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Cinquante jours après la Résurrection, la promesse que le Christ a faite à ses disciples (Jn XIV, 23-31) reçoit son accomplissement : le Saint-Esprit descend sur eux, tandis qu’ils se trouvaient au cénacle avec la Vierge Marie. L’Esprit se montre sous la forme de langues de feu, laquelle symbolise tout à la fois le feu de l’amour et la lumière de la foi. Dès lors, ils ne sont plus seulement des disciples du Christ, mais des apôtres, des « envoyés », et le jour même de la Pentecôte, ils commencent leur œuvre de prédication. Les Actes des Apôtres, qui rapportent cet épisode (II, 1-11), nous disent aussi qu’après le discours de Pierre, les apôtres baptisèrent plus de trois mille personnes. L’Église, née sur la Croix, devient un Corps mystique : la Pentecôte est véritablement la fête de la naissance de l’Église.
Quel est ce feu que les apôtres reçurent ?
Ce fut d’abord un feu pour prêcher : les apôtres furent les premiers missionnaires, et les premiers martyrs. Traditionnellement, la Pentecôte, par le « don des langues », marque le début de l’évangélisation universelle. Dans l’Ancien Testament, la fête de la Pentecôte était d’abord la fête de la moisson et des prémices, qui étaient les premiers fruits de la terre, destinés aux offrandes religieuses. Par analogie, la nouvelle Pentecôte célèbre le commencement de la moisson évangélique, c’est-à-dire la conversion des peuples à la Foi du Christ, mais aussi les premiers sacrifices, dont la première figure fut le protomartyr Etienne. Dès lors, ce n’est plus le Sauveur qui œuvre seul en Palestine et à une époque déterminée, c’est l’Église qui, incorporée par la vertu de l’Esprit-Saint au Saint-Sacrement, associe sur tous les autels son sacrifice à celui du Golgotha et participe à tous les mystères de la vie terrestre du Sauveur.
C’est ensuite un feu pour aimer, car répandre l’Évangile c’est propager une Parole de vérité, qui est l’Amour de Dieu. Si la charité n’est pas un humanisme, c’est parce que seul l’amour de Dieu nous porte au véritable amour du prochain, qui est la volonté de le convertir, afin qu’il devienne notre frère en Christ. Cette charité peut diviser, car souhaiter la conversion de tous les peuples, c’est apporter « non la paix, mais le glaive » (Matthieu X, 34) et c’est souhaiter une paix « qui ne se donne pas comme le monde la donne » (Jean XIV, 27). C’est pour cette raison que le Christ dit également qu’il est « venu jeter le feu sur la terre » (Luc XII, 49-53). Par ce zèle missionnaire, par ces conversions, l’Église a pu grandir et devenir ce qu’elle est : une institution universelle. À Pâques, le Christ, le divin soleil, s’est levé ; à la Pentecôte, il est à son zénith, il chauffe, mûrit et apporte la vie, par les rayons de son Esprit, au Corps de toute l’Église.
Saint Bonaventure, dans son traité L’incendie de l’amour, estime que seul le feu de l’amour divin peut purifier notre âme et nous porter tout entier vers Dieu. L’âme, pour accéder au bonheur, doit suivre une triple voie : la purification, qui conduit à la paix ; l’illumination, qui conduit à la vérité ; la perfection, qui conduit à l’amour. Nous nous proposons de conclure ce court article sur cette belle méditation du Docteur séraphique :
« Il y a trois choses en nous qui nous aident à grandir en cette triple voie : l’aiguillon de la conscience, le rayon de l’intelligence et le feu de la sagesse. Si donc vous voulez être purifié, tournez vos regards vers l’aiguillon de la conscience ; si vous voulez être illuminé, élevez-les vers le rayon de l’intelligence ; si vous voulez atteindre à la perfection, arrêtez-les sur le feu de la sagesse, selon le conseil de saint Denis à Tite. […] Ce feu s’enflamme lorsque nous tournons toutes nos affections à l’amour de l’Époux ; et cela se fait soit en considérant cet amour en soi-même, soit dans les Bienheureux, soit dans la personne de l’Époux. Pour y arriver, il faut se souvenir soigneusement que cet amour supplée en nous à toute indigence, qu’en lui réside pour les bienheureux l’abondance de tout bien, et que par lui nous jouissons de la présence de celui qui est souverainement désirable ; car toutes ces choses sont propres à enflammer notre cœur [1]. »
[1] Saint Bonaventure, Incendie de l’amour, Chapitre premier, « Triple manière de s’exercer selon la triple voie de la sagesse, et d’abord de la méditation. »
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