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Le vingtième siècle illustre à merveille l’arnaque bioéthique contemporaine. Quand on entend bioéthique, il faut immédiatement comprendre : entreprise de destruction des dernières barrières existantes, le tout maquillé d’un vernis égalitariste et droit-de-l’hommiste bon teint. L’idéologie du progrès armé de son bras technicien postule que les lendemains seront toujours meilleurs que les jours passés. Avec ce raisonnement idéaliste, aucune raison ne peut justifier qu’on n’entreprenne pas une réforme si elle est rendue possible grâce à l’évolution de la technique. Peu de temps après la fin de la seconde guerre mondiale, la reproduction naturelle s’est vue attaquée par l’usage massif de la contraception orale et par la banalisation de l’avortement. L’individu roi devait absolument grâce à l’industrie pharmaceutique et à la médecine avoir la possibilité de jouir sans l’entrave inadmissible qu’est le potentiel enfant à naître. Toute avancée technique semble donc,selon la doxa progressiste, être nécessairement ontologiquement bonne [1].
Une fois cette question réglée, il a fallu se pencher sur la possibilité technique de permettre à des parents qui ne peuvent avoir d’enfants d’en avoir tout de même. Dans une optique traditionnelle, la morale veut qu’on accepte humblement la douleur de la stérilité. Dans une vision progressiste, il faut tout faire techniquement pour que le tort que la nature a infligé à ce couple soit réparé artificiellement. Si on peut admettre que la médecine assiste les époux dans procréation [2], autre chose est de promouvoir une médecine qui se substitue aux époux concernant l’acte conjugal. La procréation médicale assistée (PMA) pose principalement problème en tant que moyen artificiel de donner la vie. La problématique de son accès par des couples fertiles ou des couples homosexuels vient en second plan et a déjà été réglée à l’époque de la Manif pour tous [3]. Elle peut d’ailleurs être facilement résolue par la morale naturelle qui veut qu’une société pérenne soit fondée sur le mariage chrétien et donc hétérosexuel.
La PMA passe par plusieurs étapes problématiques. Tout d’abord, les gamètes masculins doivent être recueillis par masturbation, ponction ou acte conjugal naturel en vue d’être conservées dans des banques de sperme. De leur côté, les gamètes féminins, ne pouvant être conservés, sont prélevés chaque mois via stimulation ovarienne. Ensuite,vient au moment de l’ovulation l’insémination artificielle au sein du col de l’utérus. Il faut distinguer deux sortes d’insémination artificielle. La première, licite, suppose qu’elle soit faite après l’acte conjugal, sans ponction ni masturbation. La seconde, pratiquée à l’aide d’un donneur ou à l’aide d’un homme autre que le mari, revêt en revanche un caractère illicite car s’apparentant à un adultère ou à de la fornication. Enfin, si l’insémination n’est pas possible, les femmes peuvent recourir à la fécondation in vitro (FIV). Il s’agit d’élever les embryons parallèlement et de les implanter dans l’utérus de la femme. Les médecins pratiquent ensuite la réduction embryonnaire, qui consiste à endormir certains embryons en ciblant si possible les plus faibles, pour éviter les grossesses multiples. À l’accouchement, les parents peuvent récupérer les embryons surnuméraires afin de les congeler en vue d’une prochaine grossesse, d’un don ou de les confier à la recherche. Ils ont aussi la possibilité de les détruire.
Cette machine à produire de l’eugénisme n’est pas sans conséquence. Des centaines de milliers d’embryons, qui constituent tout de même des êtres en puissance, sont congelés sans aucune utilité à venir tandis que d’autres s’apparentent à du matériau de recherche scientifique ou sont tout simplement détruits. Évitons d’évoquer les embryons perdus ou affectés à la mauvaise mère, voire encore les erreurs en matière d’attribution du bon sperme. La PMA pose aussi des nombreuses problématiques juridiques : filiation avec la mère biologique, autorité parentale et successions. Les dégâts psychologiques pour la mère, le père et l’enfant à naître sont bien entendu aussi occultés. Les risques physiques pour la mère et l’enfant ne sont pas non plus à négliger.
Il n’est pas nouveau que la technique puisse être mise au service des pires projets sociétaux. Aucune technique n’est bonne en soi et il est parfois plus raisonnable d’éviter de la mettre en œuvre. C’est bien une question anthropologique que la PMA pose à tous : quel type d’humanité voulons-nous pour demain ? Souhaitons-nous une procréation distincte de l’acte conjugal naturel ? La fabrique d’enfants de manière artificielle ne risque-t-elle pas de faire le jeu du capitalisme et de créer une société totalement déstructurée ? Nos ennemis ont fait leur choix. À nous de lutter pour faire triompher le nôtre.
[1] ELLUL Jacques, Le bluff technologique, Paris, Pluriel,1988.
[2] Charte des personnels de la santé, n°22-23.
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