissage et l’exercice d’une amitié avec Dieu, qui nous permet d’accéder à une liberté supérieure semblable à celle de Dieu. Les commandements de Dieu ne sont pas des diktats, mais les préceptes d’une pédagogie divine, destinés à nous révéler la volonté amicale de Dieu et à nous faire adopter des sentiments semblables aux siens. Alors, c’est en toute spontanéité que l’homme accepte l’idéal de la conformité à la volonté divine [9].

L’homme affirme sa liberté en sachant faire des prescriptions de ses supérieurs la loi même de son propre cœur. Le passage d’une obéissance extérieure à la loi à une appropriation de celle-ci de manière parfaite est le véritable objectif de toute éducation. L’obéissance est éducation à la liberté grâce à l’intériorisation du précepte.

La loi nous dit de faire quelque chose, alors que la grâce rend apte à l’exécuter. L’obéissance, comme don de l’Esprit, devient comme une seconde nature, tout comme la loi. L’obéissance est grâce et liberté. Par le Christ, la loi est devenue la grâce ; par l’Esprit, la grâce est devenue loi, la loi de l’Esprit.

Il y a une manière d’être sous la loi, qui est contraire à la liberté, celle de celui qui est forcé de l’observer non volontairement par amour, mais par crainte. L’obéissance à la Loi nouvelle est au contraire liberté, car elle est l’effet de la grâce. Cette Loi nouvelle est inscrite dans le cœur de l’homme par l’Esprit, elle est parfaitement intériorisée : l’obéissance devient liberté des enfants de Dieu.

Dans le Christ, servitude et liberté vont jusqu’à coïncider en raison de l’union, dans la personne du Fils, de la nature divine et de la nature humaine. Dieu ne veut pas convertir la liberté humaine par une pression extérieure de sa toute-puissance. Seul l’anéantissement libre (ou kénose) d’une Personne divine peut rejoindre l’homme dans sa condition d’esclave et le ressusciter à sa vocation d’enfant de Dieu, sans le manipuler de l’extérieur.

R&N : Comment la vertu d’obéissance se réalise-t-elle dans l’état religieux et plus particulièrement dans l’idéal monastique ? Diffère-t-elle suivant les règles des grands ordres religieux ?

Fr. Bohineust : L’obéissance n’a pas pour objectif premier l’ascèse, mais plutôt la promotion du bien commun. Lors même qu’elle a un caractère ascétique, c’est pour être au service de l’amour, dont elle est l’instrument de la croissance.

Dans le domaine civil lui-même, l’expérience de l’obéissance des citoyens contribue à l’intelligence des lois et au développement de l’amour du bien commun, et donc d’une « amitié politique ». L’obéissance est toujours instrument de communion et instrument de coopération.

Dieu lui-même est le bien commun de cette société qu’est l’Église ; le Christ est le Médiateur entre Dieu et les hommes. Être chrétien, c’est donc obéir au Christ.

Dans la vie religieuse, cet instrument qu’est l’obéissance devient très puissant, en raison du vœu. Et l’on y retrouve les deux dimensions de coopération et de communion.

On peut en effet discerner deux traditions concernant l’obéissance dans la vie religieuse. Chez les anciens moines, d’une part, la visée est plus ascétique que communautaire. Chez saint Augustin, d’autre part, le devoir d’obéir découle d’une vie menée en commun sous la direction d’un chef qui est un père. « De ces deux lignes de pensée, celle d’Augustin est sans doute la moins problématique pour beaucoup d’esprits aujourd’hui, explique le P. de Vogüé ; autorité et obéissance y ont une portée fonctionnelle [10] ». Il serait tentant de considérer les ordres apostoliques actifs comme mettant l’accent sur la coopération, et les ordres contemplatifs sur la communion. Mais ce n’est là qu’une manière de parler car, dans chaque forme de vie, les deux dimensions sont inséparables.

La tradition ignatienne, qui est plus récente, s’inscrit dans la conception « volontariste » ambiante de la morale ; elle accorde par conséquent une grande importance à l’obéissance. En schématisant, on pourrait dire qu’elle court-circuite en quelque sorte les deux dimensions de l’obéissance que nous avons discernées, en mettant la seconde au service de la première.

Dans notre monde « volontariste », il est important de remettre l’obéissance à sa juste place, qui n’est pas la première. L’obéissance n’est qu’un instrument au service de l’amour d’amitié et du bien commun.

R&N : Quelles limites le chrétien doit-il poser à l’obéissance à une autorité légitime (particulièrement civile ou politique) ? Le bien commun est-il le seul critère ?

Fr. Bohineust : L’autorité d’un supérieur est toujours limitée au bien commun dont il a la charge. En outre, ce supérieur peut ne pas être le premier dans l’exercice de cette charge, mais être subordonné à une autorité plus haute. La méconnaissance de l’une ou l’autre de ces deux limites transforme la prescription en abus de pouvoir.

Le premier cas d’abus de pouvoir vient de ce que le supérieur sort de sa compétence. Le second cas est quand le supérieur contredit le précepte d’un supérieur plus élevé.

L’abus de pouvoir justifie la résistance, mais ne l’impose pas toujours. Le vrai sens du bien commun peut être de ne pas donner plus d’importance qu’elle n’en mérite à une chose. Mais il est parfois meilleur de résister pour sauvegarder le bien commun.

Ces quelques considérations permettent de répondre aux questions : À qui doit-on obéir ? En quoi doit-on obéir ?

Il est assez facile de déterminer à qui l’on doit obéir. Est dit revêtu de l’autorité celui qui a charge d’un bien commun s’inscrivant dans l’ordre voulu par Dieu, conforme à la raison droite. Les supérieurs indignes, mais dont l’autorité est légitime, ne perdent pas leur droit à l’obéissance, car Dieu est celui auquel on obéit et qui reste, par sa providence, responsable de l’ordre de l’univers et de son bien commun. On peut donc dire qu’une autorité de fait, mais usurpée par violence ou par fraude, et donc illégitime, pourra se faire reconnaître au plan du droit, dans la mesure où elle sert le bien commun.

Il est plus délicat de préciser les limites de l’autorité.

La compétence de l’autorité est déterminée par l’étendue du bien commun de la communauté dont elle a la charge : tel est le principe général. Aucun homme n’a sur un autre homme un pouvoir illimité. La légitimité de ce qui est prescrit dépend des dispositions légales qui instituent l’autorité. Hors de ces limites, l’autorité ne peut plus demander l’obéissance, car la prescription de l’autorité tire sa valeur morale intrinsèque de sa capacité d’ordonner les actes de ceux qu’elle conduit au bien commun.

Comme toute autorité, l’autorité politique connaît des limites :

On n’est tenu d’obéir aux princes séculiers que dans la mesure requise par un ordre fondé en justice. Et c’est pourquoi, si les chefs ont une autorité usurpée, donc injuste, ou si leurs préceptes sont injustes, leurs sujets ne sont pas tenus de leur obéir, sinon peut-être par accident, pour éviter un scandale ou un danger [11].

Il faut obéir en tout à Dieu.

Dieu, en tant qu’auteur de la nature humaine, a un droit absolu sur sa créature, droit qui s’étend jusqu’à la soumission de la volonté elle-même, privilège incommunicable de celui qui pénètre au plus profond des cœurs et qui dispose de la nature spirituelle elle-même.

Il ne faut pas obéir en tout aux hommes.

Si l’obéissance est une loi universelle des rapports humains, elle n’a pas une extension universelle. L’autorité humaine est toujours limitée, là même où elle s’exerce, par celle de Dieu.

L’acte d’obéissance, pour s’inscrire dans le dessein de Dieu, doit contribuer au bien commun, ainsi qu’il a été dit. L’autorité du supérieur est limitée par le bien commun qui la spécifie et dont il a la charge, et il peut n’être lui-même qu’un subordonné, un intermédiaire. S’il méconnaît ces limites, sa prescription devient un abus de pouvoir.

Il existe des limites à l’obéissance qui sont dues à l’extension du bien commun. La justice exige que l’on obéisse à son supérieur en tout ce que son autorité a le droit d’ordonner.

− S’il n’y a pas de bien commun, il n’y a pas d’autorité : ainsi le soldat n’est pas tenu d’obéir dans une guerre injuste.

− Une personne n’est jamais partie du tout qu’est une communauté humaine selon tout ce qu’elle est ; elle ne peut être ordonnée au bien commun d’une communauté que dans la mesure et dans les limites où elle est une partie de ce tout : on n’est pas tenu d’obéir en un domaine non soumis à l’autorité du supérieur.

− Dans l’ordre même du bien commun dont il a la charge, celui qui a autorité est tenu par les exigences objectives de ce bien commun, exprimées par la loi. Nul n’est jamais livré à l’arbitraire d’un autre homme.

On peut distinguer deux cas limites :

  • Les actes intérieurs. S’agissant du mouvement intérieur de la volonté, on n’est pas tenu d’obéir aux hommes, mais à Dieu seul. Il est vrai que les actes intérieurs ne sont pas indifférents au bien commun, mais ils y contribuent par les actes extérieurs, sur lesquels porte précisément l’obéissance. Ils échappent à l’autorité humaine, mais non à l’autorité de Dieu. Dieu peut commander à l’intelligence, ce qui se produit dans l’acte de foi ; et à la volonté, ce qu’il fait en commandant l’amour de charité.
  • Les actes qui tiennent à la nature même du corps. Ce ne sont pas tous les actes extérieurs accomplis par le corps qui peuvent être la matière de la prescription de l’autorité. En sont exclus les actes qui sont liés à la nature intime du corps. Ces rapports à son propre corps n’engendrent de leur nature aucun rapport d’inférieur à supérieur. Ces actes relèvent d’un droit naturel antérieur à toute appartenance à une communauté, droit selon lequel tous les hommes sont égaux [12].

Il existe par ailleurs des limites de l’autorité qui sont dues à une autorité supérieure. L’autorité d’un supérieur est limitée au bien commun dont il a la charge ; mais ce bien commun peut être inclus dans un bien plus grand, et donc le supérieur peut être lui-même soumis à une autorité supérieure. Dans le cas d’une contradiction entre deux supérieurs humains, si, de soi, le précepte du supérieur le plus élevé prévaut, tout supérieur a un pouvoir d’interprétation dont le subordonné devra tenir compte. « Le danger des supérieurs intermédiaires est de trop obéir », a-t-on dit justement.

Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.

Les supérieurs ne sont que des intermédiaires entre Dieu et leurs sujets, même dans le domaine déterminé dont ils sont responsables. La volonté de Dieu et sa liberté peuvent exiger que quelqu’un obéisse à Dieu plutôt qu’aux hommes, tel Pierre devant le Sanhédrin [13]. Cela vaut des enfants pour les parents, du soldat à l’égard de son chef : Jugez vous-mêmes s’il est juste devant Dieu de vous obéir plutôt qu’à Dieu (Ac 4, 49).

Il faut toujours obéir à sa conscience, même erronée.

Ne pas suivre sa conscience est un péché, même si l’acte ainsi commis en la suivant est mauvais.

R&N : Qu’en est-il de l’objection de conscience ?

Fr. Bohineust : D’une manière générale, il vaut mieux obéir à sa conscience qu’à un supérieur. La conscience est un lien spirituel intérieur, plus fort que tout lien extérieur d’autorité. Il est vrai que l’obéissance peut poser de graves questions, mais, pour y répondre, il ne faut pas procéder subjectivement, sous forme de cas de conscience ou de conflits de devoir : ce n’est pas de ce côté que vient la lumière et, à proprement parler, les conflits de devoir n’existent pas. Le principe universel de solution est toujours dans la délimitation précise du domaine de l’autorité. Hors de ce domaine, il ne saurait y avoir de précepte, ni donc d’obéissance. La considération du bien commun reste le critère ultime [14].

La conscience n’est pas au-dessus de la loi naturelle, elle en est l’interprète et lui est liée de façon absolue ; face à une loi humaine, la conscience n’est pas liée absolument. Il lui appartient encore de reconnaître le bien visé par l’intention de la loi. Obéir à la loi, ce n’est pas se soumettre aveuglément à sa lettre, mais c’est ordonner sa volonté au bien que vise la loi.

En certains cas, « le mal serait de suivre la loi établie ; le bien est, en négligeant la lettre de la loi, d’obéir aux exigences de la justice et du bien public [15]. »

Les lois humaines obligent en conscience et requièrent l’obéissance dans la mesure où elles sont justes. Mais des lois peuvent être injustes, soit parce qu’elles s’opposent de quelque manière au bien commun, en raison de leur fin, de leur auteur ou de leur forme. Il ne suffit pas qu’une loi soit injuste pour qu’il soit permis ou nécessaire de lui désobéir. C’est toujours la considération du bien commun qui prévaut. La désobéissance est possible, et parfois nécessaire, notamment quand cette loi est contraire à la loi divine. Elle ne doit pas avoir en vue des fins privées, ni entraîner de scandale ou de tort pour l’unité et la paix de la communauté. Celui qui ne se soumet pas à une loi injuste ne pose pas un acte de désobéissance, car une loi injuste n’est pas une loi.

La « désobéissance civile » est le refus assumé et public de se soumettre à une loi, un règlement, une organisation ou un pouvoir jugé inique par ceux qui le contestent, tout en faisant de ce refus une arme de combat pacifique. Le terme fut créé par l’américain Henry David Thoreau dans son essai La Désobéissance civile, publié en 1849, à la suite de son refus de payer une taxe destinée à financer la guerre contre le Mexique [16]. Elle repose sur une conception de l’autorité qui voit la source de celle-ci dans le peuple, ce qui est contestable. Non, ne pas obéir à une loi injuste n’est pas désobéir, mais obéir à une loi supérieure.

Aujourd’hui, la conception réaliste du droit cède la place à une conception volontariste : le droit n’a plus aucun rapport avec la vérité et n’a plus la justice pour objet. Son objet, c’est la loi. Socrate et Antigone, au contraire, nous rappellent que, au prix du sacrifice de la vie, la conscience personnelle est fondée à ne pas obéir à une loi positive pour obéir à une loi plus haute. Le Christ nous enseigne que c’est pour obéir à Dieu notre Père.

R&N : Un dernier mot ?

Fr. Bohineust : Il faut revenir à une saine conception de la liberté et de la loi. La liberté prend sa source dans l’intelligence et la volonté. Elle n’est pas une faculté première n’ayant d’autre cause qu’elle-même, mais elle trouve son origine dans les inclinations à la vérité, au bien et au bonheur qui sont inscrites en nous. La loi morale est la voix de la vérité et du bien qui nous rendent libres, et la loi naturelle trouve son fondement au cœur même de la liberté humaine [17].

L’obéissance ressemble à l’amour. Elle en est comme l’ébauche et le commencement, elle en est apprentissage. Pour le citoyen, l’obéissance à la loi est l’école de l’amour du bien commun.

Comme le dit Bernanos, « à force d’obéir sans comprendre, on finit par ne plus comprendre pourquoi on obéit ». D’où l’urgence de comprendre ce qu’est l’obéissance. Or le Christ nous y aide de manière étonnante ! Son obéissance nous a en effet acquis la grâce, qui est le meilleur des biens, et elle nous a réconciliés avec le Père. Il nous révèle par là-même ce qu’est l’obéissance de tout homme : elle est la liberté qui se met au service du bien commun et de l’amour.

Je terminerai par ces mots de Gonzague de Reynolds, s’adressant au peuple suisse :

« Je veux dire à ce peuple toute la grandeur de l’obéissance.

Obéir, ce n’est pas contrainte, mais acceptation. L’esclave n’obéit pas, il subit ; il n’y a que l’homme libre qui sache obéir, veuille obéir, puisse obéir. Il accepte les ordres au nom de l’ordre, parce que tout désordre est une injustice, toute anarchie un asservissement. Il les prend dans son intelligence et sa volonté, il se les incorpore à soi-même comme si c’était lui qui les avait donnés ; il les réfléchit dans sa conscience, il les développe dans sa pensée, il les traduit dans ses actes, il s’en fait une initiative. Il les porte plus loin pour que d’autres les portent plus loin encore. L’ordre d’un seul s’achève en l’ordre de tous. Et tous, au bout de l’obéissance, retrouvent, accrue, leur liberté » [18].


[1D. Paul Delatte, abbé de Solesmes, Commentaire sur la Règle de saint Benoît, éd. 1967, p. 96-97.

[2Mt 26, 39.

[3S.-Th. Bonino, o. p., Il m’a aimé et s’est livré pour moi, Parole et Silence, 2013, p. 138.

[4Saint Maxime le Confesseur.

[5Cf. I. de La Potterie, s. j., La prière de Jésus, Le Messie, Le Serviteur de Dieu, Le Fils du Père, Pa­ris, Desclée, 1987, p. 127.

[6Obéir (ob-audire) = écouter.

[7Abbé Victor-Alain Berto, Notre-Dame de Joie, Paris, N. E. L., 1974, p. 200.

[8Saint Irénée, Contre les hérésies, IV, 37, 3.

[9Cf. abbé Jean-Pascal Perrenx, Théologie morale fondamentale, « Croire et Savoir, 49 », Paris, Té­qui, 2008, t. 2, Les actes humains, p. 350, repris ici.

[10A. de Vogüé, o. s. b., La Règle de saint Benoît, t. vii, Cerf, 1977, p. 160.

.

[11Saint Thomas d’Aquin, Somme de théologie, IIa IIae, 104, 6, 3.

[12Cf. Michel-M. Labourdette, o. p., Cours de théologie morale : « On ne peut, à moins que je m’y sois lié moi-même, mais l’autorité porte alors sur mon vœu, m’interdire de procréer, etc. On ne peut me prescrire une opération dangereuse, si je ne le veux pas. »

[13Ac 4, 19-20 : Mais Pierre et Jean de leur rétorquer : “S’il est juste aux yeux de Dieu de vous obéir plutôt qu’à Dieu, à vous d’en juger. Nous ne pouvons pas, quant à nous, ne pas publier ce que nous avons vu et entendu.”

[14Cf. Romaric Morin, o. p. L’objection de conscience, ou désobéir pour mieux obéir. [Mémoire non publié, Fribourg]

[15Saint Thomas d’Aquin, Somme de théologie, IIa IIae, 120, 1. – Cf. Pascal Jacob, La morale chrétienne est-elle laïque ?, Artège, 2012, p. 361, repris ici.

[16Wikipedia, Article « Désobéissance civile ».

[17Cf. Servais Pinckaers, o. p., Ce qu’on ne peut jamais faire, Paris, Cerf, 1986, p. 125-127.

[18Gonzague de Reynold, Grandeur de la Suisse, Société suisse des Bibliophiles, Berne, 1940, p. 142-143.

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