L’infolettre du R&N revient bientôt dans vos électroboîtes.
Gueule de bois ce matin pour le Parti socialiste : ses alliés et lui perdent plus de 150 villes, dont 68 de plus de 30 000 habitants, au second tour de ces élections municipales.
La droite a remporté une large victoire, qui demeure mécanique à bien des égards : la gauche s’est discréditée, et l’opposition en profite. Pourtant, il y a des éléments significatifs d’un basculement politique en profondeur. Le vent se lève dans notre pays, et cela doit nous gonfler les poumons de l’air frais de l’espoir.
Le magistral rédacteur-en-chef de La Vie Jean-Pierre Denis synthétise bien la situation dans laquelle se trouve la gauche « sociétale », bobo et médiatique, qui est la grande perdante du scrutin :
La gauche sociétale, c’est celle qui pensait mères porteuses et euthanasie quand on l’interrogeait sur le progrès. (...) C’est cette gauche qui a largement gagné Paris. Oui, mais Paris n’est pas la France : voyez la défaite rencontrée de Tours à Quimper et Caen à Niort, dans ce grand Ouest ou le passage de la démocratie chrétienne à la social démocratie constitue le plus grand changement de culture politique des quarante dernières années. Voyez le reflux du vote musulman dans les banlieues (entre abstention et passage à droite). Reflux encore peu documenté mais déjà incontestable. (...) Un beau sujet de méditation pour Najat Vallaud-Belkacem, Marisol Touraine, Dominique Bertinotti, Erwan Binet et quelques autres !
Les esprits mondains de Paris voulaient croire que la loi Taubira, et ses annexes du genre à l’école, de la PMA et de la GPA, n’auraient aucune conséquence parmi la population, qu’on disait neutre, passive et attentiste.
Ils pleurent, à présent. A Caen, le candidat UMP Joël Bruneau, qu’on disait incapable de déboulonner la statue socialiste en place, a été brillamment élu, en ne faisant pas mystère de ses sympathies pro-Manif pour tous, au grand dam du centre LGBT de Normandie, qui est désormais « suspendu à son utilité » par le nouveau maire.
A Toulouse, c’est un autre soutien de la Manif pour tous, Jean-Luc Moudenc, qui a été élu sur le fil, coiffant au poteau le très laïcard Pierre Cohen, et suscitant l’ire des militants LGBT Place du Capitole.
Mais c’est le vote musulman, réputé acquis pour la gauche, qui stupéfait actuellement les beaux esprits parisiens. Plus que le mariage homosexuel, c’est la polémique du genre à l’école, et la politique anti-familiale en général, qui a détourné les électeurs du Parti socialiste.
A Marseille, Le Point rapporte la dure réalité : « le candidat PS a payé au premier tour auprès des musulmans - qui se sont beaucoup abstenus dans son secteur - la mobilisation des anti-mariage pour tous. » Dans la Cité Phocéenne, des imams qui avaient voulu prêcher contre le mariage gay l’an dernier avaient été menacés de contrôle de papiers dans leurs mosquées par la police. Les médias officiels furent muets, mais pas les réseaux de la communauté musulmane.
La Fondation Jean Jaurès, à gauche, mais honnête, a récemment alerté les parlementaires socialistes à l’aide d’une étude sur la « famille électorale musulmane » :
La droite, telle qu’elle est aujourd’hui, stigmatisant la religion musulmane et peu sensible aux demandes d’égalité, ne peut parler à cet électorat. En revanche, une droite conservatrice mais qui renouerait avec un discours d’essence gaulliste pourrait peut-être le faire.
Quant à la gauche, ce que montre cette étude, c’est l’impasse de la stratégie électorale qui avait été portée, il y a deux ans, par mes amis de Terra Nova. L’alliance privilégiée des bobos et des populations issues de l’immigration - le plus souvent musulmanes - ne serait pas seulement une erreur politique grave parce qu’elle négligerait le poids des seniors et des milieux populaires, elle se heurterait en outre, on le voit, à la difficulté de rassembler durablement des familles diamétralement opposées sur les questions culturelles.
Et si l’électorat musulman était une aubaine, pour bâtir une France unie, cohérente et fondée sur des valeurs immatérielles ? Cela passerait nécessairement, pour la droite, par un examen de conscience, au profit d’une véritable réflexion sur l’accueil de l’apport de l’islam dans la composante nationale.
Le soir du second tour, le maire UMP réélu de Bordeaux Alain Juppé, tempéré comme un chat craignant l’eau vis-à-vis de la Manif pour tous l’an dernier, catholique sceptique notoire, et courant les premiers mariages gays, a eu des mots remarquables, en critiquant : « les erreurs du gouvernement sur des sujets comme l’euthanasie, la PMA et la GPA. »
C’est très significatif : même la droite « modérée », celle de Alain Juppé ou de Bruno Le Maire, perçoit la force de la France tranquille, qui sent d’instinct qu’un certain mode de vie, d’une forme de civilisation, est menacée par la surenchère sociétale. Nathalie Kosciusko-Morizet en paye le prix : même si son vote contre le mariage gay l’an dernier ne lui aurait pas suffi à remporter Paris, il aurait eu le mérite d’unir sa base, ce qui lui a fait cruellement défaut.
Il faut donc continuer à s’engager, à tous les niveaux, et à maintenir la pression sur les partis et les hommes politiques.
Le reflux de l’adversaire, malgré son pouvoir médiatique et culturel, a déjà débuté. Il ne reste plus à François Hollande que de nommer lors du prochain remaniement le provocateur Manuel Valls à Matignon, et l’opportuniste sectaire Erwann Binet à la Famille, pour rallumer la mèche du combat frontal de l’an dernier.
PS : salutations bretonnes désolées à Bernard Poignant, maire PS sortant de Quimper, et conseiller personnel de François Hollande, qu’il avait pourtant mis en garde, un peu, l’an dernier, beaucoup en février 2014, sur les effets néfastes du mariage gay. « On aura 2 millions de personnes dans la rue » lui avait-il dit, après la manifestation du 2 février. Une sentinelle de la lucidité s’en va.
Le R&N a besoin de vous !
ContribuerFaire un don
Dernières dépêches : [NOUVEAUTÉ] Sortie du jeu de société chrétien « Theopolis » • Retour de la communion sur les lèvres à Paris • Etats et GAFA : l’alliance impie est en marche • [CHRISTIANOPHOBIE] Retour sur le concert raté d’Anna von Hausswolff • [ÉGLISE] Les hussards de la modernité à l’assaut des derniers dogmes de l’Eglise • [IN MEMORIAM] Charles, entre idole des jeunes et divinité laïque • [CHRÉTIENTÉ] L’épée d’Haïfa et la chevalerie rêveuse • Le service public l’a décrété : le wokisme n’existe pas • [IN MEMORIAM] L’Heure des comptes viendra-t-elle bientôt ? • [IN MEMORIAM] 4 novembre 1793 : Louis de Salgues de Lescure
Le Rouge & le Noir est un site internet d’information, de réflexion et d’analyse. Son identité est fondamentalement catholique. Il n’est point la voix officielle de l’Église, ni même un représentant de l’Église ou de son clergé. Les auteurs n’engagent que leur propre conscience. En revanche, cette gazette-en-ligne se veut dans l’Église. Son universalité ne se dément point car elle admet en son sein les diverses « tendances » qui sont en communion avec l’évêque de Rome : depuis les modérés de La Croix jusqu’aux traditionalistes intransigeants.
© 2011-2025 Le Rouge & le Noir v. 3.0,
tous droits réservés.
Plan du site
• Se connecter •
Contact •
RSS 2.0