L’infolettre du R&N revient bientôt dans vos électroboîtes.
Madame Barjot,
Licencié depuis un an en Lettres et Sciences Politiques, je suis un de ces jeunes étudiants passionnés par la « chose publique ». Cela m’a valu de m’investir de tout cœur dans le mouvement que vous avez fait se lever il y a plus de six mois pour défendre notre vision de la famille contre le projet de loi Taubira.
Cela fait un certain temps que je veux vous remercier. Mais certaines de vos positions récentes m’ont donné le sentiment d’avoir été trahi, et j’ai alors envisagé de renoncer à vous écrire. Pourtant, nous vous devons tant que je ne pouvais oublier, ni même ignorer le dévouement qui a été le vôtre. Cette lettre, je l’écris donc, pour vous remercier d’abord, mais aussi pour vous faire part de mes inquiétudes. Ma démarche s’inscrit dans la volonté d’un dialogue constructif et pacifique, tel que nous l’avons voulu depuis le début de ce mouvement que vous avez mené. C’est pourquoi je ne doute pas que vous accueillerez positivement ces quelques lignes.
Pour commencer, je crois pouvoir engager sans risque l’immense majorité des manifestants en affirmant que nous sommes tous conscients que, sans vous, la Manif pour Tous n’aurait pas été ce qu’elle a été. Et pour avoir discuté avec certains de vos détracteurs parmi les plus convaincus au sein du mouvement, eux-mêmes le reconnaissent. Nous savons tous quels risques vous avez pris pour mener à bien cette aventure humaine pour la défense du plus faible. Nous savons combien cela vous a exposé à des critiques violentes, des calomnies honteuses, des questions impitoyables de journalistes et des menaces de mort, que vous avez su affronter sereinement et fermement. Oui, nous savons que vous avez tout donné dans ce combat.
Sans votre sens du rassemblement, une telle mobilisation n’aurait pas été possible. A l’aube de cette contestation, vous avez su condamner fermement ce projet de loi, sans jamais stigmatiser les personnes homosexuelles ni vos adversaires. Les seuls que vous avez dénoncés sont ceux qui faisaient usage de la violence. Des milliers de gens vous ont suivie et soutenue, unis derrière ces deux mots : opposition et pacifisme. A la condition que ces deux exigences soient respectées, vous vouliez rassembler tous les points de vue. Et vous l’avez fait à merveille, brassant depuis l’extrême droite jusqu’à la gauche. Pour tout cela, nous vous devons tous un immense merci.
Mais aujourd’hui, mon admiration laisse place à l’incompréhension, ma reconnaissance à la colère. Le force du rassemblement était dû au fait qu’il n’imposait rien : pas un parti, pas une religion, pas un point de vue autre que celui qui nous unissait. C’est ainsi que vous avez rassemblé. Mais c’est en abandonnant ce principe que vous avez participé à rompre cette belle unité. Je ne peux vous reprocher votre opinion que je respecte, mais vous n’aviez nullement le droit de vouloir nous l’imposer à tous. Vous avez voulu entrainer ainsi tous ceux qui vous suivaient sur un chemin où, pour une majorité d’entre eux, ils ne voulaient pas aller.
Vous avez d’abord voulu un référendum. J’étais personnellement favorable à une abrogation sans condition, mais nous vous devions tant que j’ai fermé les yeux. Puis vous avez condamné le Printemps Français. Certes, leur logo et leur nom à consonance révolutionnaire contraste avec leur pacifisme revendiqué et une action, de fait, non-violente. Mais vous sembliez regretter même cette action, qui pourtant me paraissait complémentaire aux manifs pour tous, aux opérations des Hommen et à l’initiative des Veilleurs. Alors je me suis dit que finalement, dans vos négociations avec Messieurs Boucault et Valls, vous ne pouviez que désavouer ce mouvement, et ce dans l’unique dessein d’optimiser le déroulement des manifestations. Enfin, vous avez pris parti, avec plusieurs autres cadres de la Manif, pour l’union civile, invitant la foule à vous suivre comme elle l’avait fait fidèlement jusque là. Mais cette fois, nous ne le pouvions pas.
Vous vouliez rassembler toutes les sensibilités contre ce projet de loi. Pourquoi alors nous avoir désavoués pour la seule raison que nous avions une opinion divergente de la vôtre ? Vous n’avez cessé de marteler dans les médias que la Manif pour Tous était pacifique. Pourquoi alors, maintenant que vous n’en êtes plus, lui imputer la responsabilité indirecte de la mort de Clément Méric, comme si elle était devenue un « monstre radicalisé » pour reprendre les mots de votre ami et collaborateur Xavier Bongibault sur Twitter ? Vous vous êtes battue contre l’amalgame récurrent qui assimilait sans discernement opposants au projet de loi et extrémistes violents et homophobes.
De même, je me battrai contre celui qui s’installe aujourd’hui avec votre complicité, et confond désormais les opposants à l’union civile avec ces mêmes extrémistes.
Votre nouveau mouvement « Avenir pour Tous », défendant l’union civile, se veut être le relai de la Manif pour Tous. Malheureusement, et croyez bien que je le regrette, vous ne pouvez y prétendre. Car si vous avez su rassembler tant de monde derrière vous avec la Manif pour Tous, « Avenir pour Tous » est en revanche l’institutionnalisation d’une division que je déplore. Pourtant, je pense sincèrement qu’une action qui se traduise dans les urnes puisse être d’un grand bénéfice pour la société toute entière. Mais le succès de votre initiative ne se fera pas sans une unité retrouvée avec les autres formes de contestation. Nous avons encore besoin de votre engagement et de votre énergie pour continuer à lutter, et je serais prêt à vous suivre à nouveau si vous consentiez à revenir, non pas en renonçant à vos opinions, mais en respectant les nôtres.
Dans l’attente de votre réponse, je vous assure de mes prières et vous prie d’agréer, Madame, l’expression de mes respectueuses salutations,
Pôchet
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