L’infolettre du R&N revient bientôt dans vos électroboîtes.
Cher collègue et frère en Christ,
Vous vous sentîtes obligé de rappeler que le Concile Vatican II n’était qu’un « simple Concile pastoral sans aucune valeur dogmatique ». Vous m’expliquerez donc pourquoi le Concile a promulgué deux déclarations portant le titre explicite de « constitutions dogmatiques » : Lumen Gentium , « sur l’Église », et Dei Verbum , « sur la Révélation divine ». Certes, d’autres constitutions sont dites « pastorales », mais elles ne remettent pas en cause la valeur dogmatique des premières.
Quant à la question de fond que nous soulevâmes sur le Magistère, je persiste à penser que, dans toute l’histoire de l’Eglise, ses textes sont le fruit de leur époque, à la fois dans le langage, la forme et le fond. Ainsi, il serait peu perspicace de se servir des décrétales du pape Grégoire, en 1075, pour affirmer le supériorité du pouvoir pontifical sur les gouvernements européens d’aujourd’hui (Quoique, certains en rêvent peut-être secrètement...) ! C’est pourquoi, certains de ces textes portent le titre de dogme, dont les déclarations, très soigneusement préparées et avec l’assistance de l’Esprit-Saint, s’affirment telles quelles dans l’espace et dans le temps.
Or, les papes n’ont pas fait du règne social de Jésus-Christ une déclaration dogmatique. Ils n’ont donc pas voulu contraindre le peuple chrétien dans ce domaine précis de la foi, comme je l’ai expliqué à de nombreuses reprises dans mon article "Que veux-tu donner ?" et dans mes réponses à vos commentaires.
J’ajoute que vous vous contredisez en affirmant que Vatican II n’est pas dogmatique, ce qui est en partie faux, alors que la royauté sociale le serait, ce qui l’est totalement. Vous ne pouvez pas mettre tous les documents du Magistère sur un seul registre : lui-même ne le fait pas.
Le Magistère n’est pas constitué du seul dogme ; il en serait assez maigre. Il se développe dans le temps et parfois, sous l’impulsion de l’Esprit-Saint, il exprime le désir d’élever telle ou telle doctrine au rang de dogme. Mais le plus souvent, il guide les fidèles d’un temps donné par des conseils prudentiels, et actualise pour eux l’enseignement constant de la Sainte Eglise. C’est précisément ce pour quoi il a été donné par le Christ à son Église.
Enfin, je me permets d’émettre mon désaccord lorsque vous comparez Saint-Paul à Alain Escada : « Vous accusez le passé pour discréditer l’action présente ; vous hypertrophiez l’auteur pour mieux occulter son œuvre. Si je vous dis qu’on ne peut croire un mot de ce que dit Saint Paul dans les Epitres, sous prétexte qu’il fut d’abord un Juif persécuteur de l’Église, m’écouteriez-vous ? »
Je crois que c’est faire trop d’honneur à notre débouté de justice belge [1] que de le comparer à l’Apôtre qui mit sa foi en Actes. Ne serait-ce que pour le simple fait que ce dernier s’est converti, s’est repenti, et s’est appliqué à semer l’amour là où il avait porté le chaos, par sincérité.
Je ne doute pas de la sincérité de beaucoup de ceux qui se massèrent devant le Théâtre de la Ville. Mais la sincérité ne rime pas obligatoirement avec Vérité.
Votre dévoué,
Bougainville
P.-S. : j’en profite pour vous remercier ; votre rhétorique m’a poussé à partir "prier à l’écart", et à solliciter un ami prêtre qui m’est très cher, pour m’aider à vous répondre.
Le R&N a besoin de vous !
ContribuerFaire un don
Dernières dépêches : [NOUVEAUTÉ] Sortie du jeu de société chrétien « Theopolis » • Retour de la communion sur les lèvres à Paris • Etats et GAFA : l’alliance impie est en marche • [CHRISTIANOPHOBIE] Retour sur le concert raté d’Anna von Hausswolff • [ÉGLISE] Les hussards de la modernité à l’assaut des derniers dogmes de l’Eglise • [IN MEMORIAM] Charles, entre idole des jeunes et divinité laïque • [CHRÉTIENTÉ] L’épée d’Haïfa et la chevalerie rêveuse • Le service public l’a décrété : le wokisme n’existe pas • [IN MEMORIAM] L’Heure des comptes viendra-t-elle bientôt ? • [IN MEMORIAM] 4 novembre 1793 : Louis de Salgues de Lescure
Le Rouge & le Noir est un site internet d’information, de réflexion et d’analyse. Son identité est fondamentalement catholique. Il n’est point la voix officielle de l’Église, ni même un représentant de l’Église ou de son clergé. Les auteurs n’engagent que leur propre conscience. En revanche, cette gazette-en-ligne se veut dans l’Église. Son universalité ne se dément point car elle admet en son sein les diverses « tendances » qui sont en communion avec l’évêque de Rome : depuis les modérés de La Croix jusqu’aux traditionalistes intransigeants.
© 2011-2025 Le Rouge & le Noir v. 3.0,
tous droits réservés.
Plan du site
• Se connecter •
Contact •
RSS 2.0