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[EDITORIAL] LES DELIRES DE L’UNIVERSITE

La France connaît, depuis quelques temps, ce qu’on pourrait appeler un emballement dans l’absurde. Pas une semaine ne passe sans qu’on puisse relever des prises de position publique que le bon sens rejette, et qui aurait fait rire n’importe qui il y a de cela 20 ans. Une obscure conseillère municipale de Paris aboie sur un plateau de télévision qu’une mère célibataire s’en sort mieux que les autres parce que l’absence du père signifie absence de risque de violence envers elle et ses enfants : silence sur le plateau. Mieux encore : à peine élus à la mairie, les écologistes lyonnais font rentrer, jusqu’au ridicule, l’écriture dite inclusive dans le langage officiel de la municipalité, et seule la presse locale s’émeut un tant soit peu, tandis que l’échelon national relaie placidement. Sur un autre front, on a vu une femme noire donner des conférences dans lesquelles elle affirmait que l’état français est raciste : Madame Soumahoro est pourtant maître de conférences dans une université publique française, sans jamais avoir été lauréate de l’agrégation, ce dont peu de blancs pourtant privilégiés peuvent aujourd’hui se vanter.

La sordide affaire Adama Traoré a aussi permis, nous semble-t-il, de mettre à jour un changement de stratégie dans le camp d’en face : avant que l’enquête ne permette d’établir que le défunt Traoré était un énième criminel violent dont l’arrestation n’a eu qu’un effet distant sur sa mort, on a vu défiler sur les plateaux de télévision une armée de fantassins « décoloniaux » chargés d’expliquer que, plus encore que la police, c’était toute la société française qui était coupable de violence à l’égard des minorités de couleur. Si, bien sûr, la sociologie universitaire est depuis longtemps infestée de parasites dont tout le travail consiste à trouver des excuses à la délinquance, et si les premiers pamphlets contre le « racisme d’état » français, tels que ceux de l’activiste Houria Bouteldja alourdissent les rayons des librairies depuis déjà un certain temps, il faut noter qu’on a assisté ces derniers mois à la conjonction de ces deux phénomènes : l’apparition de pseudo-domaines universitaires consacrés à la fabrication d’une réalité raciste à combattre. Mme Soumahoro, avec ses études sur les discriminations subies par la diaspora africaine aux Etats-Unis, relève exactement de cette imposture-là.

C’est tout le domaine de l’intersectionnalité qui a fait discrètement son entrée dans le monde universitaire en France, de l’anthropologie sociale qui permettrait d’affirmer que les femmes sont plus petites que les hommes parce qu’elles sont privées de viande depuis la préhistoire, jusqu’à l’excavation des grands textes antiques pour y trouver tant bien que mal des exemples d’homosexualité à célébrer. L’homme blanc hétérosexuel et chrétien faisait déjà l’objet de la haine de bien des catégories minoritaires, à cause de « l’intersection » des ses privilèges qui écrasaient ses concitoyens ; maintenant, on trouve au moyen de la recherche financée par l’argent public des raisons objectives d’agonir d’injures ce coupable perpétuel, et même de lui faire violence. Appuyé sur l’importance symbolique de noms d’universitaires acharnés à l’imposer, l’usage de l’écriture inclusive se présente comme une mesure nécessaire pour rétablir l’équilibre entre hommes et femmes : dans certains microcosmes, on a même décidé que le genre neutre serait le féminin, et on dit d’un homme qu’il est « directrice du département »…

Si ses origines théoriques se trouvent bien en France, dans les travaux de Foucault et de Derrida, le succès de ce mouvement n’est pas né chez nous, comme le montre la difficile adaptation du discours anti-blanc à notre histoire et à notre culture : il a pris racine aux Etats-Unis, où il a déjà eu un succès frappant. Les universités américaines ont généré un discours qui a progressivement justifié l’animosité envers la culture américaine et son histoire, oblitérant toute nuance au profit d’une accusation systématique, non seulement de l’homme blanc du passé, mais aussi de celui d’aujourd’hui. Les établissements du secondaire se sont transformées en chambre d’écho pour ce discours, qui est désormais le catéchisme d’un monde urbain dont il serait naïf de croire qu’il est une petite élite : il est le moteur du parti démocrate actuel. Les meneurs des émeutes du mouvement Black Lives Matter se réclament explicitement de concepts développés par des universitaires, et les universités elles-mêmes ont été le théâtre de violences que les forces de l’ordre n’ont pas reçu la permission de maîtriser. Il n’est pas exagéré de dire que la violence contre le « mâle blanc » réputé oppresseur trouve aujourd’hui une justification dans l’université.

De par leur domination culturelle, les Etats-Unis sont dans bien des domaines ce que nous serons dans une dizaine ou une quinzaine d’années. C’est pourquoi votre gazette a décidé de consacrer son dossier de rentrée à ce phénomène tel qu’il se développe en France, mais aussi tel qu’il a déjà en partie réussi aux Etats-Unis : nous verrons comment fonctionne ce discours, et sur quels mensonges fondamentaux il repose. Nous avons aussi analysé les récents exemples de cette subversion intellectuelle au service de la violence en Amérique, et interrogé un spécialiste de la question, James Lindsay, l’un des trois auteurs du canular qui avait révélé l’imposture de ces départements américains qui promeuvent l’abaissement de l’homme blanc pour permettre l’élévation de tous les autres. C’est par la culture et le monde intellectuel que le camp de la déconstruction règne depuis des décennies en Occident : c’est là qu’il faut aller le chercher.

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