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La France hystérique [Réponse à « l’UMP ou l’URSS »]

27 avril 2012 Ambrogio Riva

Depuis un mois, la France est véritablement frappée par des crises d’hystérie collective. D’un côté, la moitié gauche de la population s’amuse à croire que la bête immonde est de retour, mais laissons là cette gauche désespérante de bêtise et de bien-pensance : elle n’est pas digne d’intérêt. De l’autre, la France de droite et du centre-droit tremble face à l’arrivée des grands méchants rouges. Pendant plusieurs semaines, les officines et les médias proches de l’Elysée ont monté en épingle le tribun Mélenchon afin d’effrayer l’électorat de droite et l’inciter au vote prétendument utile – qui est plutôt un vote inutile – dès le premier tour de l’élection présidentielle. Tous les moyens furent bons, comme à chaque barnum présidentiel : sondages truqués, parfois même directement commandés par l’Elysée, instrumentalisation de « la peur et la haine », mise en branle des réseaux communautaires les plus variés, etc. Le score du candidat du Front de Gauche fut, sans surprise, proche du total habituel de l’extrême-gauche à chaque élection. Mais la mayonnaise de l’hystérie avait pris : le bourgeois tremblait. Les officines et la presse gouvernementales ont donc décidé de poursuivre dans cette voie qui a si bien fonctionné jusque-là. Depuis dimanche, l’agitation des milieux conservateurs est extraordinaire et approche vraiment de l’hystérie collective. Hystérie soigneusement pilotée depuis l’Elysée bien heureuse d’avoir réussi à mobiliser à bon compte son électorat traditionnel, et même un peu plus, en dépit de son bilan piteux, voire même catastrophique.

Tancrède nous expliquait ici-même que nous avions le choix entre l’UMP et l’URSS. Mais pourquoi l’URSS ? A ce compte-là, pourquoi ne pas évoquer la Corée du Nord, ou l’Albanie d’Enver Hoxha ? Ou mieux encore, Pol Pot ! Soyons sérieux, et arrêtons de jouer à nous faire peur, tels les jeunes enfants criant au loup. L’arrivée de François Hollande et de ses compères socialo-communistes n’est vraiment pas réjouissante. Mais la France s’en relèvera. La France a survécu à la Révolution, à Napoléon, à la trahison des Versaillais, à la Première Guerre mondiale, à l’invasion allemande, à l’occupation américaine, à la décolonisation, à De Gaulle, à Mitterrand, à Chirac, à Sarkozy, et elle ne survivrait pas à Hollande ? Non vraiment, ces blagues de collégiens ne tiennent pas une seconde. Quant au vote pour Nicolas Sarkozy par un électeur de droite, il constituerait, si ses positions ne changent pas d’ici l’élection, une faute morale qui s’ajouterait à la faute politique. Cet homme nous ment depuis dix ans. Tous les cinq ans, il nous répète « j’ai changé ». Il reprend son petit couplet patriotique et la main sur le cœur. Il proclame son amour de la France la larme à l’œil. Il chante les racines chrétiennes de la France et de l’Europe avec des tremolos dans la voix. Oh, pardon, j’oubliais. Il y a du nouveau en 2012, puisque Nicolas Sarkozy regrette que la Constitution européenne ne fasse pas mention de ces racines chrétiennes. Ce qui ne manque pas de toupet venant du traître qui a fait adopter discrètement ladite Constitution (maquillée en Traité de Lisbonne) malgré son rejet par référendum, quelle forfaiture ! Comme le disait le docteur Goebbels, « plus le mensonge est gros, plus il passe ». Véritable faute morale donc que de voter pour ce digne disciple du Colonel De Gaulle qui érige le mensonge, la trahison et la forfaiture en principes de gouvernement. En agissant ainsi, l’électeur de droite encourage le vice puisqu’il prouve qu’il produit les résultats escomptés.

Le plus surprenant est qu’il y ait encore des électeurs de droite pour croire à cette ignoble danse du ventre alors que, dans le même temps, Sarkozy et les hiérarques de son parti ne cessent d’insulter et de mépriser les électeurs de droite. Un jour ce sont des « paumés », le lendemain ce sont des « désespérés », un autre jour ils ne voteraient pas parce qu’ils adhérent aux valeurs de la droite mais seulement par dépit.

Enfin et surtout, lorsqu’on interroge les représentants du centre-droit (qui rappelons-le nous répètent à longueur de colonnes que les socialo-communistes nous enverront droit en Enfer – comme si nous n’y étions pas déjà –) sur leur attitude lors des futures élections législatives, ils n’hésitent pas qui à voter pour lesdits socialo-communistes, qui à faire barrage à la droite, qui à s’abstenir de peur de se salir les mains en votant pour la droite. Mais personne, aucun député du centre-droit, aucun responsable de l’UMP, n’envisage une seconde de faire barrage à la gauche si dangereuse lors de ces futures élections, alors même que ce sera lors des élections législatives que sera décidée la manière dont la France sera gouvernée pendant cinq ans (et non le 6 mai puisqu’un président sans majorité parlementaire ne sert à peu près à rien). La gauche ne serait-elle pas si dangereuse finalement ? Ou le centre-droit préfèrerait-il voir le pays gouverné par une majorité de gauche plutôt que d’accepter la réapparition d’un groupe parlementaire de droite après vingt-quatre ans d’absence ? Le centre-droit aurait-il donc si peur d’avoir une quinzaine de députés sur sa droite qui risquerait de lui rappeler ses promesses et ses engagements, de lui servir d’aiguillon ? L’UMP refuserait-elle une fois de plus, malgré ses promesses d’instauration d’une micro-dose de proportionnelle (10% aux dernières nouvelles) aux élections législatives, promesses jamais tenues depuis dix ans, que le pays réel soit représenté enfin à l’Assemblée nationale ? Quel sens de la démocratie ! Quel respect pour les électeurs de droite ! Aux yeux de ces tartuffes, l’électeur de droite n’est qu’un imbécile qu’on peut manipuler facilement tous les cinq ans, en le berçant de belles paroles enjôleuses. Si l’électeur de droite avait un minimum de conscience politique et de bon sens, il exigerait pour prix de son ralliement des engagements clairs sur les prochaines échéances électorales, comme le fait sa candidate éliminée au premier tour. Mais ce sont des qualités qui nécessitent la connaissance de l’histoire politique récente, qui semble bien manquer à une nombreuse partie des nationaux.

27 avril 2012 Ambrogio Riva

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