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Monsieur le président de la République,
Je m’adresse à vous en ultime recours puisque comme le dit Emma : « Vous êtes le Papa de toutes les pupilles de l’Etat. »
Adoptée à l’âge de 18 mois, je peux dire que je suis une enfant de la République. Moi, Anne-Claude, née sous X, je suis fière de ce pays qui a pris soin de moi, m’a nourrie, m’a logée, m’a habillée. Le législateur dans sa grande bienveillance et son immense intelligence m’a cherché une famille. Car c’est cela l’adoption : c’est donner une famille à un enfant, non l’inverse. Et puis j’ai grandi dans ma famille auprès de mon père et de ma mère. Je savais que j’étais adoptée mais ceux à qui on ne le disait pas ne le devinaient pas.
Mes études supérieures de droit, ma découverte du Code Civil, du droit européen et du droit international m’ont confortée dans l’idée que le législateur protégeait l’enfant, qu’il tenait compte de son intérêt supérieur et qu’au nombre de ses droits il incluait celui d’avoir un père et une mère.
Aujourd’hui, cette même République est sur le point de voter une loi qui ouvre l’adoption aux couples de même sexe et qui fait disparaître le droit pour ceux qui lui sont confiés d’avoir un père et une mère.
C’est vrai que nous, les adoptés, nous avons plus que d’autres encore besoin d’amour. Mais il faut éviter des conditions où cet amour, absolument essentiel, nous rappelle nos manques originels et par là accroisse nos difficultés. Parce que nous avons été privés d’un papa et d’une maman, nous ressentons plus que d’autres, justement, ce besoin de dire ces mots si simples « C’est mon papa et c’est ma maman ». Pour m’aider à grandir, j’ai d’ailleurs eu besoin de mes deux parents, avec leurs différences. L’apport de chacun a été insubstituable, tout spécialement au moment de l’adolescence où les questionnements sont intenses. Je n’imagine pas un seul instant l’un sans l’autre car ils se sont complétés parfaitement. Si nous ne sommes pas élevés par ceux qui nous ont conçus, avec un père et une mère adoptifs nous nous construisons en comprenant que nous pourrions être l’enfant de leur amour. Notre filiation est vraisemblable et cette compréhension est essentielle dans notre construction. J’ai compris en devenant moi-même mère que cela avait été une étape fondamentale de mon développement.
De nombreux professionnels vous ont dit combien la blessure de l’abandon entraînait chez certains adoptés une quête incessante des origines. Comment concevoir alors de donner un enfant abandonné à un couple de même sexe ? C’est condamner cet enfant à un double questionnement permanent : « pourquoi moi ai-je été abandonné et pourquoi moi n’ai-je pas un papa et une maman ? »
Monsieur le Président de le République, il y a des évolutions fantastiques dans notre société mais dans ce domaine si particulier le changement peut être source de douleur. Vous savez quand on était petit on n’aimait pas trop dire qu’on avait été adopté parce qu’on ne voulait pas se sentir différents des autres. Monsieur le Président, n’ajoutez pas à la souffrance de l’abandon le poids que représente pour un enfant le fait de devoir assumer la différence de parents adoptifs.
Il y avait un homme et une femme à l’origine de notre venue. Remercions- les d’avoir eu la générosité, l’humilité et la sagesse de se rendre compte qu’ils n’étaient pas prêts pour cette aventure et donnons à toutes les pupilles de l’Etat cette immense chance d’avoir un père et une mère.
Alors aujourd’hui, Monsieur Le Président de la République, je crie haut et fort pour ces tous ces enfants, je demande que la République les protège comme elle m’a protégée moi. Ce combat n’est ni de droite ni de gauche, ni religieux, ni athée : il est celui de ceux qui ont connu cette fragilité de l’abandon, qui sont différents et qui méritent de se construire dans une filiation père- mère- enfant.
Monsieur le Président, par pitié, écoutez-nous !!!
Anne-Claude
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