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Une foule immense de français s’est rassemblée ce week-end dans toutes les villes en mémoire des victimes des attentats de la semaine dernière.
Nous ne rentrerons pas dans la polémique sur le nombre de manifestants ; exemple unique dans l’histoire de la rue française où organisateurs et forces de l’ordre sont unanimes sur les chiffres communiqués. On notera cependant que nombre de journalistes et commentateurs n’ont pu s’empêcher de comparer cette marche aux manifs pour tous, preuve d’une certaine façon que ces manifestations populaires les obsèdent encore.
On ne s’attardera pas sur la volonté déjà annoncée de certains, telle Valérie Pécresse, de sauter sur l’attentat pour restreindre encore plus les libertés individuelles et introduire un Patriot Act à la française. Il suffirait pourtant de commencer par faire appliquer correctement les lois déjà votées et de mettre fin au laxisme judiciaire, si besoin, non en rajoutant de nouvelles lois mais en faisant le ménage dans un code pénal devenu illisible.
On ne polémiquera pas plus sur la récupération flagrante de la marche parisienne par toutes les associations subventionnées habituelles (Ligue des Droits de l’Homme, MRAP, LICRA, SOS Racisme, ... et même jusqu’à l’Inter-LGBT).
Il est normal de voir les hommes politiques réagir aux évènements. Il l’est beaucoup moins de les voir récupérer politiquement une marche d’hommage aux victimes.
Loin des rassemblements spontanés de mercredi et jeudi soir, la marche parisienne baptisée pompeusement “marche républicaine” fut un chef d’œuvre de récupération politique et un summum d’hypocrisie. Les français consternés ont vu ce déluge de personnalités politiques françaises et étrangères, de journalistes, intellectuels ou artistes se bousculer derrière les banderoles pour être pris en photo par les médias. Au delà de l’exhibitionnisme malsain, chacun essayant d’immortaliser cet instant pour pouvoir ensuite fièrement dire « regardez, j’en étais », ce fut une grande marche schizophrène où le peuple se retrouva obligé de marcher derrière cette “élite” pourtant responsable de cette situation et derrière un certain nombre de représentants d’états étrangers dans lesquels les notions de “liberté d’expression” et de “liberté de la presse” provoquent l’hilarité générale.
Taubira se pavanant fièrement derrière sa banderole devra pourtant répondre de l’effrayant laxisme judiciaire qui a conduit à la remise en liberté d’un Coulibaly, détenu depuis 2010, condamné à cinq de prison en 2013 et pourtant déjà en liberté. Cazeneuve devra lui aussi répondre des failles gigantesques dans la surveillance des djihadistes puisque l’on apprend que Chérif Kouachi n’était plus surveillé depuis décembre 2013 et que son frère Saïd ne l’était plus non plus depuis juin 2014.
Marchant aux coté de François Hollande, on a pu apercevoir Ahmet Davutoglu, premier ministre turc, ainsi que des dignitaires de l’Arabie saoudite et du Qatar. Pourtant un dessinateur turc risque 9 ans de prison pour avoir caricaturé Erdogan ; en Arabie saoudite le blogueur Raef Badawi a été condamné à 10 ans de prison et à 1000 coups de fouets pour « insulte envers l’islam » et vient de subir sa première séance de flagellation ; tandis que l’émirat du Qatar est régulièrement mise en cause et accusé de financer des organisations terroristes.
Puis l’indécence succéda à l’hypocrisie. Au pèlerinage universel de l’après-midi, succéda la messe télévisuelle du soir. Sans pudeur ni décence, la mort et le deuil sont devenus durant quelques heures un numéro de télé-réalité burlesque. Le temps d’une grande soirée “Je suis Charlie” organisée par France 2, l’on pleura les morts en direct à la télévision.
Louant une liberté d’expression accordée généreusement sur l’antenne du service publique, le gratin artistique et médiatique, comme des enfants immatures, a joué à se faire peur, chantant « J’aurais voulu être djihadiste » et accumulant blagues et dessins salaces sous les applaudissements du public. Quand une des invitées osa un instant parler plus sérieusement de l’exploitation sexuelle des femmes par l’état islamique, le présentateur ne put, dans un réflexe de politiquement correct, que s’empresser d’ajouter : « il y a beaucoup de musulmans aussi qui sont victimes des djihadistes ».
Exercice bien dérisoire et puéril où toute la bienpensance politique, médiatique et culturelle se gargarise de sa propre liberté d’expression, se censurant elle-même pour rester dans les bornes de la parole autorisée et croyant transgresser un ordre moral qu’elle a pourtant détruit depuis bien longtemps. Il y aurait eu néanmoins fort à dire sur cette liberté d’expression, ou plutôt sur son absence, censurée qu’elle est par les lois Gayssot, Taubira, et autres lois mémorielles qui tels des dogmes enseignent ce qu’il est autorisé de dire et ce qui ne l’est pas dans notre pays. Ardents défenseurs de la liberté d’expression, la foule, les médias et les politiques seraient ils descendus dans la rue de la même manière avec leur pancarte “Je suis Zemmour”, “Je suis Minute”, “Je suis Présent” si ceux-ci avaient été victimes d’un attentat terroriste ? La question mérite d’être posée.
Cette soirée télévisée ne fut qu’un mélange glauque et écœurant de voyeurisme (les larmes et les soupirs des invités) et de consumérisme (répétant à plusieurs reprise « il faut s’abonner » ou « on espère que des millions de personnes vont acheter ce numéro ») ; un épisode obscène de l’affaissement moral du pays mélangeant absurdité, déni et nihilisme où la mort et l’émotion sont devenus commerce et spectacle.
Refusant, un peu inquiets, l’hypothèse d’un jugement divin - Cabu et ses amis niaient visiblement la notion de paradis et considéraient par contrecoup que l’enfer n’existe pas non plus - ils se représentèrent les morts accoudés dans un bistro éternel (sans transcendance ni divin). Dans la lignée de cette eschatologie laïque, Reporter sans Frontières en profita alors pour lancer “un appel pour le droit au blasphème” ayant comme but de faire signer une charte laïque et athée à tous les responsables religieux pour l’afficher ensuite sur les portes de toutes les églises, mosquées et synagogues.
La soirée se vautrant dans l’indécence ne fut qu’une célébration mémorielle laïque, sans dieu, sans transcendance, sans sens et sans but. Inconscient ou affligé, le spectateur assista impuissant en direct sur son écran de télévision au stade ultime du nihilisme. La mort est le nouveau reality show, symbole parfait d’une société vide de sens et en plein suicide.
On aurait pu s’attendre à l’annonce politique de mesures concrètes à l’occasion de cette marche, mais rien ne vint si ce n’est plus de vivre-ensemble et plus de lutte contre les amalgames. Durant sa soirée, que l’un des intervenants nomma d’ailleurs “Soirée du vivre-ensemble”, France 2 ne fut pas plus capable de nommer l’ennemi, de tirer aucune conséquence, de remettre en cause aucune hypothèse. Il faudrait lutter contre l’islamisation de la France et l’extrémisme qui en découle ? Ils proposent plus de laïcité, plus de vivre-ensemble, plus d’immigration... Ils n’ont donc rien appris. Cette idéologie qui vient de nous conduire au désastre, ils veulent l’appliquer encore plus fort, encore plus loin. Le suicide de la France continue à marche forcée.
La multiplication des revendications identitaires, qu’elles soient identifications empathiques aux victimes ("Je suis Charlie", "Je suis Juif", "Je suis Ahmed", ...), réaction à ces slogans ("Je suis Charlie Martel", "Je suis Français", ...) ou provocation des banlieues françaises ("Je suis Coulibaly", "Je suis Kouachi", ...) démontre que l’une des problématiques centrales des évènements de la semaine passée est bien l’identité.
Qui suis-je ? Qui sommes-nous ? Quels liens donc unissent encore les Français entre eux ? Répondant avec difficulté à ces questions, les Français auront bien plus de mal encore à convaincre ceux qui cèdent à l’islamisme radical.
L’immigration massive, deuxième source avec le renoncement identitaire de l’islamisation de la France, est elle aussi au cœur du problème. Nous avons depuis des décennies abandonné tout processus d’assimilation des populations immigrées arrivant dans notre pays, laissant s’installer une identité parallèle qui dans bien des quartiers a supplanté l’identité de papier. Ne faudrait-il pas de toute urgence fermer les vannes de l’immigration massive ? Ne faudrait-il pas arrêter la pompe aspirante des avantages sociaux ? Comment intégrer, si cela est encore possible, ces populations déjà présentes sur notre sol ? Toutes ces questions qu’il aurait fallu se poser il a des années, qui n’ont pas été posées ces derniers jours doivent être posées aujourd’hui.
L’islam, avec l’islamisme, son enfant terrible, est le troisième membre de cette équation à résoudre. La France s’islamise de plus en plus, la gauche elle-même commence à le reconnaitre. Ce qu’elle ne reconnait pas c’est que cette islamisation est un grave problème. Pas seulement parce que la France est une terre chrétienne mais avant tout parce que l’islam est historiquement et théologiquement en incompatibilité avec notre culture occidentale.
Ne faisons pas d’amalgame. Soit. Mais un malaise remplit pourtant nombre de manifestants présents aux marches de ces derniers jours : où sont passé les musulmans de France dans ces manifestations ? Où sont donc tous ces modérés dont on nous parle sans cesse ? Si visibles habituellement dans nos rues, ils avaient étrangement déserté les artères de nos villes françaises ce week-end.
Nous aurions tort, pour ne pas stigmatiser, pour faire dans le politiquement correct, de continuer à nier le lien étroit entre islam et islamisme, entre musulmans modérés et les branches plus radicales telles le salafisme dont l’influence explose actuellement (le nombre de mosquées salafistes en France serait ainsi passé de 40 à 89 en deux à trois ans).
Car l’Islam tout entier est torturé par cette question centrale du rapport entre religion et violence que relevait Benoit XVI dans son discours de Ratisbonne. Des questions telles celles de la liberté religieuse, du rôle de la femme ou de la séparation du temporel et du spirituel obtiennent pour le moment des réponses à l’opposé des nôtres, comme le montrent les lois actuellement en vigueur dans les principaux états musulmans. Cette violence radicale du djihad découle directement de cette relation complexe qu’entretien l’Islam avec la violence. Nier cette parenté ne fera qu’empêcher toute résolution du problème.
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