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Monte au ciel, Roi chevalier !

25 août 2014 Thibault Corsaire

« S. Louis, figure ô combien lumineuse de l’espérance surnaturelle qui donne un sens à toute vie dès qu’elle s’ouvre à la foi. Vous dont la couronne se revêtit d’épines à mesure que vous exerciez votre fonction de passeur de la terre vers le ciel, continuez de veiller sur la longue colonne du peuple de France qui erre en son histoire mouvementée
Abbé Eric Iborra, sermon du 11 juin 2014 » [1]

Faut-il nous résoudre à ranger Louis IX dans un quelconque tiroir de notre Histoire nationale, en tentant d’apposer une étiquette sur son règne ?
Nous aurions bien tort, à la vérité, de vouloir figer les traits, le cœur et l’intelligence de ce grand roi dans le marbre froid des gisants sévères et lointains. Fils de Bouvines et bâtisseur de cathédrales, il fut un père pour notre nation et un souverain plein de vertus.

A la page du 25 août, nous pouvons lire dans nos missels [2] :
« "Louis IX – saint Louis – est un tertiaire franciscain mandaté par Dieu pour exercer au pays de France le métier de roi " (Dom Antin) […] Voilà pourquoi il mène à la cour royale une vie presque monacale, se levant de nuit pour l’office des matines et entrecoupant sa journée par la célébration des heures liturgiques. Mais cette fidélité à ses devoirs religieux ne l’empêche pas d’exercer son ‘métier de roi’ d’une manière exemplaire, subordonnant en tout et toujours ses propres intérêts à l’honneur de Dieu et au bonheur de son peuple. A celui-ci il assure la paix dans le droit, interdisant les guerres privées sur son territoire, nommant des « questeurs » pour visiter les provinces, abolissant le duel judiciaire, instituant les cas royaux » (cas judiciaires réservés au roi), etc. Ainsi il fortifie l’autorité royale, tout en la soumettant à la loi de l’Evangile.
Type du roi chrétien, saint Louis est aussi un chef de famille fidèle à tous ses devoirs, ayant à cœur d’aimer tendrement tous les siens, sa femme, la reine Marguerite, et ses onze enfants.
 »

Au Louvre comme à Carthage, au palais comme en croisade, la Croix fut son secours ; la force sa vertu.
L’abbé Iborra ne s’y trompait pas en rappelant il y a quelques mois : « "La force est la vertu qui assure dans les difficultés la fermeté et la constance dans la poursuite du bien" (CEC 1808).
Cette vertu, Louis l’exerça dès qu’il accéda au trône, ne cessant de lutter, avec un grand sens de l’équité, pour ramener les vassaux, y compris les plus puissants, à l’obéissance féodale. Et il la mit au service du bien commun de la chrétienté en orientant la puissance retrouvée du royaume vers la délivrance de Jérusalem, cette trace terrestre du royaume de Dieu, étape dans notre pèlerinage vers le Ciel.
 »

Souverain débiteur de justice et lieutenant de Dieu au pays des Francs, héritier de Clovis et de Philippe-Auguste, c’est vers la ville sainte que les yeux du saint roi se tournaient ; c’est en pèlerin armé, revêtu de la croix, qu’enfin il referma ses paupières.

Inaugurant les septième et huitième croisades, Louis IX rendit son sens au pèlerinage en armes : délivrer le tombeau du Christ. Godefroy de Bouillon n’aurait pas renié cet idéal de Miles Christi. Au fils des ans, les croisades s’étaient multipliées, en pays cathares comme en terre balte, ainsi qu’en Espagne mauresque ; Saint Louis orienta ces expéditions militaires vers leur fin originelle : le Golgotha, cime de la Création, montagne du sacrifice, sommet de l’expiation. O crux ave, spes unica !

Aux dires des chroniqueurs, la croisade de 1248 (septième croisade) fut motivée par la guérison du roi, tombé gravement malade en 1244. En 1270, le salut seul fit guerroyer le roi et ses pèlerins en cote de mailles. Dans la Nouvelle Revue d’Histoire [3], François de Lannoy rappelle l’état d’esprit du temps, tel que rapporté par les Grandes Chroniques de France : «  venger la honte et le dommage que Sarrasins faisoient en la terre d’oultre-mer en despit de Nostre Seigneur  ».

Sur la rive africaine, le typhus allait sonner le glas de l’expédition. N’ayant jamais pu pénétrer dans la ville sainte, le monarque s’éteignit en murmurant «  Nous irons en Jérusalem  ».
Le roi chevalier perdait la vie, et gagnait son salut : la Jérusalem céleste. Le 11 août 1297, Boniface VIII canonisa Louis IX. Puisse le saint roi inspirer toujours en nous sa dévotion et son amour de son pays.


[1Lire le sermon ici

[2Missel quotidien vespéral et rituel, par les moines bénédictins de l’abbaye de Clairvaux, 1960

[3La Nouvelle Revue d’Histoire, n°73 (Juillet-août 2014), p.56

25 août 2014 Thibault Corsaire

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