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Quel avenir pour l’UMP ?

Suite à la récente démission de M. Copé, causée par une enquête pour détournements, opportunément dévoilée après la « défaite » des européennes, un triumvirat composé de MM. Juppé, Raffarin et Fillon a été mis en place pour gérer la crise que traverse l’UMP.

Ces trois anciens Premiers ministres peuvent-ils changer l’image de l’UMP ? C’est peu probable. Le grand âge de l’un, le manque de visibilité du second et les dernières sorties du dernier risquent de continuer à séparer le principal parti d’opposition (à l’Assemblée Nationale) des préoccupations de ses militants. Et si leur expérience est un atout, il ne faut pas oublier que ces personnes, dont le rôle est de critiquer la politique gouvernementale, en théorie dans l’intérêt de la France, n’ont pas été capables de réformer comme ils le préconisent actuellement lors de leur passage au sommet de l’État.
S’ils peuvent sauver le parti sur un plan institutionnel, en permettant, peut-être, une transition douce avec le futur président, une partie de son socle électoral risque de ne plus se reconnaître dans ce parti.

Un réflexe de fronde aristocrate…

Si Condé ou Rohan réussirent à braver le pouvoir royal, c’est en partie parce qu’ils bénéficiaient d’un socle de partisans, vieil héritage féodal, qui les suivirent de manière aveugle. Nos barons de l’UMP ne jouissent pas d’un tel privilège pour braver le pouvoir socialiste. Longtemps l’UMP a été supportée par cette France « de droite, blanche, catholique et provinciale », car elle a su défendre les intérêts de ce petit peuple tranquille, ce qu’elle ne fait plus aujourd’hui.

La réorientation de parti ne peut être menée par ceux qui n’ont su s’opposer

Depuis les grandes manifestations de 2013, la droite conservatrice, certains l’appelleraient rétrograde, demande un repositionnement du parti sur une ligne qui, tout en gardant les grands aspects du gaullisme, saurait combattre les idéologues modernes qui veulent déconstruire les « stéréotypes culturels », comme ils disent, sur lesquels s’appuie l’identité de la France. Et cette réorientation du parti ne peut être menée par ceux-là même qui n’ont pas su, ou voulu, s’opposer à ces changements de société. De surcroît quand commencent à s’éveiller politiquement des jeunes dont les convictions ont, selon eux, été dénigrées par une grande partie de la classe politique, médiatique et les « élites » artistiques.

Un nouveau personnel politique qui pourrait vouloir s’émanciper

Si pour le moment ces jeunes, étudiants mais aussi actifs, ont choisi de rejoindre l’UMP pour s’appuyer sur un réseau de militants et tenter d’influencer le programme du grand parti de droite, il faut que celui-ci prenne garde à un retournement de situation et à un départ de ce nouveau personnel politique qui pourrait, en cas de désaccord manifeste, vouloir s’émanciper d’un parti rigide et campé sur des idées de la fin du siècle dernier. En effet, cette génération forgée l’année passée dans la lutte contre Mme Taubira ne saurait se battre en 2017 pour le parti d’une NKM favorable au mariage pour tous, d’un Fillon refusant de descendre dans la rue pour la défense de la famille ou d’un Wauquiez qui révélait avant de prendre le train de la contestation en marche qu’il était tout à fait favorable à l’idée du mariage ganymède.
L’UMP doit impérativement prendre en compte le réveil de cette France trop longtemps endormie, car désormais elle connait sa force et compte bien peser sur les décisions politiques françaises.

Un pari risqué pour le parti

Si, comme cela se dessine pour le moment à travers le discours de ses figures tutélaires, l’UMP de demain devait aller « de la droite au centre », cela se traduirait en termes de ligne politique par un conglomérat libéral. Cette super alliance UMP-UDI, imaginée pour contrecarrer un FN grandissant, aura comme conséquence une réorientation idéologique forcée au sein du parti. Et c’est là que le bât blesse. « Rien ne doit changer » semble être le message envoyé aux sympathisants. Mais pour une vrai réforme de l’UMP, il faut commencer, comme le dirait Philippe Tesson, « par un renouvellement des hommes. Que ceux qui ont failli disparaissent, eux, leur idéologie archaïque, leur sectarisme et leur suffisance ».

Ici se découvre un enjeu pour l’UMP bien plus important que celui de savoir qui de Jacques, Jean, Alain, Nicolas ou François sera candidat aux élections de 2017. Mais comme le dit Christian Estrosi, peut-être l’UMP est-elle « un parti qui est déjà mort, un parti qui ne distribue plus que des investitures et ne produit plus d’idées nouvelles ».

Henry de Cramezel et Montcalm

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