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L’actualité nous prend au corps et peut aller jusqu’à nous posséder, comme le diable. Terrible tentation de nos temps, où l’information se fait en continu, où l’Internet propose un fil ininterrompu de faits, de réactions, de commentaires, d’explications... Comment lutter contre cet activisme, encore encouragé par la vie en ville, lieu d’habitat de Français – et autres... – de plus en plus nombreux ?
Face à cette immersion forcée dans le monde, supportée comme en apnée, le monachisme a des remèdes à nous proposer. Sans soutiens et sans pommade, l’âme chrétienne ne peut tenir devant tant d’insistance et devant tant d’actions, plus divertissantes les unes que les autres : le danger de sombrer dans la modernité de la mondanité nous guette toujours.
Le recueillement permet de prendre du recul. Ce recueillement est aussi succinctement que doucereusement résumé dans un opus cartusien ayant déjà fait ses preuves : Amour et Silence, œuvre d’un moine aussi humble qu’anonyme, éditée une première fois en 1951 avant de réapparaître chez les éditions du Seuil, à Évreux, en 1995. Le succès de la simplicité, du bon sens, et du bon sentiment religieux. Rien de plus ; rien de moins.
La Chartreuse Saint-Sauveur à Villefranche-de-Rouergue – « La plus belle Chartreuse de France » (après toutes les autres)
Première leçon : « Dieu est partout [1]. » Ne jamais l’oublier, même dans le militantisme le plus sincère. En bref, il s’agit de ne pas croire que tout est indifférent : la moindre action, en fait, sans panthéisme, engage notre lien avec le divin. Ne perdons pas ce lien que le baptême nous a donné et que les sacrements de l’Église nous rappellent au fil de notre pèlerinage terrestre. L’oublier, le perdre de vue, c’est répéter la « rupture [2] » originelle d’Adam et Ève.
Et il faut savoir faire silence, autour de soi et en soi, afin de retrouver cette intimité en Dieu – cette « vie divine [3] ». Un silence nécessaire à l’émergence d’un amour mieux ancré, davantage sincère, plus profond comme plus transcendant. Meilleur, car purifié... et comme divinisé. Se mettre en silence, c’est d’abord faire le vide... pour pouvoir, ensuite, faire le plein de divin [4] : c’est l’exact inverse de la « prison [5] » de l’égoïsme qui sans cesse nous menace. Et de la même façon, par le jeûne eucharistique, nous faisons le vide en nos entrailles afin de mieux les emplir du Christ ! Le Chartreux, à ce propos, nous enseigne que les chapelets ou médailles que nous portons sur nous servent aussi à nous rappeler que nous portons en nous le Seigneur [6]. Temples de l’Esprit Saint. Et la charité, c’est-à-dire l’amour véritable, n’est autre que la vie divine déjà commencée, par l’espérance, sur cette terre.
Enfin, une phrase, bien sentie et tournée, nous paraît être le meilleur répulsif contre le péché d’activisme – et contre le danger d’obsession qui lui est souvent adjoint : « Il faut que nous comprenions enfin que nous sommes totalement incapables de faire le bien, et que le seul moyen de vivre, c’est de ne plus agir que par Dieu et pour Dieu [7]. » Cela se fait par l’oraison permanente (aidée de la fréquente Communion et de l’intercession mariale), objectif chéri du Chartreux, non comme objectif d’ailleurs, mais simplement comme moyen de parvenir à l’unique Fin véritable, en toute simplicité... Si vos intentions, rationnellement éprouvées, n’entrent point dans ce cadre : abandonnez. Alestissez-vous !
« [L]es terribles conflits qui déchirent le monde sont la conséquence d’un manque général de vie intérieure [8]. » Il faut donner tout ce que l’on a, notre cœur, à Dieu et non à César, ce Janus aux visages d’Hérode et de Néron...
[1] Un Chatreux, Amour et silence, Évreux, Éditions du Seuil, 1995 (1ère éd. : 1951), p. 26.
[2] Ibid., p. 33.
[3] Ibid., p. 34.
[4] Ibid., p. 80.
[5] Ibid., p. 127.
[6] Ibid. p. 37.
[7] Ibid., p. 55.
[8] Ibid., p. 104.
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