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Nombreux sont ceux, que leurs préférences aillent à la droite classique ou au Front national, qui avaient placé leurs espoirs dans cette élection. Les uns puis les autres ont assisté une nouvelle fois avec effarement et dégoût – même si cela était fort prévisible – à l’élection d’un président de la République de gauche dans un pays de droite. Nombreux sont ceux qui vont rejoindre la cohorte déjà bien dense des Français qui se détournent totalement de la politique. Cette fracture- là va continuer à s’agrandir.

Le jeu politique ne va cependant pas s’arrêter : pour ceux qui font le choix de continuer, les élections législatives vont arriver vite. Mais c’est après, en réalité, que la vraie bataille politique devra se produire. Je ne parle pas de celle de l’opposition –- nous pourrions tous déjà écrire les discours que ses futurs ténors vont prononcer dans les mois à venir -– mais de celle beaucoup plus profonde qui devra mener à la création d’un nouveau parti. Cela passera certainement par un démantèlement des Républicains mais aussi du Front national. Car le clivage gauche/droite est dépassé dans la réalité et à dépasser sur l’échiquier politique. Les analyses de Christophe Guilluy ou de Mathieu Bock-Côté décrivent désormais clairement que les lignes de fracture sont ailleurs : clivage entre les vainqueurs et les perdants de la mondialisation, clivage entre ceux qui restent attachés à leur identité française et ceux qui ont désormais une identité mondiale, clivage entre la France des grandes métropoles et celle des provinces, clivage identitaire entre partisans et opposants du multiculturalisme…

Cette élection doit aussi nous faire enfin comprendre que l’on ne peut tout (ou trop) attendre de la politique : la crise profonde que traverse la France ne pourra pas se résoudre uniquement par des solutions politiques. Nombreux sont ceux qui se sont engagés comme militants dans cette campagne depuis des mois, souvent même depuis bien plus longtemps (la mobilisation lors de la Manif pour tous en a réveillé plus d’un). Nombreux sont ceux qui après des mois d’activisme et de militantisme en ressortent avec un dégoût profond de la politique et ont l’impression désagréable de n’avoir fait que du bruit, que remuer des mots, qu’agiter la toile, que distribuer des tracts. Et si le militantisme politique comporte en effet une part de martèlement des idées et de buzz à faire, il faut bien reconnaître que le niveau général de cette campagne a été extrêmement bas.

Certains, tant chez Les Républicains qu’au Front national, ont donc déjà choisi de quitter leurs engagements militants et politiques. Si leur volonté de vouloir faire autre chose que du bruit militant est tout à fait compréhensible, je voudrais leur proposer plutôt que l’inaction de s’engager autrement. Il y a là une leçon à tirer : nous ne pouvons pas placer trop d’espoirs dans la politique. Mais il y a aussi une réflexion à mener : malgré les avertissements prodigués par exemple par les veilleurs, les jeunes catholiques sont assez nombreux à avoir foncé tête baissée dans un engagement politique ou militant, à s’engager dans l’action sans avoir pris le temps de la réflexion et de la formation. Nous sommes trop nombreux a avoir négligé ou sous-estimé cet aspect-là : il est une bataille bien plus grande que la bataille politique, une bataille qui la sous-tend (ou devrait la sous-tendre) : c’est la bataille des idées. Et nous ne la gagnerons pas autrement qu’en passant par cet engagement beaucoup plus ingrat, long et discret, dont les résultats ne sont visibles qu’au bout de plusieurs années : celui de se former. Je ne parle pas ici de formation à l’agit-prop médiatique, mais de la formation des idées et de la pensée. Histoire, bioéthique, droit, philosophie, théologie, économie, doctrine sociale de l’Église... que sais-je encore. Plutôt que de repartir pour cinq ans dans une opposition en grande partie stérile (même s’il faudra certainement reprendre nos drapeaux et nos sifflets lorsque de nouvelles lois sociétales seront avancées par le futur gouvernement), formons-nous. Le temps du militantisme et de l’engagement politique reviendra bien assez tôt.

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