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[ÉDITORIAL] Vous avez dit aristocratie ?

Lorsque le commun des mortels, c’est-à-dire pas le bon catho pratiquant ayant fréquenté les scouts d’Europe et les écoles privées catholiques, entend le terme « aristocrate », il ne peut s’empêcher d’avoir une pensée méprisante pour ce type d’homme qu’il se représente comme étant grand et maigrelet avec un faciès tendant vers la fin de race, des habits style troisième âge et l’inévitable chevalière au doigt. Ou alors, le français moyen peut aussi penser aux familles royales ou princières d’Europe dont les cérémonies ou les frasques abreuvent souvent la presse de bas étage. Il est vrai que les aristocrates ont perdu de leur superbe depuis qu’ils ont été remplacés par la bourgeoisie à la tête administrative de l’Etat, et ce même avant la Révolution française. Mais ce serait vite oublier qu’ils ont constitué pendant un peu plus de mille ans l’élite des sociétés européennes et qu’ils ont donc réussi à perpétuer leurs traditions et leurs valeurs à travers leurs descendants. Toutes ces grandes lignées aristocratiques ont participé au renom de la France et ont contribué à former une société capable de reproduire ses formes décennies après décennies.

Mais l’aristocratie de sang, omniprésente en Europe, ne correspond pas à la définition originelle de l’aristocratie même si elle partage ses valeurs. En effet, ce n’est pas nécessairement le sang qui définit l’aristocrate mais sa vertu. Aristos en grec signifie en effet « excellent » ou « le meilleur ». Or, le fait d’avoir des aieux vertueux ne fait pas de nous des êtres excellents en soi. La vertu ne se transmet pas par le sang, elle s’apprend. Elle ne relève pas de l’inné, mais de l’acquis. Il est vrai que l’homme d’excellence aura tendance à éduquer sa progéniture dans la recherche de la perfection. Mais les fils et les filles ne sont parfois pas à la hauteur de leurs géniteurs. Cela étant précisé, l’aristocratie de vertu ou de sang a tendance à charrier les mêmes valeurs. Ces valeurs ont de quoi faire frémir notre société féminisée et pacifiste : honneur, bravoure, force, virilité, sacrifice, devoir ou encore goût pour le beau. Elles ont sans doute largement contribué à faire de notre pays un des États les plus puissants d’Europe. C’est peu dire que les valeurs contemporaines telles que la tolérance, le relativisme, le cosmopolitisme, le féminisme ou encore le matérialisme sont en corrélation avec l’effondrement spirituel et charnel de notre nation. Les valeurs aristocratiques interpellent par leur nécessité actuelle.

L’aristocratie ne se résume pas à une morale commune à certaines familles d’élite. Elle ne s’apparente pas uniquement à une généalogie faites de lignées prestigieuses qui ont traversé l’Histoire. C’est aussi une forme politique comme son étymologie l’indique. Il s’agit du pouvoir des meilleurs, des plus vertueux. L’évidence suivante saute aux yeux : ce régime politique n’a pas été souvent utilisé en Europe où la monarchie puis la démocratie ou monarchie parlementaire ont largement dominé. En outre, les ouvrages de philosophie politique sur l’aristocratie ne sont pas légion. Un champ de recherche sur les causes de la faible utilisation de ce régime politique, sur son contenu et sur le désintérêt intellectuel qu’il semble susciter reste ouvert. À l’heure où notre pays est dirigé par des subordonnés du Capital, être gouverné par les plus vertueux peut indéniablement être une perspective réjouissante.

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