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Je suis invité le 5 septembre par un gazouillis d’un avocat bien connu de la veillosphère virtuelle à visionner une vidéo qui présente la veillée du 27 Août à Couëron où des perturbateurs se sont opposés aux veilleurs de la marche de façon agressive. Le clic sur l’hyperlien ouvrait bien une page YouTube, mais avec une vidéo désactivée et affichait pour me consoler de ma déception le message : « Cette vidéo a été supprimée, car elle ne respecte pas les règles de YouTube interdisant l’usage de contenu incitant à la haine »
Dans l’après-midi, un autre hébergeur, Rutube, dont l’adresse est russe (tld = .ru) diffuse une vidéo dont je suppose que c’est la même, et où je peux effectivement mesurer la violence et l’intolérance des perturbateurs. Mais pas de pathos, restons dans les faits : des insultes et des blasphèmes vociférés pour la bande son, des images d’agressions physiques, l’absence ou l’insuffisance des forces de l’ordre et la non-riposte des veilleurs qui résistent passivement en tentant de poursuivre cette veillée tant mal que mal ... Si vous ne connaissez pas cette vidéo, cliquez au bout du lien (http://rutube.ru/video/454ce1223ee1869481a9c3dd5cfd3e44/) en souhaitant qu’il n’aura pas été bloqué d’ici là par une cyberpolice.
Capture de la vidéo en question
Le titre de la vidéo m’avait choqué : « Les Veilleurs à Couëron face à la haine LGBT (27/08/2013) ». La haine est un sentiment et nul ne peut savoir sauf le Père quels étaient les sentiments des agresseurs. Leur prêter cette haine dans un titre le rend certes accrocheur, mais c’était sortir du domaine de l’incontestablement objectif et s’engager sur la pente savonneuse du subjectif. Rappelons-nous avec quelle véhémence le Christ règle leurs comptes à ceux qui s’arrogent le droit de juger … Maintenant, si les détracteurs des veilleurs témoignent de l’amour, c’est du gender « Johnny fais-moi mal ».
Est-ce qu’un document pris sur le vif montrant des personnes qui subissent pacifiquement l’oppression d’autres personnes incite à la haine ? J’aurais plutôt tendance à dire qu’une personne normalement constituée (c’est ainsi que je me m’imagine, mais c’est peut-être présomptueux) serait dégoûtée de cette oppression, éprouverait de la compassion pour les opprimé et peut-être du ressentiment envers les oppresseurs. Mais si un tel document doit être considéré comme incitant à la haine, il y a un grand ménage à faire chez YouTube, et toute violence devra être expurgée … Ou alors, supposons que YouTube ne voulait pas indisposer d’estimables personnes disposant d’arguments solides et (peut-être ?) coercitifs ou économiques (30 deniers ?), ce au mépris de la loyauté due à ses utilisateurs.
J’ai déjà fait état publiquement de mon diagnostic concernant l’état de la démocratie en France : Nous, si prompts à donner des leçons au monde entier sur ce sujet, nous n’y sommes déjà plus, même si nous ne sommes pas (encore) en dictature. La persistance d’une liberté d’opinion et d’expression nous permet de n’être pas (encore) du « mauvais » coté de la frontière. Le fait que des personnes viennent en nombre suffisant pour empêcher d’autres personnes de se réunir, de « manifester » pacifiquement quand bien même ce serait une manifestation, est une atteinte à cette liberté d’expression. Le fait de faire censurer une vidéo qui illustre ces incidents est de mon point de vue encore plus pernicieux : Non seulement je m’octroie le droit de vous interdire de vous exprimer, mais en plus je vous interdis de faire savoir que je vous l’ai interdit. Est-ce sur ce genre de respect de l’altérité que l’on bâtit les démocraties ?
La Russie comme défenseur de la liberté d’expression, est-ce que ça vous fait rire ? Moi aussi, en quelque sorte, mais pas le constat que nous ayons besoin d’un chevalier blanc, ni de celui-ci.
Il est tout de même troublant de constater que l’ordre public n’a pas été rétabli aussi efficacement que ne l’auraient laissé supposer les postures martiales et velléitaires de celui qui en a la responsabilité dans notre pays. Faut-il y voir une complicité délibérée avec les agresseurs ? Je n’ai pas la réponse, mais je ne m’interdis pas de me poser la question … Par contre, il semblerait que lors de la veillée de Nantes des moyens suffisants aient été déployés, quant à celle de Paris, il conviendrait plutôt de parler d’une débauche de moyens qui dépassait allègrement le ridicule, de l’aveu de tous. Mais faut-il tirer une conclusion de ces incohérences ?
J’élude volontiers la question de la couverture média : je les fréquente de moins en moins et mon opinion ne saurait plus être pertinente, même si une simple requête sur google justifierait le joyeux vocable d’omerta … La presse écrite ne survit qu’avec des subventions, et les radios et télés dépendent des fréquences que l’état attribue : Fermez le ban, qu’attendre d’eux, même en leur prêtant la meilleure bonne volonté du monde ? Dès lors, les médias sociaux et alternatifs sont sans doute la seule option pour qui désire s’informer et informer … Je l’avais constaté lors de la révolution de Jasmin en Tunisie où j’ai pu apprendre les événements qui affectaient ce pays bien avant qu’ils ne soient relayés par les médias officiels Français, grâce à mon réseau local d’amis Facebook. « La liberté de la presse ne s’use que si l’on ne s’en sert pas », ai-je lu dans le Canard Enchaîné au temps où j’étais friand de ce magret ou ce confit hebdomadaire. Il faudra bien qu’un jour où l’autre ceux qui, parmi les éditeurs et les journalistes, ont une ambition un peu plus élevée que la simple propagande se l’approprient, derechef, avec courage, détermination et constance, cette règle de bon sens qui n’est qu’un prérequis.
J’imagine bien ce que pourraient dire d’éventuels détracteurs s’ils me faisaient l’honneur de me lire : je tire des conclusions génériques d’une anecdote spécifique. Peut-être. Mais nous avons tous en stock des anecdotes qui, si nous les regroupions, formeraient un faisceau d’indices concordants …
Alors ne nous leurrons pas sur la dangerosité de la menace, mais si comme moi vous pensez que conserver la démocratie est une bonne idée, mobilisez-vous pour que la liberté d’opinion et d’expression persiste. Le nouveau mot d’ordre : Subversifs de tous les pays, connectez-vous ! Et comme l’avait inventé une célèbre tweeteuse de Lyon : « No Lâcharan ! », avec mes excuses aux hispanisants pour l’absence de point d’exclamation à l’envers, en tant que germaniste, je ne sais pas faire !
Remseeks
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