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Je m’adresse ici à tous. Car débattre est assurément bien exigeant, et l’on en voit bien peu. Je ne veux pas parler ici bien sûr des articles bien argumentés publiés par combien de sites d’une grande pertinence, ni de la vérité du discours de beaucoup qui cherchent réellement à être honnêtes avec le réel. Car tout ceci est bon et indispensable, permettant à chacun d’avoir les éléments pour se forger une opinion raisonnée et ferme sur le sujet. Mais s’il on y voit des arguments, aucun réel débat n’est entrepris de cette manière.
En effet le débat est bien plus qu’une exposition argumentée de sa position. Car, dans ce cas, au mieux arrive-t-on à un point de désaccord indépassable, un endroit où l’on comprend ce que l’autre dit et pourquoi, sans être d’accord avec la raison car les principes sont différents. Et cela s’arrête là. Si chacun expose et argumente ses idées, on assiste finalement à un dialogue de sourds, ceux-ci l’étant plus ou moins. Mais surtout quand les positions sont extrêmement marquées et définies, il est inutile et vain de croire pouvoir faire bouger l’autre d’un pouce. Comment débattre ?
Une chose très importante, essentielle, est la suivante : il ne s’agit pas de confronter deux thèses. Car de la confrontation de deux thèses rien ne peut sortir. Pour que le débat soit fécond et serve à quelque chose, il ne doit s’appuyer que sur une thèse, qui est mise à l’épreuve. L’un de ceux qui débattent donnera une réfutation de la thèse, et l’autre mettra cette réfutation à l’épreuve par des objections. C’est ainsi que la réfutation sera vérifiée.
Il est bon également que ceux qui se proposent de débattre laisse un peu à part leurs convictions. Car ce qui sera recherché avant tout est la cohérence. Car ce qui est vrai est cohérent. Ce qui est cohérent a donc des chances d’être vrai. Ainsi le débat est dépassionné car la conclusion ne reste que probable. Chacun connaissant ses limites sait qu’il a bien pu oublier certains éléments ou mal comprendre certains autres. Mais avec honnêteté on peut aussi voir ce qui est particulièrement pertinent.
Si chacun des protagonistes recherche honnêtement une progression dans son intelligence du réel, le débat est possible. Il est donc évidemment impossible de débattre sans que l’autre soit ouvert au débat. Mais le seul fait de savoir ce qu’implique le débat facilite la chose, car si bien sûr une certaine agressivité est nécessaire afin que la thèse et sa réfutation soient réellement et solidement mises à l’épreuve, il en découle aussi une distance nécessaire entre les idées que l’on défend et sa conviction profonde, permettant une plus grande objectivité. Et l’honnêteté tirera nécessairement des fruits d’une telle confrontation, même s’ils peuvent prendre du temps ou nécessiter d’y revenir pour dialoguer à nouveaux frais sur certains points qui gênent encore.
Il est également d’une grande importance de se mettre au même niveau que l’autre, c’est à dire de chercher où est la cohérence dans son propos pour en discuter les principes, et non les conclusions. Une bien grande dispersion en découlerait sinon, absolument stérile. Par exemple un militant pour l’avortement ne veut assurément pas la mort d’enfants. Son engagement repose nécessairement sur autre chose, qui lui permettrait par exemple d’affirmer que l’embryon n’est pas un enfant. Et c’est donc cela qu’il faudra débattre.
L’exigence est donc pour chacun selon les situations dans lesquelles il peut se trouver. Un débat pourra être entrepris dans le réel comme par l’intermédiaire d’internet. Mais il est nécessaire de rechercher d’abord la bienveillance de l’auditeur, lui proposant les règles du jeu en quelque sorte, afin d’éviter une violence gratuite ou mal fondée. Au contraire il convient de garder une grande douceur. Car il ne s’agit pas là de politique, de bataille d’idées, pour laquelle nous réservons nos pamphlets, mais de recherche de vérité. Cette ambition est raisonnable, et bien plus elle est nécessaire.
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