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L’œcuménisme est l’un des points sensibles du concile, si l’on entend par cela les éléments qui posent problèmes aujourd’hui tant dans la compréhension que dans l’application, et qui divisent les fidèles. Il semble donc nécessaire de revenir à la source même que constitue le concile, afin de savoir précisément la position de l’Église avant de se positionner sur le sujet.
Pour commencer, afin d’éviter les erreurs d’interprétations éventuelles, et par souci d’unité, il est nécessaire d’accueillir la parole de l’Église avec humilité et bienveillance, et donc avec obéissance. C’est la condition d’une bonne compréhension et d’un dialogue serein. Et bien sûr par Église il faut entendre l’Église Universelle, et non la réduire selon un quelconque critère temporel. Car si l’on se borne à un aspect ou à un autre, nécessairement on manque l’ensemble. Par conséquent le concile œcuménique Vatican II pour être bien compris doit être lu à la lumière de la Tradition, et il serait ridicule de prétendre qu’il abolit un précédent concile. Ainsi si des difficultés d’interprétations apparaissent, ce qui est inévitable quand on cherche à la fois la vérité et la précision, c’est à la lumière de la Tradition que l’on pourra vraiment comprendre ce que dit le concile, et ce qu’il apporte.
Tout d’abord, à tous ceux qui aiment à croire que, depuis le concile, il est possible de concevoir que l’Église catholique soit une parmi d’autres, pas plus légitime qu’une autre, la concile répond lui-même. Dans la constitution dogmatique sur l’Église Lumen Gentium au paragraphe 8 on lit en effet au sujet de l’unique Église du Christ : « Cette Église comme société constituée et organisée en ce monde, c’est dans l’Église catholique qu’elle subsiste, gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques qui sont en communion avec lui, bien que des éléments nombreux de sanctification et de vérité se trouvent hors de sa sphère, éléments qui, appartenant proprement par le don de Dieu à l’Église du Christ, portent par eux-mêmes à l’unité catholique. » [1] (C’est nous qui soulignons.) Il est clair que la formulation est un peu plus complexe que celle que l’on retient en général, qui dit qu’hors de l’Église il n’y a point de salut. Cependant elle ne la réfute pas mais la précise.
Il faut faire ici une distinction, afin de bien comprendre. D’une part l’Église catholique peut désigner les structures extérieures de l’Église gouvernée par le Pape et les évêques qui sont en communion avec lui. C’est ici ce que l’on entend habituellement. D’autre part l’Église catholique peut désigner l’Église Universelle (c’est le sens étymologique) et ce sens est plus large car les éléments de l’Église catholique ne sont pas tous strictement limités à ses structures ordinaires. C’est ce que manifeste la deuxième partie de la citation : des éléments catholiques se retrouvent en dehors de l’Église catholique, et par conséquent en tant que catholiques ces éléments sont bien porteurs de salut à travers l’Église catholique. Ainsi par exemple le baptême est le même dans les Églises orthodoxes et dans l’Église catholique. C’est un sacrement porteur de salut, hors des structures ordinaires de l’Église catholique, mais pas indépendamment de celle-ci puisqu’il s’agit bien du même baptême, donc du baptême catholique. Il y a ainsi plus ou moins d’éléments communs avec les différentes Églises, l’essentiel sous le rapport du salut étant du côté des sacrements, dont certains sont partagés par la plupart (comme le baptème) et d’autres beaucoup moins. (Les Églises protestantes ont en particulier perdu soit partiellement soit totalement le sens de la Sainte Eucharistie, contrairement aux Églises orthodoxes plus fidèles à la Tradition sur de nombreux points dont celui-ci.)
Ainsi tout dialogue avec d’autres confessions chrétiennes ne doit ni ne peut se passer d’une annonce de l’Évangile et d’un appel à la conversion. Il ne s’agit pas ici de dire que le concile a toujours été bien appliqué, car il y a eu des dérives, mais il s’agit de le comprendre pour mieux l’appliquer. Considérant les éléments communs qui rapprochent tous les chrétiens, et le désir de beaucoup de retrouver l’unité pour laquelle a prié le Christ, le concile Vatican II appelle à prendre une part active à l’effort œcuménique. Il s’agit donc de s’appuyer sur les plus ou moins nombreux éléments communs aux différentes Églises, et de manifester par le dialogue les difficultés afin de réduire les divisions et de pallier les déficiences des autres Églises, tout en intégrant leurs richesses. Le dialogue enfin est fondamental dans la mesure où il est le seul permettant d’apporter la vérité tout en respectant la dignité de l’autre, qui est une personne libre. La vérité s’impose par la force de la vérité elle-même.
[1] Concile VATICAN II, constitution dogmatique sur l’Église Lumen Gentium, texte intégral, Perpignan, Éditions Artège, 2012, p. 36.
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