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L’Europe sans Bruxelles

Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître : l’époque dépassée où la France avait son destin en mains. Depuis le Traité de Rome de 1957, l’intégration à marche forcée suit son cours, à rebours des aspirations des peuples. Le processus s’est accéléré de manière dramatique avec le Traité de Maastricht, entré en vigueur en 1993. La CEE devient la CE, l’un des piliers de la toute jeune Union européenne. L’union économique devient politique, exhaustive, extensive. La monnaie unique est en germe. Nous connaissons la suite.

Je n’ai jamais connu de France véritablement souveraine. Aussi loin que je me souvienne, dans ma jeune existence, le drapeau de l’Union européenne a toujours flotté aux côtés de l’étendard national. Sur les bancs des écoles ou à travers les sidérants media du système, cela fait vingt ans que l’on me répète que je suis européen. Citoyen français, certes, mais aussi européen. Européen car, selon la vulgate, l’Europe est synonyme de paix et d’avenir.
Suis-je donc européen ?

A l’évidence, je suis d’abord français. De fait, je suis aussi européen, mais certainement pas de leur Europe.
Terrible confusion sémantique que cet emploi systématique du noble nom d’Europe afin de désigner l’Union européenne ! D’un côté, un continent à l’Histoire riche fondée sur les racines helleno-chrétiennes, les identités et le génie des peuples de l’Irlande à l’Oural ; de l’autre une construction artificielle, qui est née de la paix (et non l’inverse).
Si nous autres, Français enracinés, aimons l’Europe, c’est d’abord la réalité culturelle que nous chérissons. Nous sommes européens parce que, franchissant les frontières de notre Patrie pour nous rendre à Vienne ou à Madrid, nous rendons visite à des cousins plus ou moins éloignés. Cependant, une fois constatée l’évidence selon laquelle nous sommes plus proches d’un Tyrolien que d’un Masaï du Kilimandjaro, aucun argument sérieux ne justifie la construction d’une Europe supranationale.

La rupture entre l’Europe charnelle et l’Europe de Bruxelles a comme ligne de crête la subsidiarité. Ce principe juridique signifie que la responsabilité doit être prise par le plus petit niveau d’autorité publique compétent pour résoudre le problème. La subsidiarité implique donc la recherche du niveau le plus pertinent et le plus proche des citoyens.
Les européistes ont beau jeu d’invoquer le principe de subsidiarité, inscrit à l’article 5 du Traité UE : ils ont vidé ce mot de toute substance. En effet, lorsqu’une institution comme la Commission a le pouvoir d’imposer des normes relatives à la taille des ampoules ou des chasses d’eau, la subsidiarité est réduite à néant. L’Union européenne n’est donc pas tant fédéraliste que centraliste : il s’agit d’une forme de jacobinisme à la bruxelloise.
Or, le moyen le plus sûr de faire régner le principe de subsidiarité réside dans le respect de la souveraineté des Etats, libres de toute ingérence émanant d’institutions supranationales. A charge ensuite aux gouvernants nationaux de laisser une marge de manœuvre suffisante aux échelons infra-étatiques, avec pour boussole le Bien commun et les libertés locales. L’intégration européenne tue l’Europe organique et le génie européen, lequel s’articule autour du triptyque Familles – Corps intermédiaires – Nations.
A l’Europe légale, les peuples du continent doivent préférer l’Europe réelle : celle des nations.

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