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Quelle sollicitude de l’Église envers les migrants ? Entretien avec le Service National de la Pastorale des Migrants (CEF)

Le Service Nationale de la Pastorale des Migrants et des Personnes Itinérantes a bien voulu accorder de manière collective un entretien fleuve au Rouge & Le Noir sur son rôle au sein de la CEF et sur la question de l’accueil des réfugiés en France.

R&N : Quelle est la mission de la pastorale des migrants au sein de l’Église catholique de France ?

Pastorale des Migrants : La mobilité humaine n’est pas un phénomène nouveau et l’Église manifeste depuis longtemps un grand intérêt pour les migrants, se préoccupant de leur sort, au travers notamment d’un accompagnement pastoral adapté.

Ainsi, l’Église confie aux acteurs de la pastorale des migrants la double mission de promouvoir l’accueil de l’étranger au sein des communautés catholiques, et de promouvoir la communion entre les catholiques de différentes origines afin de faire vivre la catholicité de l’Église.

La pastorale des migrants manifeste la sollicitude de l’Église envers tous les migrants, sans discrimination. En France, elle est mise en œuvre parles aumôniers nationaux de la migration, et les délégués à la pastorale des migrants dans les diocèses, avec le soutien du Service national de la pastorale des migrants et des personnes itinérantes, au sein de la Conférence des évêques de France.

Le phénomène migratoire est indéniablement une réalité complexe, difficile à gérer, mais il est important de se souvenir que celui-ci, dans une perspective chrétienne, est l’Avent « d’un nouveau ciel et d’une nouvelle terre », où nous nous découvrirons frères et sœurs les uns des autres, enfants d’un même Père. Cette espérance évangélique est au centre du travail de la pastorale des migrants.

Ce travail de la pastorale des migrants se fonde sur la conviction que l’acceptation de la différence est une condition sine qua non de la mission évangélisatrice de l’Église. La communion de l’Église, forgée dans l’ouverture à la diversité humaine, est le fruit de la rencontre de l’autre, qui se distingue par sa langue, par sa culture, par sa sensibilité, par sa pratique religieuse, par sa manière de dire Dieu.

R&N : Vous ne faites pas de distinction entre les réfugiés chrétiens et les réfugiés d’autres confessions. Pourtant, les premiers sont nos frères en Jésus-Christ. N’est-ce pas normal d’être davantage portés vers le secours de nos frères ?

Pastorale des Migrants : Nous faisons une distinction entre les réfugiés chrétiens et ceux d’autres confessions dans l’accompagnement pastoral qu’on leur propose. Une part importante du travail de notre service est d’offrir un accompagnent pastoral adapté aux migrants catholiques issus d’autres cultures pour qu’ils ne se sentent pas déracinés dans leur foi. Nos équipes œuvrent aussi à ce que les migrants catholiques trouvent un accueil chaleureux dans les paroisses territoriales.

Mais pouvons-nous faire une discrimination entre les réfugiés chrétiens et ceux d’autres confessions dans l’accueil et la solidarité que nous leur réservons ? Vous évoquez là une question difficile et essentielle : qui a droit à notre fraternité ? En somme, qui sont nos prochains ?

Dans l’Évangile, Jésus lui-même est souvent confronté à cette même question. Jésus dit d’abord qu’il est envoyé « aux brebis perdues de la maison d’Israël ». C’est seulement progressivement que la Bonne Nouvelle du salut s’étend au-delà d’un peuple et embrasse tous les humains. L’épisode de la femme syro-phénicienne est décisif dans cette progression vers l’universalité du message de Dieu :

Parti de là, Jésus se rendit dans le territoire de Tyr. Il entra dans une maison et il ne voulait pas qu’on le sache, mais il ne put rester ignoré. Tout de suite, une femme dont la fille avait un esprit impur entendit parler de lui et vint se jeter à ses pieds. Cette femme était païenne, syro-phénicienne de naissance. Elle demandait à Jésus de chasser le démon hors de sa fille. Jésus lui disait : « Laisse d’abord les enfants se rassasier, car ce n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens. » Elle lui répondit : « C’est vrai, Seigneur, mais les petits chiens, sous la table, mangent des miettes des enfants. » Il lui dit : « A cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta fille. » Elle retourna chez elle et trouva l’enfant étendue sur le lit : le démon l’avait quittée. (Marc 7, 24-31)

Le Père Christian Mellon nous fait remarquer que « Jésus accueille le Centurion romain, guérit la cananéenne, parle positivement des Samaritains. Tout cela le met en opposition aux nationalistes de son propre peuple, ceux pour qui l’identité d’un peuple se définit par opposition aux autres » (CERAS). La bonne nouvelle de l’Évangile n’est pas l’élection d’un nouveau peuple qui viendrait remplacer Israël, et qu’on appellera les chrétiens. Au contraire, la venue de Jésus vient abattre les barrières entre les peuples.Le Christ va jusqu’à s’identifier lui-même à l’étranger (cf. Matthieu25).

Le défi chrétien est de suivre les pas du Christ. C’est véritablement un défi, car cette suite de Jésus se heurte souvent à nos instincts anthropologiques ; nous avons souvent envie de fermer la porte sur l’étranger, de [nous] retrouver confortablement entre nous. Et cette tentation guette tout le monde, accueillants comme accueillis.

Mais l’ouverture à l’autre est aussi une espérance. Le Pape François nous rappelle que l’accueil est une condition nécessaire pour que se concrétise notre itinéraire vers Dieu (Message pour la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié 2017). Pour faire vivre l’universalité de l’Église et partager la bonne nouvelle de l’Évangile, nous sommes appelés à venir en aide à tous ceux qui sont en détresse, les chrétiens ainsi que ceux qui ne partagent pas notre foi.

R&N : Que penser de la distinction faite entre charité individuelle et charité collective ou étatique ? Cette distinction a-t-elle des limites ?

Pastorale des Migrants : Vous pointez là une distinction entre trois niveaux de solidarité : individuel, collectif, et étatique. Mais d’abord il faut que nous fassions la distinction entre charité et justice. Dans son Encyclique Caritas in veritate, Benoit XVI illustre bien cette distinction centrale à la doctrine sociale de l’Église :

La charité dépasse la justice, parce que aimer c’est donner, offrir du mien à l’autre ; mais elle n’existe jamais sans la justice qui amène à donner à l’autre ce qui est sien, c’est-à-dire ce qui lui revient en raison de son être et de son agir. Je ne peux pas ’donner’ à l’autre du mien, sans lui avoir donné tout d’abord ce qui lui revient selon la justice.

Ainsi, la justice est du ressort du droit. Il ne serait jamais juste que les droits de l’un dépendent du bon vouloir de l’autre. L’accès au droit doit être formalisé dans un contrat social, agréé par les citoyens, et dont l’état est l’institution garante. Dans cette mesure, la responsabilité de l’État est de garantir la justice. La charité n’est pas du ressort de l’État puisqu’elle dépasse la justice.

Mais Benoit XVI rappelait encore que les personnes humaines ne sont pas uniquement liées par des rapports de droits et de devoirs, mais plus encore, et d’abord, par des relations de gratuité, de miséricorde et de communion. Ceci est le champ de la charité, dont les acteurs légitimes sont les individus et les collectivités non-étatiques.

Puisque nous vivons dans un monde imparfait, cette charité se manifeste souvent de manière palliative. Par exemple, en France le droit au logement est reconnu comme un droit social depuis 1946. Pourtant, en 2016, 3,8 millions de personnes en France vivent sans logement ou dans des conditions de logement très difficiles, selon la Fondation Abbé Pierre. Face à cette carence de justice, les individus et les collectivités de la société civile s’organisent pour pallier ces lacunes à-travers des actes de charité.

Mais une vision chrétienne de la charité ne saurait se réduire à cet aspect palliatif. Rappelons que la charité est non seulement une vertu théologale, mais le cœur-même de notre foi. Pour les chrétiens, la charité doit insuffler la justice de son esprit, car« la loi fondamentale de la perfection humaine, et donc de la transformation du monde, est le commandement nouveau de l’amour » (Gaudium et Spes, 38). Ce commandement nous appelle à vivre la charité au quotidien, dans notre vie individuel, et en communion avec nos proches. Mais ce commandement nous interpelle aussi sur le plan politique, pour que nous engagions des actes citoyens qui visent à mieux perfectionner le contrat social et à renforcer l’action de l’état en faveur de la justice.

R&N : Des Français pensent parfois que l’Église Catholique appelle à accueillir tous les migrants sans limite. Est-ce le cas ? S’il faut poser des limites à cet accueil, l’Église donne-t-elle des critères pour aider à fixer ces limites ?

Pastorale des Migrants : Cette question revient à la distinction évoquée en-haut, entre les différents mandataires de la solidarité. Il revient à l’État de définir la politique migratoire et les critères d’entrée sur le territoire national, et il revient aux citoyens du pays d’élire un gouvernement qui adoptera des mesures qu’ils jugent justes dans ce domaine.

Dans son Catéchisme (2241), l’Église Catholique reconnait aux États le droit de subordonner l’exercice du droit d’immigration à diverses conditions juridiques en vue du bien commun dont ils ont la charge. Dans ce même passage, il est aussi écrit que les nations mieux pourvues sont tenues d’accueillir autant que faire se peut l’étranger en quête de la sécurité et des ressources vitales qu’il ne peut trouver dans son pays d’origine.

Ce qui fait débat ce ne sont certainement pas ces deux principes, mais plutôt comment trouver le juste équilibre entre le bien commun des Français en particulier et le bien commun universel. Dans ce débat, Benoit XVI nous offre un critère de discernement : « Dans une société en voie de mondialisation, le bien commun et l’engagement en sa faveur doivent assumer les dimensions de la famille humaine tout entière, c’est-à-dire de la communauté des peuples et des Nations, au point de donner forme d’unité et de paix à la cité des hommes, et d’en faire, en quelque sorte, la préfiguration anticipée de la cité sans frontières de Dieu (Caritas in veritate).

R&N : La mission des citoyens chrétiens auprès des migrants n’est pas la même que celle des responsables publics : n’est-ce pas la source de l’incompréhension générée par le message de l’Église ? L’Église ne devrait-elle pas davantage rappeler à ceux qui en ont le pouvoir que des flux migratoires trop importants peuvent altérer la relation entre les Français ?

Pastorale des Migrants : L’identité de chrétien n’est pas en opposition à celle de citoyen, ni même à celle de responsable public dans un état laïc. Pour nous chrétiens, la foi offre un cadre auquel nous pouvons nous référer dans notre vie citoyenne. Un élément essentiel de ce cadre chrétien est la doctrine sociale dans l’enseignement de l’Église concernant le bien commun universel (Jean XXIII, Pacem in Terris). C’est-à-dire que nous ne pouvons pas nous enfermer sur nous-même en nous désintéressant du sort de ceux en-dehors de notre communauté particulière.

Jean-Paul II insista notamment sur la dimension concrète de la solidarité active auquel le principe du bien commun universel nous engage : « La solidarité n’est pas un sentiment de compassion vague ou d’attendrissement superficiel pour les maux subis par tant de personnes proches ou lointaines. Au contraire c’est la détermination ferme et persévérante de travailler pour le bien commun, c’est-à-dire pour le bien de tous et de chacun, parce que, tous, nous sommes vraiment responsables de tous » (Sollicitudo rei socialis).

Face à la menace de tensions inter-communautaires dans notre société, le principe du bien commun nous engage à œuvrer pour le vivre-ensemble, la paix sociale, la justice, le respect du droit pour tous les habitants en France. Ainsi, l’Église insiste fortement sur l’importance d’un chemin d’intégration pour les migrants qui s’installent dans un nouveau pays. Benoît XVI rappelle cela dans son message pour la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié de 2007 : « Il faut demander aux réfugiés de cultiver une attitude ouverte et positive à l’égard de la société qui les accueille, en conservant une disponibilité active vis-à-vis des propositions de participation visant à construire ensemble une communauté intégrée qui soit la “maison commune” de tous ».

Ce respect pour la société qui accueille s’articule avec une juste expression de la diversité : « Dans nos sociétés touchées par le phénomène global de la migration, il est nécessaire de chercher un juste équilibre entre le respect de sa propre identité et la reconnaissance de celle d’autrui. Il est en effet nécessaire de reconnaître la légitime pluralité des cultures présentes dans un pays, sauvegardant la protection de l’ordre dont dépendent la paix sociale et la liberté des citoyens » (Jean-Paul II, Message pour la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié 2005).

R&N : Les migrants déboutés de leurs demandes d’asiles ne sont pour la quasi-totalité pas expulsés du territoire, entraînant un sentiment de colère et d’incompréhension chez certains Français et certains catholiques. Est-il légitime de demander à ce que le droit français soit réellement appliqué ou pensez-vous qu’il faille au contraire remettre en cause ce principe d’expulsion des clandestins et des déboutés d’asile ?

Pastorale des Migrants : Concernant la proportion des déboutés du droit d’asile expulsés du territoire : en février 2015, la Cour des Comptes avait publié un rapport estimant qu’entre 5 et 6% des déboutés faisaient l’objet d’une expulsion. Selon la CIMADE, ce chiffre serait plutôt de l’ordre de 10%. En réalité, il est difficile d’établir des chiffres fiables pour les déboutés qui quittent le territoire, et ce pour deux raisons principales. D’abord, certaines personnes déboutées du droit d’asile accèdent quand même au droit au séjour en vertu d’autres motifs juridiques. Puis, il n’existe pas en France de registres de sorties. En effet, les chiffres que nous avons recensent les départs forcés, mais occultent la majorité des départs volontaires.

Concernant le principe des expulsions : l’Église reconnait que l’État a le droit d’établir sa politique migratoire et de la mener à bien, dans le cadre des conventions internationales et le respect de la dignité de chaque personne. Ce cadre inclut le principe de non-refoulement inscrit dans la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés  : « Aucun des États contractants n’expulsera ou ne refoulera, de quelque manière que ce soit, un réfugié sur les frontières des territoires où sa vie ou sa liberté serait menacée en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques. »

À partir de ce constat, notre préoccupation en tant que chrétiens doit se porter sur le bien-être de nos frères et sœurs, quelle que soit leur situation juridique. Sur ce sujet, le Cardinal Vingt-Trois nous rappelle qu’une « personne qui ne réunit pas les conditions d’accueil sur notre territoire ne cesse pas pour autant d’être une personne humaine, un homme, une femme, un enfant, que l’on doit respecter et traiter avec dignité. Une personne ne peut pas être détenue dans des conditions inhumaines. L’Église se félicite que de nombreux catholiques soient engagés sur ce front de la solidarité »(Documentation Catholique, 4 mai 2008, p. 435).

R&N : La peur et le rejet se développent face à l’augmentation des flux migratoires et aux revendications communautaires de l’islam en France. De tels sentiments sont-ils légitimes ? Comment y répondre ?

Pastorale des Migrants : Notre pays a été récemment traumatisé par des attentats meurtriers et nous vivons dans une phase historique où nos repères économiques, politiques, et culturels sont profondément remis en cause. Dans ce contexte, il est certainement légitime de ressentir un sentiment de peur face à l’avenir. Et la peur peut être utile à des moments précis quand elle nous stimule et qu’elle nous aide à éviter des dangers.

Pour autant, il n’est pas légitime de se laisser conquérir par la peur, ou de répondre à la peur par le rejet de l’autre. Si la peur est un sentiment profondément humain dont on ne peut se défaire, il est essentiel de prendre du recul face aux sentiments et d’invoquer notre raison et notre foi pour identifier et combattre les menaces réelles et de les distinguer des boucs-émissaires que nous pouvons désigner de manière hâtive.

Dans l’Évangile, Jésus se montre attentif aux peurs de ses disciples et s’adresse aux éléments pour apaiser les sources de leurs craintes, comme lorsqu’il menace le vent et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! » depuis la barque (Marc 4,23). Mais il s’adresse aussi à ses disciples eux-mêmes, les enjoignant à de nombreuses reprises : « ne craignez pas » (Matthieu 10,24-33). Jésus nous enseigne de répondre à la peur par la foi, de même qu’il nous enseigne de répondre à la haine par l’amour.

R&N : Quel rôle particulier les chrétiens sont-ils amenés à jouer dans l’accueil des réfugiés ?

Pastorale des Migrants : Les chrétiens sont appelés à accueillir les réfugiés, dans la conviction que nous sommes frères et sœurs en humanité. Comme pour tous les citoyens engagés sur ce terrain en France, il est important pour les acteurs chrétiens d’agir en réseau avec des partenaires publics et associatifs pour mutualiser les compétences de chacun, en complémentarité de l’État qui est juridiquement responsable de la protection des réfugiés en France.

Du fait de son implantation profonde dans la société française, l’Église a aussi un rôle à jouer sur le chemin de l’intégration : faciliter des liens entre réfugiés et citoyens français, promouvoir des rencontres fraternelles, permettre la découverte du pays et de sa culture, ainsi que de soutenir l’apprentissage de la langue française.

Finalement, l’Église et les chrétiens ont aussi un rôle spirituel qui les distingue des autres acteurs de l’accueil : accompagner les migrants dans leur foi en leur offrant une pastorale adaptée lorsqu’ils sont chrétiens, et un catéchuménat adapté lorsqu’ils souhaitent entamer le chemin vers le Christ.

R&N : Comment la pastorale des migrants organise-t-elle l’évangélisation des migrants ? Cette évangélisation porte-t-elle des fruits ?

Pastorale des Migrants : D’abord, la pastorale des migrants organise un chemin d’évangélisation avec les communautés catholiques issues de la migration. Cette évangélisation s’adresse aux migrants catholiques pour qu’ils puissent maintenir le lien avec leur vie spirituelle et les traditions de leur église d’origine, tout en s’intégrant progressivement dans les paroisses françaises.

À côté de l’accompagnement des aumôneries catholiques de la migration, la pastorale des migrants promeut la prise en compte de la réalité des migrants dans la pastorale ordinaire des diocèses (catéchuménat, catéchèse, pastorale des jeunes et des familles…). Cette évangélisation s’adresse aussi aux catholiques français dans le but de promouvoir la catholicité au sein de l’Église. En ouvrant nos yeux sur d’autres manières de vivre notre foi, les catholiques venus d’ailleurs peuvent être pour nous des acteurs d’évangélisation et de communion.

Les migrants nous sensibilisent à une véritable pastorale de l’accueil qui est déjà, en elle-même, un lieu d’évangélisation : témoignage d’un Dieu qui écoute, qui est là, qui chemine avec nous.

L’accueil des migrants non-chrétiens est aussi un lieu d’évangélisation par la rencontre et le témoignage. Paul VI, dans l’exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi {}écrivait, « l’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins. [...] C’est donc par sa conduite, par sa vie, que l’Église évangélisera tout d’abord le monde, c’est-à-dire par son témoignage vécu de fidélité au Seigneur Jésus, de pauvreté et détachement, de liberté face aux pouvoirs de ce monde, en un mot, de sainteté ».

De nombreux migrants qui arrivent en France méconnaissent la foi chrétienne et n’ont jamais eu l’occasion de découvrir les fondements de notre foi, ni même d’échanger avec des chrétiens. Les chrétiens engagés dans l’accueil des migrants portent un témoignage fort d’une communauté de Dieu à la fois solidement ancrée dans sa foi et ouvert sur le monde.

R&N : Plusieurs associations (dont la Fédération d’entraide protestante de France) s’inquiétaient en mars dernier des restrictions du nombre de visas accordés aux familles appartenant aux minorités religieuses irakiennes. Intervenez-vous auprès du gouvernement pour débloquer cette situation préjudiciable aux chrétiens irakiens ?

Pastorale des Migrants : La Conférence des Évêques de France a soulevé cette question lors de l’instance de dialogue avec l’État. Il nous parait impératif que les États européens, dont la France, offrent des couloirs d’accès sûrs et légaux pour les réfugiés les plus vulnérables en provenance de Syrie et d’Irak – cela inclut les minorités religieuses.

Par ailleurs, l’Église est aussi convaincue qu’il faut soutenir ceux qui restent sur place : « le droit primordial de l’homme est de vivre dans sa patrie : droit qui ne devient toutefois effectif que si l’on tient constamment sous contrôle les facteurs qui poussent à l’émigration » (Jean-Paul II, Discours au IVe Congrès mondial des Migrations, 1998). Dans cette optique, la Conférence des Évêques de France mobilise les catholiques par une action commune nommée : « L’Église de France soutien les étudiants d’Irak ».

L’objectif de ce projet est de permettre à une promotion de 380 étudiants de continuer leurs études à Kirkuk, dans leur langue et dès la rentrée prochaine, en leur fournissant un logement, de la nourriture, des fournitures scolaires, l’accès aux soins et une connexion internet. Ce projet représente un budget total de 1 140 000€ et assurera 10 mois de scolarité, soit 3000€ par étudiant pour une année d’étude.

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