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Ça y est ! Le fauve est lâché ! Depuis le temps que chacun l’attendait : Nicolas Sarkozy est entré en campagne. Gloria in excelsis Deo à droite ; De profundis clamavi ad te Domine à gauche… La machine de guerre est enclenchée. Elle sera implacable, sanglante. Elle sera émaillée de nombreux tirs de barrage, d’escarmouches redoutables, de boucheries sans nom. Là où il passe, les roses ne repoussent pas.
Nicolas Sarkozy, aventurier de l’élection perdue, a, une fois encore, surpris tout le monde. Si chacun s’attendait à une candidature du président de la République, nul ne pouvait penser qu’elle fût aussi « droitière ». C’est ce que semblait déplorer Elie Cohen la semaine dernière dans C dans l’air. Au sujet de l’entretien du président au Figaro Magazine, notre politologue déclare : « Ça l’inscrit dans un courant de conservatisme culturel qui l’inscrit clairement dans un rejet de tous les progrès du libéralisme culturel (sic) des dix dernières années dans tous les pays européens. Au fond, on a vu des évolutions sur le mariage gay, adoption, acceptation de l’euthanasie encadrée, toute une série d’évolution accompagnées par des gouvernements de droite ou de gauche européens ».
Nous sommes là en plein dans ce que le regretté Philippe Murray appelait « l’empire du Bien ». Le libéralisme social étant considéré comme l’horizon ultime, le nouveau père des vertus théologales modernes : ouverture, égalité, médiocrité. M. Cohen parle d’évolutions sociales... Mais une évolution ne va pas nécessairement dans le bon sens. Ne dit-on pas qu’un cancer évolue ? Le libéralisme moral est celui de la société française. Sous couvert d’un humanisme de supermarché, il s’étend à tout l’organisme. Ses métastases sont « mariage homosexuel », « divorce de masse », « euthanasie », « permissivité », « échec scolaire généralisé ». Les commentateurs parlent sans cesse de dissolution du lien social, de France « abîmée », de crise de société. Ils ne voient pas que tout ceci procède du même mal : l’empire du Bien. Le temps des idéologies est à présent terminé. Nous sommes entrés dans celui des belles idées. Comprenez les idées de coin de table, dont un des plus illustres représentants est l’inénarrable Benjamin Lancar.
De gauche comme de droite, ces croisés modernes mettent en “avant” leur idéologie de séparation : les homosexuels formant leur petit groupe, les noirs le leur, les Algériens le leur… Le combat politique ne serait plus que la garantie des intérêts de castes. En haut les intérêts économiques, en bas les questions identitaires, le tout pour mieux satisfaire des égoïsmes, et mieux oublier l’intérêt général et le bien commun. L’égalité est le sucre jeté à la plèbe en guise de lien social. Le reste tombant dans l’oubli. Il n’y a plus de grandes idées, seulement de petits intérêts... Le Gaylib, mouvement homosexuel de l’UMP en est l’exemple le plus flagrant, prouvant qu’il conditionnait son soutien au candidat Sarkozy à la défense de ses intérêts propres. « Unité et indivisibilité de la République », disait-on autrefois.
Mais il n’y a plus rien d’étonnant de la part de ces mouvements. Presque tous ancrés à gauche, ils se vautrent systématiquement dans toute idée nouvelle, pourvu qu’elle soit subversive, l’estimant nécessaire à l’établissement de cette nouvelle société qu’ils appellent de leurs vœux. N’en déplaise à certains, citons ici Jean-Claude Michéa, qui a fort bien analysé ces mouvements :
« La croyance au caractère conservateur de l’ordre économique et libéral […], depuis trente ans, n’a cessé de conduire mécaniquement la plupart des militants de gauche, à tenir l’adoption a priori de n’importe quelle posture modernisatrice ou provocatrice — que ce soit sur un plan technologique, moral ou autre — pour un geste qui serait toujours, et par définition, « révolutionnaire », et « anti-capitaliste » ; terrible confusion qui, il est vrai, a toujours eu l’incomparable avantage psychologique d’autoriser ceux qui s’y soumettaient, à vivre leur propre obéissance à l’ordre industriel et marchand comme une modalité exemplaire de la rebel attitude ».
Ce sont les rebellocrates, comme les appelait Murray, ou encore les mutins de panurge. Instinct grégaire poussant le « peuple » tout droit vers le mur de ses contradictions. Rebelle, mais si conformiste dans son libertarisme qu’on pourrait qualifier, non sans une certaine malice, « d’étriqué ». Ce qualificatif, d’ordinaire appliqué à votre serviteur, se retourne irrémédiablement contre des enfants du progrès, n’ayant peut-être pas, comme moi, des œillères, mais au moins une minerve. Pas très pratique dès qu’il s’agit de tourner la tête… à droite.
Alors il est normal que les propositions de Nicolas Sarkozy choquent. C’est sûr qu’être contre l’euthanasie, le soi-disant mariage homosexuel, ou je ne sais quelle autre extravagance n’est pas « tendance » par les temps qui courent. Tous ces sujets seraient clivants, pour citer cet horrible néologisme qui empeste le modernisme. Clivants… En gros, ces sujets seraient progressistes à gauche et clivants à droite. Pardonnez cette enfantine naïveté, mais proposer de créer un mariage homosexuel, n’est-ce pas là une proposition clivante ? Ah non ! la gauche, c’est plus « in » et rassembleur. Les médias, qui ont choisi leur camp, qui ont décidé que M. Hollande était si génial, ne peuvent s’en empêcher. Ceux-là même affirmaient il y a encore quelques mois que M. Sarkozy contrôlait les médias… Laissez-moi sourire.
Mais malgré ces déclarations de candidat, ne soyons pas dupes. M. Sarkozy a besoin d’électeurs pour être réélu. Il sortira donc tout ce dont il disposera pour attraper les électeurs du Front national. Ce procès qui lui est fait est sans aucun doute le moins injuste d’entre tous. Mais on ne peut pas reprocher à un candidat de droite d’être à droite. Qu’il cherche à amadouer des électeurs ne fait aucun doute. La séduction faisant appel au mensonge et à la dissimulation, il n’y a rien qui doive ici choquer personne. Mais le symbole est important. Le symbole du refus de certaines évolutions que nous pouvons juger délétères est là un signe fort. Le maître Marc Bonnant, célèbre avocat suisse l’exprimait très bien : « Je ne crois pas que les évolutions sociales doivent être accompagnées. Certaines doivent être contrariées lorsqu’elles sont funestes ». C’est là toute la beauté du débat politique, qui ne saurait exister que s’il y a un contradicteur. Alors, de grâce, qu’on arrête de nous fatiguer avec les clivages et le rassemblement. Il n’y a que celui qui n’a pas d’idées qui ne divise pas. Et M. Hollande le montre très bien chaque jour qui passe.
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