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Golias a frappé de nouveau. Je le confesse à Dieu tout puissant, et je le reconnais devant mes frères, j’ai acheté le dernier enfant de ce magazine « conciliaire », sympathiquement baptisé Trombinoscope des évêques de France.
L’ouvrage, présenté comme une « évaluation pour chaque évêque », se veut « rigoureux, alliant l’observation de l’homme sur le terrain, en action dans son diocèse et l’étude de ses écrits pastoraux. » On y note les évêques en leur donnant des mitres, cinq étant le signe d’un grand pasteur, une seule étant la sanction d’un homme pas extraordinaire. S’ajoute à cela le bonnet d’âne, attribué à ceux qui sont vraiment trop nuls.
Passons sur le caractère effroyablement progressiste du machin, où l’on parle de « soutane triomphaliste » ou de « jeune clergé réac’ », Golias n’est pas connu pour ses excès d’amour de la Tradition. Tout cela passe encore. Le véritable problème est le principe même de l’ouvrage : noter des évêques. S’attribuer le droit de juger nos pasteurs sacrés, et leur mettre parfois des mauvaises notes. Suis-je le seul à être profondément scandalisé par ce genre de pratiques de la part de gens qui se disent chrétiens ? Qu’on soit d’accord ou non avec leur « ligne pastorale », qu’on soit favorable ou non (encore que l’Eglise, l’Epouse du Seigneur, se moque tout à fait de telles subjectivités) à la messe de « forme extraordinaire », nos évêques ont été ordonnés pour gouverner le peuple chrétien, et si la critique privée de certains comportements est inévitable, ouvrir dans un opus prétentieux des charges virulentes contre eux est insupportable. On peut se réclamer de la « démocratie », invoquer la « conscience des baptisés », on a beau draper ce torchon dans des draps de nécessité évangélique, c’est inadmissible. Non, l’Eglise n’est pas une démocratie : la seule fois où Jésus a essayé le vote du public, il s’est fait battre contre un criminel condamné à mort.
A entendre ces attaques contre la « médiocrité » de certains évêques, à les voir présentés tous comme des carriéristes dignes de courtiers du Dow-Jones, à entendre Golias les juger un à un, les affubler d’un petit mot résumant le tout, en dire certains « meilleurs » que d’autres, on finit par en oublier qu’ils sont prêtres et évêques, ordonnés dans la plénitude du sacerdoce pour mener le peuple de Dieu vers son Bon Pasteur. Il est dramatique que des laïcs vindicatifs s’arrogent le droit de faire des procès pareils. Qui sont-ils ? Se croient-ils meilleurs chrétiens qu’eux ? Ont-ils une si haute estime d’eux-mêmes et de leur idées vaseuses qu’ils aillent jusqu’à prédire l’échec de telle ou telle initiative ? Quelle honte.
Mais cette attitude n’est pas exclusivement le fait d’une minorité idéologue qui entend faire fonctionner l’église comme une coopérative cotonnière sud-américaine, bien qu’elle en soit l’expression la plus perverse. Malheureusement, tous, nous sommes tentés de nous accaparer le mystère du sacerdoce pour en faire le jouet de nos jugements imparfaits. Il n’est pas plus paroissienne que cette manie de s’accrocher à Monsieur l’ancien curé, parti à l’autre bout du diocèse, et de faire la grimace au nouveau, qui décidément ne fait rien comme on avait l’habitude. Mais c’est un comportement d’enfant. Les prêtres vont là où on leur demande, et ils ont autre chose à faire que subir nos litanies sur « comment on fait ici ».
Assez ! Assez d’entendre des chrétiens engagés qui ne peuvent pas s’empêcher de faire des remarques (toujours dans le dos) sur ce qu’a fait Monsieur l’abbé, sur sa soutane qu’il ne veut pas enlever même à Rio pour les JMJ, sur le Père Truc qui est trop exigeant avec les servants, sur l’Abbé Chose qui ne sait pas s’adresser à des adolescents… Assez ! Que savez-vous du sacerdoce ? Vous ne voulez pas des prêtres parfaits, vous les voulez à votre ressemblance, et conformes à vos désirs ! Ils ont reçu l’Esprit Saint tels qu’ils sont, pour apporter le Christ aux hommes, et si vous aviez un tant soit peu de foi dans le mystère de l’Ordre, vous n’oseriez même pas ouvrir la bouche pour critiquer ceux que le Seigneur vous donne !
Qu’on s’entende bien, il n’est pas ici question de donner carte blanche à tous les prêtres pour faire ce qu’ils veulent : les fidèles ont bel et bien le droit d’être gouvernés par un homme fidèle à son Eglise, à la Tradition et à l’Evangile. Ce qui devrait, en revanche, ne plus avoir lieu, ce sont ces médisances où chacun essaie d’imposer à tel ou tel prêtre sa petite idée, et voudrait que l’on fasse selon ses volontés. Les « il ne réussit pas bien avec les jeunes… » appuyés d’un petit air entendu, les « s’il pouvait un peu moins parler de ça ! », les éternels « il n’écoute pas », tout ça est à vous donner envie d’étrangler quelqu’un.
Alors oui, chers fidèles, vos prêtres sont humains. Ils ont des défauts. Certains plus visibles, certains qui vous déplaisent particulièrement. Mais vouloir bannir ces défauts pour avoir des prêtres en tout point conformes à l’idée que vous vous faites d’eux, là non. Priez pour vos abbés, aimez ceux qui vous sont donnés, car ils ont risqué leur vie pour vous.
A toutes vos idées pastorales, vos conceptions liturgiques, vos désidérata ecclésiaux, j’oppose Saint Louis-Marie Grignion de Montfort et Saint Jean-Marie Vianney, dont la révélation de sa vocation s’accompagna de cette phrase sublime, si belle, et qui dit tout de ce ministère sacré : « Je veux être un Saint prêtre, pour sauver beaucoup d’âmes ! » ; je vous oppose ces hommes qui ont été montrés du doigt, repoussés, traités de tous les noms, moqués en raison de leur façon de sauver les âmes, mais qui à la fin ont été reconnus par l’Eglise Universelle comme d’immenses Saints.
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