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A l’Est, rien de nouveau

15 septembre 2012 Bougainville

Alors que le dernier retour de bâton pour l’Occident s’est soldé par l’assassinat de l’ambassadeur américain en Libye Christopher Stevens, tué par des islamistes que les Etats-Unis ont installé au pouvoir, les conséquences de l’indépendance du Kosovo ne cessent de se matérialiser.

A Belgrade, le procureur pour les crimes de guerre Vladimir Vukcevic a présenté à la télévision serbe RTS et à l’AFP un témoin protégé ayant participé au trafic d’organes mis en place par l’UCK, la guérilla albanaise qui s’est emparé du pouvoir au Kosovo depuis 1999.
Le visage flouté, s’exprimant en albanais, l’ancien homme de main de l’UCK raconte dans le détail comment il a procédé à une ablation du coeur sur un prisonnier serbe, détenu dans le nord de l’Albanie, où la guérilla indépendantiste disposait de bases arrières : « On m’a donné un scalpel. J’ai mis ma main gauche sur sa poitrine et commencé à couper (...). Le sang a giclé. (...) Dès que j’ai commencé à couper, il s’est mis à hurler, nous exhortant de ne pas le massacrer, de ne pas le tuer, puis il a perdu connaissance. Je ne sais pas s’il s’est évanoui ou s’il est mort, car je n’étais plus dans mon état normal ».

Au cours de ce trafic, plus de 300 victimes serbes et albanaises dont les organes furent vendus au marché noir, notamment à des cliniques allemandes, via la mafia turque. C’est le parlementaire suisse Dick Marty, respectable politicien protestant de gauche, qui a rendu un rapport sur ces exactions perpétrés par la rébellion albanaise, adopté en janvier 2011 par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Pour Dick Marty, le cerveau de ce trafic n’est autre que Hashim Thaçi, ancien leader de l’UCK et actuel Premier ministre du Kosovo.

Problème : Thaçi est le protégé de la coalition internationale chapeautée par les Etats-Unis, qui a permis la mainmise par l’UCK sur le Kosovo, puis l’indépendance de l’ex-province serbe en 2008 (reconnue par 90 Etats seulement).
Ces dernières années, plusieurs témoins des atrocités commises par les maquisards albanais ont été liquidés par ces derniers, avec la complicité de certains fonctionnaires internationaux, convaincus qu’un bon Serbe est un Serbe mort, ou tout simplement achetés par l’argent de l’UCK.

Déjà, en 2010, le ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy, Bernard Kouchner, qui s’était distingué par son lobbying actif en faveur d’Hashim Thaçi lors de la guerre du Kosovo, interrogé par un journaliste serbe sur le trafic d’organes, avait feint l’ignorance, à grand renfort d’indécence.

Les faits sont pourtant têtus. Ancien berceau historique de la Serbie, le Kosovo est une des zones les plus homogènes sur le plan ethnique des Balkans, après l’épuration de sa population serbe, perpétrée sous les yeux des militaires occidentaux. Un foyer mafieux prospère au coeur de l’Europe. Rien ne peut plus justifier l’intervention occidentale de 1999, promue par Bernard-Henri Lévy, Bernard Kouchner, Tony Blair et Bill Clinton.

Ce dernier dispose d’ailleurs de sa statue à Pristina, "capitale" du Kosovo albanais, au milieu des barres d’immeubles datant du régime communiste, en guise de remerciement de la part de l’UCK.

Il y aurait également beaucoup à dire sur la poussée islamiste qui a suivi la prise de pouvoir de ces guérilléros protégés par la CIA : bien que l’islam albanais soit essentiellement clanique et culturel, l’idéologie djihadiste trouve un terreau favorable dans les populations albanaises du Kosovo et de Macédoine, où le drapeau d’Al-Qaïda a été brandi contre les autorités slaves locales.

Toutefois, gardons le sourire : l’économie de marché est en bonne santé. L’ancien général américain de l’OTAN Wesley Clark, qui commanda la "libération" du Kosovo en 1999, vient de recevoir l’autorisation de la part de ses obligés albanais d’exploiter les mines de charbon de la région, dont certaines appartenaient à ma propre famille, avant la nationalisation décrétée par les communistes. La compagnie canadienne Envidity, dont Clark est le président, espère engranger des bénéfices de 300 millions d’euros. Business as usual...


De g. à dr., En 1999 : Hashim Thaçi, alors chef politique de l’UCK, Bernard Kouchner, 1er administrateur de l’ONU au Kosovo, Michael Jackson, 1er commandant de la KFOR, Agim Ceku, chef militaire de l’UCK, aujourd’hui accusé de crimes de guerre, et Wesley Clark, commandant suprême de l’OTAN.

15 septembre 2012 Bougainville

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