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Le jour d’après

9 mai 2012 Bougainville

Interviews de lendemain de second tour, purement FICTIVES.

Richard-François Katz, journaliste, écrivain, rédacteur en chef de l’hebdomadaire et site internet Bastille89 :

« La vérité, c’est que mes amis et moi sommes bien embêtés. Nous travaillons depuis cinq ans à voir l’avènement de la gauche à l’Elysée et au Parlement… Pourtant, Nicolas Sarkozy était un si bon client ! Grâce à lui, nous avions des « unes » toutes faites chaque semaine ! Nous ne pourrons faire de même avec le nouveau régime, avec lequel nous sommes déjà liés… Allez, je l’avoue, ces cinq années m’ont fait rajeunir : grâce à Sarko, j’ai pu enfin jouer au résistant, ressuscitant le Conseil national de Jean Moulin et écrivant des appels à la désobéissance civile sans me faire arrêter… Mais c’est « off », bien sûr ! »

Guillaume de Montforval, académicien, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Famille française  :

« Cette défaite est terrible pour nous, mais elle ne me surprend pas. En réalité, je m’y attendais dès 2007, quand j’écrivais notre éditorial : « Il élèvera la France  ». Vous voyez, au moment même où j’expliquais pourquoi notre revue votait pour Nicolas Sarkozy, les mots, les postures et les visages m’indiquaient de quelle manière tout cela allait se terminer. Ces « Sarkoboys » en costume de grand prix, ces médias en pâmoison, cette arrogance, cette suffisance, cette conviction que l’avenir serait radieux parce que « enfin » libéral, réformiste, moderne et atlantiste : nous nous mettions nos propres œillères. Nous n’avons pas perçu l’incohérence et les fautes de notre camp. Nous avons perdu, non pas parce que nous sommes la minorité, mais parce que nous sommes les plus divisés. Nous payons aujourd’hui cinq ans d’irresponsabilité, que la dernière campagne n’aura pas réussi à rattraper.

Quel espoir, pourtant ! Quelle énergie que fut la nôtre ! Nous avions enfin notre Margaret Thatcher ! Hélas, nous avons eu un régime opportuniste, paralysé par un centrisme surestimé, qui a finalement permis à la gauche de l’emporter. Je ne peux même pas me consoler en songeant aux futures ventes de notre revue. Je suis troublé. »

Marie Bolland, analyste démissionnaire du ministère des Affaires étrangères :

« Ceux qui s’offusquent de voir des drapeaux algériens, tunisiens et marocains dans la foule saluant la victoire d’Hollande doivent se souvenir qu’il y avait les mêmes pour célébrer la réélection de Jacques Chirac en 2002, sans que la droite ne proteste… Quant à l’étendard palestinien, c’est le marqueur identitaire classique de la gauche actuelle, qui voit dans l’islam, y compris l’islamisme, la religion de l’opprimé à défendre. Pas étonnant que de vieux Juifs socialistes français ayant immigré en Israël votent à présent à droite. Sarkozy devrait d’ailleurs faire un tour à Tel Aviv pour se remonter le moral : il y serait acclamé !

Globalement, la politique étrangère du président sortant fut mauvaise, car elle était pro-USA par instinct, sans réfléchir, et trop brouillonne. Mais bon… le suivant fera certainement tout aussi mal, car il manque toujours la vision d’ensemble et la stature qui donneraient à la France une diplomatie digne d’elle. »

Deborah Gump, essayiste, journaliste, chroniqueuse au Monde et au Nouvel Obs, auteur de La laïcité républicaine contre les religions homophobes, maître de conférences à Sciences Po :

« Evidemment, l’élection de François Hollande, que nous avons méthodiquement soutenu, est une bonne nouvelle, car elle permettra la réalisation de causes pour lesquelles nous nous battons : le mariage entre personnes de même sexe, l’adoption pour les homosexuels, l’euthanasie, les mères porteuses, la laïcité dans la Constitution, le droit de vote des immigrés… Toutefois, sachez que nous ne sommes pas des militants socialistes : nous sommes au-dessus du peuple. Nous sommes des journalistes auréolés du prestige de notre corporation. Nous sommes des universitaires, des maîtres qui délivrent la Vérité, des experts autoproclamés mais respectés comme tels. Nous sommes des personnages n’existant que grâce aux médias, mais nous sommes les médias. Nous sommes intouchables, vous comprenez ? Que la France soit à gauche ou à droite, nous sommes là, et nous œuvrons avec la même constance pour nos idées.

Finalement, la présence de notre obligé à l’Elysée ne changera rien : nous serons toujours là, à l’affût, prêts à crier au fascisme dès qu’il sera question d’immigration et d’islam, à l’homophobie quand le sens de l’Histoire n’ira pas assez vite, au conservatisme lorsque les barrières de la société traditionnelle feront mine de résister, au populisme si quelqu’un se met sur notre route. C’est nous qui donnons les diplômes de bonne conduite. Nous ne serons jamais contents. La gauche ne sera pas épargnée, et nous la critiquerons quand il le faudra. Vous voyez : quel que soit le régime, nous sommes gagnants, et c’est ce qui compte pour survivre.  »

Paul Tarss, président d’Exultet, fraternité missionnaire catholique :

« Il est clair que le sectarisme idéologique de la gauche bobo envers l’Eglise ne faisait pas de Hollande un candidat naturel pour les chrétiens. Cependant, il ne faut pas oublier que nous n’avons pas vocation à être les faire-valoir d’un parti. L’engagement sans nuances de certains prêtres et laïcs en faveur de Sarkozy était peut-être un peu maladroit, et le catastrophisme des mêmes hier soir, franchement déplacé : nous ne devons pas avoir peur ! Nous sommes l’avenir ! Rien d’autre ne peut supplanter la Victoire du Seigneur, qui se traduit dans le temps et à travers nous ! Notre mission, annoncer le Christ, est la même, de tous temps, et qu’importe les gouvernements. Le seul programme qui tienne la route, c’est l’Evangile !

Cela ne veut pas dire qu’il faut déserter la politique : au contraire, il faut s’y engager massivement, mais en tant que disciples de Jésus et de la Vérité, et non comme agents de tel ou tel parti. Notre foi nous donne une liberté, une altitude et une force comme les meilleures armes qui soient. Au final, l’Eglise sera toujours là pour donner un message à la société, même et surtout si on cherche à la faire taire ! »

Nous vous rappelons qu’il s’agit-là de textes fictifs, montrant avec malice l’esprit de clan qui agite les droites françaises.

9 mai 2012 Bougainville

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