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Liberté, j’écris ton nom

Elise M., jeune manifestante, s’est elle aussi retrouvée en garde-à-vue après les évènements des Invalides. Les citations des policiers auxquels elle a eu affaire valent le détour.

Liberté, j’écris ton nom.” J’écris ton nom maintenant que j’ai connu l’enfermement, maintenant qu’on m’a empêchée d’aller de venir et de m’exprimer dans un pays censé me garantir ces droits.

Liberté, j’écris ton nom”. Je ne reviendrai pas sur les raisons infondées et injustes qui m’ont privé de toi. Se voir adosser contre un mur pour être emménée en geôle , alors que je demandais de rentrer chez moi. Se voir enfermée des heures durant dans des cachots insalubres, sales à en vomir…

Liberté, j’écris ton nom”.

Je n’écrirai pas tout ce que j’ai vu, mais je tiens à rendre public ce que j’ai entendu de la bouche de ceux qui “garantissent” notre sécurité, utilisés en ces temps de révolte pour nous empêcher d’agir, de parler.

Rue de l’Evangile. Il est environ 1h. Deux CRS compatissants de notre triste sort se livrent peu à peu. L’honnêteté du verbe dépasse le devoir de réserve de la fonction. Les voici qui s’épanchent. “Nous avons reçu des consignes politiques. Nous devons vous interpeller en nombre, faire du chiffre. Décridibiliser votre mouvement, associer aux casseurs une masse de gens." “Et le Troca dans tout ça ?” “Là aussi nous avons eu des consignes politiques. Interpeller et placer en garde à vue le moins possible de personnes. Cela aurait conduit à stigmatiser les jeunes issus de l’immigration, les jeunes des cités, donc mettre en échec la politique de sécurité de Manuel Valls.

Tout s’explique maintenant.

Où est l’erreur ? L’erreur Monsieur le Ministre, c’est qu’à nous réprimer injustement, à bafouer nos libertés et nos droits, vous avez transcendé notre lutte. Nous nous battions pour maintenir forte des fondations millénaires, ce socle affectif et filial sur lequel chacun de nous repose : la famille. Désormais, notre combat n’est plus seulement celui d’enfants qui se battent pour d’autres. Il est celui de Français que vous avez humilié personnellement en les parquant injustement dans vos commissariats. Nous nous battions pour les autres, aujourd’hui nous sommes animés de la rage vengeresse et fougueuse de ceux qui n’ont plus rien à perdre. Vous vouliez nous faire taire ? Vous avez échoué. Cette France qui se bat pour rester grande, solide et fière, ne courbera pas l’échine pour quelques heures de GAV.

Voici votre erreur Monsieur le Ministre. La manif était pour tous. Elle est désormais pour tous et pour chacun de ceux que vous avez brimé. Notre esprit de solidarité se renforce, peut être est-ce le seul point sur lequel je vous remercierai. N’attendez pas de nous que nous nous arrêtions. Notre courage est plus vif que vos insultes. “La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique [1].”

Oui, Monsieur le Ministre, contre nous de la tyrannie, mais nos étendards sont levés. Ils continueront de claquer au vent tant que nous ne serons pas écoutés et considérés comme des citoyens français que la démocratie veut libres.

Nous ne lâcherons rien. Jamais. Jamais. Jamais.

Elise M,
231.


[1Blaise Pascal

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