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[J. OUSSET] Tout n’est-il-pas relatif ? Qu’est-ce que la « vérité » ?

Chaque mercredi, le Rouge & le Noir publie un extrait de Jean Ousset (1914-1994). Ces extraits ont pour objectif de répondre à une question, en se fondant sur les Ecritures.

Tout n’est-il-pas relatif ? Qu’est-ce que la « vérité » ?

N’est-ce pas la question des politiques qui s’occupent des choses sérieuses (les clameurs de la foule) pour ne pas entendre la parole de Notre Seigneur Jésus Christ : «  Je suis venu rendre témoignage à la Vérité  » ?
Si la vérité n’existe pas, alors tout est permis…rien ne peut s’opposer à l’arbitraire du plus fort !

Jean Ousset dans son livre « Pour qu’Il règne » répond de façon lumineuse. Voici un extrait tiré de cet ouvrage aux pages 24 et suivantes (« L’ennemi irréductible : le libéralisme (traduire Relativisme) ») :

Jean, 18, 38 « Pilate lui dit : « Qu’est-ce que la vérité ? » Ayant dit cela, il sortit de nouveau à la rencontre des Juifs, et il leur déclara : « Moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. »
 »

Dans les perspectives de ce règne de vérité, de ce règne de l’enseignement de l’Eglise, le grand, l’irréductible ennemi est le relativisme, puisque c’est là une erreur qui s’en prend à la notion même de vérité et qui, en quelque sorte, la dissout...

Qu’est-ce que la vérité, pour un libéral (relativiste) ? «  Quid est Veritas ?  » On le voit, c’est spontanément que la formule de Pilate monte aux lèvres dès que l’on évoque le relativiste. Et, avec l’orgueil bien connu de cette ignorance qui se prend pour une certitude, Pilate n’attendra même pas la réponse de Jésus. « Et Pilate de s’écrier : Qu’est-ce que la vérité ? Et, disant cela, il sortit de nouveau vers les Juifs... »

Jésus, dès lors, gardera le silence. La vérité, en effet, ne se manifeste pas à ceux qui, par principe, refusent de croire même à sa possibilité. Elle exige ce minimum d’humilité que devrait impliquer la conscience de l’ignorance. Aussi, quand, plus tard, Pilate reviendra vers Jésus, saint Jean nous dit qu’il ne lui sera fait aucune réponse.

« Quid est veritas ?...  » Depuis vingt siècles, la formule n’a pas changé. « Quid est veritas ?...  » Ce qui signifie : Encore un qui y croit ! Encore un illuminé, un pauvre fou ! Un pauvre fou. Tout à l’heure, en effet, c’est la robe blanche des fous qu’Hérode fera jeter sur Jésus. Hérode et Pilate se réconcilieront là-dessus... Tous deux sont relativistes.

Hérode, c’est le relativisme crapulard de la débauche ; Pilate, c’est le relativisme des gens corrects et qui aiment « se laver les mains » : respecter les formes. Pilate, c’est le relativisme des gens réputés honnêtes. Pilate, c’est le chrétien-relativiste qui, au fond, cherche à sauver Jésus, mais qui commence par le faire flageller avant de l’envoyer à la mort, devant le tumulte croissant que sa démagogie autant que son manque de caractère n’auront pas su arrêter. En fait et jusqu’à la fin des temps, Jésus continue à être torturé, ridiculisé, mis à mort, de Pilate en Hérode et d’Hérode en Pilate…

On le conçoit, Pilate est un homme "engagé " ! En plein dans l’action ! Et qui a tout autre chose à faire que d’écouter un doctrinaire ! « Iterum exivit »... « Iterum » : de nouveau. Car, il y était déjà, bien sûr ! Il s’est lancé depuis longtemps ! Avant d’agir, il n’a pas perdu son temps à réfléchir aux responsabilités, pourtant redoutables, de sa fonction. Voyons ! On ne refuse pas semblable situation ! Pilate se retourne de nouveau, vers le problème concret du moment. Vers ces Juifs qui sont là, sous le balcon, et qui crient... Voilà ce qui est autrement important que les propos de ce Jésus. Voilà ce qui prime tout.
Mais, et c’est là son péché, sans avoir pris la peine d’attendre et d’entendre la réponse et les directives du Seigneur.
Un peu plus tard, lorsque, dans son délire, la foule réclamera la mort de Jésus, le dernier argument, qui est aussi l’explication suprême, sera lancé à Pilate : «  quia Filium Dei se fecit... parce qu’il s’est fait Fils de Dieu.... » Fils de Dieu ! Voilà la clef de toutes ces énigmes sur lesquelles Pilate bute depuis un long moment…

Cette fois, il veut savoir : « D’où es-tu ?... » Autrement dit : Qui es-tu ? Mais d’où viens-tu, homme extraordinaire ? Dis-moi quel est ton mystère afin que je comprenne, enfin. Jésus garde le silence. Après tout ce qu’Il a dit, après cette flagellation que Pilate vient d’ordonner, la Vérité n’a pas à répondre à de telles injonctions.

Devant le silence de ce prisonnier inouï, la crainte de Pilate décuple. Il a peur, comme tous les faibles. Et, comme tous les faibles qui ont peur, il va non, certes, faire sentir sa puissance à cette foule hurlante en donnant l’ordre aux soldats de la disperser. Non ! Il va « crâner » devant cet homme enchaîné et apparemment impuissant. Il va menacer le Juste au nom de ce qu’il croit être « son autorité » (Cette fois, Jésus va répondre et, précisément, par respect pour cette « autorité » de Pilate, qui est l’autorité même du pouvoir civil. Jésus va répondre comme il a répondu au Grand Prêtre invoquant le « nom de Dieu vivant ». Pouvoir spirituel et pouvoir temporel : notre Seigneur a voulu nous laisser cet exemple de parfaite soumission aux deux pouvoirs institués par Dieu. ) « Tu ne me parles pas ? Ne sais-tu pas que j’ai pouvoir de te crucifier et pouvoir de te relâcher ?  » Et Jésus de répondre : «  Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir s’il ne t’avait été donné d’en haut  ».

« Tu n’aurais... » toi..., Pilate... C’est-à-dire : toi, homme politique quelconque investi d’une parcelle d’autorité..., qui que tu sois : simple fonctionnaire, juge, député, ministre, gouverneur, prince ou roi..., tu n’aurais aucun pouvoir si tu ne l’avais reçu d’en haut, c’est-à-dire : de Dieu, c’est-à-dire de Moi.

Et, puisque ton pouvoir est un pouvoir politique, juridique, social, le seul fait que je vienne d’affirmer que ce pouvoir vient de Moi prouve, sans contestation possible, que la royauté que je revendique, bien que n’étant pas de ce monde, s’exerce quand même sur lui, sur les individus comme sur les nations. Et cela parce que je me dis «  Fils de Dieu  ».

Désormais, la leçon est complète qu’à travers Pilate, Jésus a voulu adresser aux politiques de tous les temps. Explication suprême qui couronne et confirme tout ce qui a été dit.

A suivre la semaine prochaine : Le « service de la royauté sociale du Christ » est-il facultatif ?

Pour se former et agir à l’école de Jean Ousset, lire « Pour qu’il Règne », ouvrage historique de ceux qui veulent agir « à contre courant » comme nous y invite le Pape François.

Ces publications sont diffusées en collaboration avec Ichtus, organisation héritière de la pensée et de l’œuvre de Jean Ousset.

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