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De petites anecdotes dévoilent parfois de façon impromptue de grandes vérités. En voici une petite. Des amis japonais, de bons amis japonais, viennent chez vous. Ils sont païens. Ils vous apportent quelques mandarines, fruits de saison. Ils entrent, salutations, passage dans la salle de séjour. Ce couple d’amis déballe les mandarines pour vous les offrir. Jusque-là comme d’habitude.
Croyant bien faire, sachant que vous êtes chrétien et respectant votre foi, le mari confie ses mandarines à son épouse, qui va…les poser en offrande devant le crucifix de votre autel familial. Que feriez-vous ? Qu’en pensez-vous ? Le réflexe païen est tout à fait compréhensible : dans les religions locales, on offre systématiquement à l’autel familial divers mets et denrées, que l’on a l’habitude de consommer ensuite. Processus classique d’offrande (de sacrifice) que l’on donne aux dieux, pour les honorer, pour les remercier, pour demander leur clémence et pour ensuite la consommer, partageant ainsi le repas des dieux, ou des ancêtres- qui sont amalgamés à des sortes de divinités tutélaires familiales.
Mais devant la croix, vous sentez tout de suite que ça ne va pas. Votre épouse, qui le sent aussi, sans savoir expliquer forcément son intuition, va discrètement, un peu plus tard, retirer les mandarines, pour ne pas froisser les invités, et surtout pour ne pas montrer aux enfants quelque chose qui ne va pas, un sacrifice qui n’est pas celui agréé par Dieu. Mais qu’est-ce qui n’allait pas ? Il fallait bien séjourner au Japon pour être confronté à ce cas de figure. Ce n’est certainement pas l’athée de service ou l’apostat français qui va aller offrir respectueusement des offrandes au Seigneur.
Le premier mouvement consisterait à ne pas vouloir mélanger pratiques païennes avec la vraie religion. C’est une raison, faible, mais suffisante pour réagir et enlever les mandarines discrètement, mais insuffisante sur le coup pour pouvoir expliquer à ses convives que cela ne se fait pas, sans les froisser, et pour pouvoir semer une graine pour leur conversion. Pourquoi cela ne se fait-il pas au fond ? Offrir des offrandes à Dieu est une bonne chose après tout, nous offrons bien sacrifices et prières, et même durant la messe le prêtre offre bien les oblats et il existe parfois des coutumes pendant « l’offertoire » d’offrir certaines offrandes (quasiment systématiquement du vin et du pain, comme les pains d’or et d’argent offerts par le roi durant le sacre).
Mais on ne fait pas ça chez soi, devant l’autel familial. Pourquoi ? Les plus perspicaces auront compris depuis longtemps : il est absurde d’offrir des offrandes à l’offrande par excellence. Jésus sur la croix est certes Dieu, mais il est surtout le « sacrifice suprême », l’offrande suprême qui surpasse toutes les offrandes et tous les sacrifices passés et futurs. Et c’est ce sacrifice qui se renouvelle dans la messe. L’offrande des chrétiens est la messe : nous offrons, à travers les mains du prêtre « Notre Seigneur » lui-même au Père.
Il est donc absolument absurde d’offrir une offrande à « L’Offrande », qui les surpasse toutes. Sans compter que seul son sacrifice sur la croix et la messe, qui renouvelle le sacrifice sans effusion de sang, ont une valeur pour Dieu en tant que sacrifice expiatoire, propitiatoire et glorificateur. Donc nous pouvons bien faire d’autres offrandes, si le cœur nous en dit, mais c’est sans valeur, et sans efficacité. Ces offrandes doivent même être évitées si elles portent à faire oublier la portée, la réalité et le sens du sacrifice ultime qui invalide de facto toutes les autres offrandes.
Nous, catholiques, offrons en offrande notre Dieu le fils à Dieu le Père. C’est quand même mieux que d’offrir de pauvres denrées, de pauvres animaux, voire même des pauvres vies humaines. Et c’est pourquoi le crucifix nous rappelle toujours ce sacrifice, et nous appelle à s’y joindre, et offrir tout ce que nous possédons en sacrifice pour sa gloire, en action de grâce – remerciements – et pour notre salut et notre conversion, et le salut et la conversion des âmes.
Le sacrifice du Christ accomplit ainsi tous les sacrifices de l’Ancien Testament et sublime le sacrifice comme réalité anthropologique universelle présente chez tous les païens. De la même façon, le Roi Très Chrétien accomplit et sublime les royautés païennes, dans son association au sacrifice ultime, dans son service comme lieutenant de Dieu sur terre, comme perpétuateur, par sa protection de l’Église et sa foi touchante, du sacrifice ultime dans la messe renouvelant le Sacrifice du Roi des rois, pour son règne universel !
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