[EUROPE] Le UKIP l’emporte sur le FN

Coup de théâtre : le UKIP a finalement constitué son groupe au parlement européen, grâce... à une députée élue dans l’Ouest sur une liste FN, Joëlle Bergeron. Celle-ci avait été exclue du parti peu de temps après son élection pour s’être déclarée favorable au droit de vote des étrangers aux élections locales. Le FN, de son côté, malgré une fausse annonce la semaine dernière, piétine encore à former son groupe.

Nigel Farage est donc parvenu à réunir, outre les 24 élus du UKIP, 17 élus du Mouvement Cinq Etoiles italien, qui revendique n’être ni de gauche ni de droite, deux élus des Démocrates suédois, hier alliés au FN, deux élus du parti lituanien Ordre et Justice, donnés la semaine dernière acquis au FN, mais qui n’ont finalement pas changé de groupe, un élu tchèque, un élu letton, et Joëlle Bergeron.

La position du UKIP était pourtant critique ces derniers jours, car il était victime de victime de vagues de désertions au sein de son groupe sortant EFD : la Ligue du Nord s’est unie au FN, mais surtout, le Parti populaire danois et les Vrais Finlandais ont rejoint le groupe ECR des conservateurs britanniques. Comble du malheur, un de ses vieux partenaires, l’élu du Parti politique réformé, formation protestante néerlandaise vieille de 1918, dont le programme est l’application littérale de la Bible, a rallié, à son tour, le groupe ECR.

La réussite in extremis de Nigel Farage est un coup dur pour les conservateurs britanniques. Le Premier ministre David Cameron veillait personnellement à priver Nigel Farage de sa visibilité au Parlement européen, et le mettre ainsi hors d’état de nuire pour les élections générales du Royaume-Uni de 2015. En effet, confronté à la concurrence du UKIP sur sa droite, Cameron n’a plus que la rhétorique anti-UE à proposer à ses électeurs. Il lui fallait donc neutraliser ce rival, qui est passé devant les conservateurs aux élections européennes.

De plus, sans la concurrence de groupes FN et UKIP, le groupe ECR pouvait prétendre à être l’unique formation « eurosceptique » du Parlement européen, et devenir ainsi le chef de file de la contestation souverainiste. Une imposture, car David Cameron, ardent partisan d’une adhésion européenne de la Turquie, souhaite avant tout veiller à ce que l’Europe demeure un vaste espace de libre-échange, et à renégocier les liens entre le Royaume-Uni et l’Europe, avec le soutien discret d’Angela Merkel. Mais le Premier ministre britannique, élu sur un programme conservateur social « Red Tory », et instigateur de l’austérité libérale et du mariage gay, n’est pas une escroquerie près.

C’est évidement un coup dur pour le FN, qui démontre sa difficulté à tenir ses propres troupes, ainsi qu’à tisser des alliances à Bruxelles. Il lui manque un pays pour former un groupe d’ici le 24 juin. Selon les rumeurs, elle pourrait toutefois réussir à former un groupe en s’alliant avec un élu bulgare du VMRO, un parti nationaliste.

A ce sujet, la récente "fournée" de Jean-Marie Le Pen a compromis les négociations de sa fille dans la formation d’un groupe. Un membre du UKIP a même confié, incognito, que la seule existence de Jean-Marie Le Pen rendait impossible toute collaboration entre le FN et le mouvement britannique. Voilà qui expliquerait, plus que le tollé médiatique parisien, la hâte de Marine Le Pen a tuer le père au plus vite.

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