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Venez, vous tous qui peinez, l’Assemblée vous fera une loi

24 décembre 2011 Jean Herbottin

A vous qui sous les chaînes de l’oppression ployez

S’adressent mes vers plats et mon esprit obtus

Chaque jour plus encore de peines encombré

Par la farandole du peuple des élus.

Ce sont les victimes, les dieux des temps modernes,

Les damnés de la terre, les forçats de la faim,

Miséreux devant qui la terre se prosterne,

Comme en réparation d’un funeste destin.

Celles des génocides ou simplement de l’Homme

Les victimes en ce monde sont l’inouï veau d’or

D’une foule sans Dieu, adorant les podiums

Où se pressent, vaincus, ces nouveaux matamores.

Autrefois la victoire couronnait les vainqueurs

Autrefois se vantaient les hommes couverts de gloire,

Aujourd’hui ils s’excusent sous les assauts du cœur

Qui chaque jour neuf fait la raison déchoir.

Devant mon infamie, hurlez et bondissez

Je ne fléchirai pas face à vos sots canons.

Devant vos idoles je ne puis sacrifier

Je vous laisse, ignorants, à vos vaines chansons.

Ils s’indignent et se battent, inutiles stratèges

Soucieux à chaque instant de refaire la loi.

Battez, nous disent-ils, la coulpe du cortège

De négriers, colons et ancêtres gaulois.

Ceux-là sont nos aïeux, nous en sommes héritiers

Ils nous ont élevés sur un tas de défunts

Et nous-même aujourd’hui, nous devrions payer

Cette dette morale issue de temps anciens.

Ces victimes en ces jours sont l’aristocratie

Au pays exigeant des pensions et des charges,

Préférant distinction à méritocratie,

Leurs bien beaux idéaux au loin prenant le large.

Certes, il en est de vraies, je ne le nierai pas

Mais leur grande inflation me donne le vertige.

Tous désirent leur part à ce nouveau repas

Qui de l’ancienne alliance efface les vestiges.

Chacun se cherche donc un prétexte facile,

Concurrent éternel, envieux et jaloux

Gardant jalousement leur sacro-saint ancile :

Prêchant avec ferveur, mais loin de Bourdaloue.

Nos saints prédicateurs nous ressassent sans cesse

Que des hommes ont souffert sur l’autel de l’Histoire

Que leur vif innocent coula dans le Permesse

Rendant impératif le devoir de mémoire

Or le plus grands des arts fut par trop délaissé !

« Mémoire » est à présent le sésame suprême,

Répondant aux questions de la modernité

Qui sur les maux du temps étale de la crème.

La plaie, elle, demeure, boursouflée et béante :

La mémoire est bien courte et ne vaut pas savoir :

En séparant les hommes, si fate elle alimente

La rancœur et la haine, bêtise et désespoir.

Répondre à nos problèmes et courir le bonheur

Passera à présent par les faiseurs de lois

Chaque communauté se prévaut du malheur

Se sépare des autres, captive de ses choix.

Le moderne dédain se fait juge et parti,

Sans honte condamnant les hommes du passé

Usant de notre Histoire en la changeant en lie,

Poison rance et amer qu’il nous faut rejeter.

Et nos politiques glissent sans réfléchir,

Abêtis par des ans de médiocres idées,

Votant tel un homme sous la pression de l’ire

De quelques impétrants à la faible pensée.

Ceux-ci n’ont de souci que la vue des suffrages

Qui sur leurs beaux fauteuils peuvent encor les asseoir.

Alors, levant la main, ils condamnent les âges,

En arbitres des temps, eux vrais marchands de foire !

Alors ils condamnent les sots négationnistes

Pensant qu’il faut des lois pour juger la bêtise !

Mais ne pensent-ils pas qu’un jour un polémiste

Pointera leur bilan, léger comme la bise ?

Car à la vérité il apparaît funeste

D’user de son passé comme d’un défouloir !

Le présent, quant à lui se montrera bien preste

Pour juger leur bévue comme erreur de l’Histoire.

Tout le monde aujourd’hui se proclamant victime,

Le droit s’adaptera sous les coups de marteau

De groupes organisés dans un élan sublime

Estimant que ceci guérira tous leurs maux.

A se « victimiser », l’on ne réfléchit plus :

C’est oublier le mot « responsabilité ».

Hier est à hier, ce passé est perdu,

Pensons à aujourd’hui et à l’éternité.

Travaillons donc plutôt à vivre dans le monde,

Faisons face à nous-mêmes et notre lâcheté.

Que dire du procès sans parti qui réponde ?

Une farce immorale, un tour sans probité.

A défaut de courage, ayons l’intelligence

D’avouer notre échec à transformer le Monde.

Sortons, mes bons amis de la froide Indigence

Qui fait de nos aïeux l’objet de notre fronde.

Les problèmes du temps ne regardent que nous,

Ne cherchons d’alibis chez les gens d’autrefois.

N’allons pas, de grâce, nous affranchir de tout :

Nous nous montrerions bêtes comme des oies.

24 décembre 2011 Jean Herbottin

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