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Qui d’entre nous a déjà pris le temps de s’asseoir cinq minutes devant sa salade composée à l’heure du déjeuner et de regarder en face la quantité de souffrance végétale nécessaire pour maintenir l’homme en vie ? Qui a déjà pensé aux conditions de transports des fruits et légumes ? Voyez ce qu’ils subissent : arrachés aux champs ou aux arbres sans leurs consentement, dénudés puis entassés dans des cageots eux-mêmes empilés dans des camions, sans lumière et parfois même dans le froid. Transportés durant des heures avant d’être parqués dans des rayons pour y être regardés, touchés, tripotés et achetés avec envie par des clients lubriques. On choisit son légume comme on choisissait autrefois son esclave.
Que dire du cri silencieux des feuilles de salade que l’on arrache une à une avant de leur faire subir cette torture du waterboarding pour les laver et les forcer à rester silencieuses dans notre assiette ! Ces pauvres feuilles inertes, détachées, qui ne servent plus que de support au reste de notre repas. Les brocolis ? Exploités et ébouillantés ! Les tomates ? Pelées et dépecées ! Seul l’oignon tente encore d’échapper à son sort et nous arrache parfois quelques larmes inattendues que notre cerveau refoule d’un geste. Et toutes ces olives parquées, pressées, exterminées pour fournir l’huile. Et tout ça pour quoi ? Pour agrémenter cette salade d’un mince filet ! Que dire enfin de l’exploitation honteuses des plantes aromatiques pour notre simple plaisir gustatif, sans besoin réel pour notre propre survie. Chaque repas, même végan, est un véritable génocide végétal.
Les droits des plantes vous laissent insensibles ? Un tel combat vous semble loufoque ? Des militants réclament pourtant que « les arbres soient des sujets de droit » (Libération, 11 mars 2018) et un colloque en présence d’élus et d’une ancienne ministre s’est tenu à l’Assemblée nationale il y a quelques jours (5 avril 2019) où y a été lue puis adoptée symboliquement par le public une « déclaration des droits des arbres ». Cette déclaration, imprimée, oh ironie, sur du papier (issu de cadavres d’arbres dépecés et coupés avant d’être réduits en bouilli pour servir de support à nos égoïstes pensées, faut-il le rappeler) ouvre pourtant la voie à nombre de questions intéressantes :
Les intéressés ne comprennent pas pourquoi cette déclaration absurde suscite tant d’ironie sur les réseaux sociaux et fait une nouvelle fois passer les écologistes pour de doux illuminés. La France n’a pas attendu les élucubrations de nos écologistes du XXIe siècle pour intégrer les arbres à sa législation (l’Administration des Eaux et Forêts existe en France depuis Philippe le Bel et le code Forestier n’a rien d’une nouveauté). Mais si encore tout cela n’était qu’un prétexte pour ouvrir le robinet à subventions (et la création par exemple d’un Fond d’Aide pour l’Émancipation des Plantes Aromatiques ?) on pourrait en rire et ne pas y prêter attention.
Mais l’idéologie sous-jacente est inquiétante. L’extension de la lutte antispéciste aux végétaux, loin de démontrer un rapprochement avec la nature montre au contraire une incompréhension profonde de la finalité de celle-ci. Ce n’est finalement qu’une autre forme de transhumanisme. L’homme proclame ne pas être supérieur au reste du vivant mais il partage pourtant avec l’excès inverse qu’il dénonce le même orgueil et la même volonté de corriger la nature et réécrire les règles du vivant. Certains végans tentent déjà de ne pas nourrir leur chat avec de la nourriture animale, faudra-t-il demain priver les lapins de salade ? Si certains écologistes ont bien compris que l’homme fait partie de la nature et n’est pas en dehors, beaucoup ne voient pas que le problème de fond est le risque de disparition de l’humanité. Sauver la planète en revendiquant des « droits de la nature » ou en parlant d’ « écocide » ne résout rien. Être prêt à sauver la nature en supprimant l’homme si besoin n’a pas de sens. À quoi bon sauver la nature si l’on fait disparaître l’homme ?
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