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Il est souvent reproché aux adversaires de la PMA d’accepter trop facilement la PMA pour les couples hétérosexuels infertiles tout en la refusant aux lesbiennes ; la chose fleurant l’homophobie, il s’agit presque d’une condamnation au bagne. Et il est vrai que la PMA légalisée il y a déjà longtemps n’avait pas beaucoup choqué à l’époque. Il serait faux néanmoins de dire que les chrétiens et les autorités de l’église sont favorables à la PMA pour les hétérosexuels et défavorables à la PMA pour les lesbiennes. L’église, elle, a clairement exprimé son opposition à toute forme de conception in vitro. Il a déjà été dit que la manipulation technologique du vivant donnait lieu à des risques éthiques considérables ; il en est un autre non moins important, celui qui a trait à l’éducation d’un enfant par ceux qui ne sont pas ses géniteurs.
Les législateurs sont en train de faire tourner à toute vitesse la machine à fictions juridiques pour faire des parents autant qu’il en faudra pour satisfaire les lesbiennes, et il est dit et claironné que c’est l’intention qui compte pour être parent. Mais on oublie une réalité brûlante, qui est celle du besoin d’un lien biologique entre le parent et l’enfant. C’est donc l’idée même d’un « don » de matériel génétique comme d’un outil de bricolage qu’il faut réfuter. Le présenter ainsi occulte le fait que le « matériel génétique » est central à tout foyer. Au sein d’un couple hétérosexuel comme de toute autre chose, il est mensonger de dire que l’enfant élevé par un parent biologique et une autre personne qui l’adopte est sur le même pied que celui qu’élèvent ses deux parents biologiques.
S’il est vrai que les procédures d’adoption et le faible nombre d’enfants adoptables sont une raison de se détourner de cette possibilité en cas de « désir d’enfant » inassouvi, on ne peut s’empêcher de noter que la fécondation in vitro a aussi répondu à une volonté évidente, celle que l’enfant soit génétiquement lié à ceux qui l’élèveront. Pourquoi Marc-Olivier Fogiel et son compagnon ont-ils chacun un enfant issu de leurs propres gamètes, sinon pour établir un semblant d’équilibre dans le bricolage qu’ils ont opéré ? On ne regarde pas la chair de sa chair comme on regarde un autre enfant, même adopté. Et si, dans le cas d’une adoption, les choses sont claires, il en va tout autrement dans le cas d’un enfant né in vitro suite à un « don de matériel ». L’asymétrie demeure, et l’on ignore les dégâts qu’elle peut faire sur un enfant à travers le comportement qu’aura, consciemment ou inconsciemment, l’adulte qui n’est pas son parent biologique et qui l’élèvera. Ici encore, la science a foncé, sans se demander quels troubles elle instaurait.
De même, les inventions juridiques de la majorité parlementaire, de toute façon attachée à faire passer sa loi, cachent mal le malaise qui entoure la question de l’accès à l’identité du géniteur qui aura « fait don » de son « matériel génétique » : les reportages, mêmes chez les médias le plus acquis au discours officiel, sont pleins de ces individus issus d’une fécondation in vitro qui cherchent désespérément le lien biologique qui leur manque dans leur filiation. Si la question de l’anonymat du « don » de sperme est par ailleurs une pierre de plus dans le jardin des apprentis sorciers, comment ne pas voir à quel point la différence fabriquée entre le père « social » et le père biologique est un poids pour les personnes ? On insiste beaucoup, dans les milieux militants, sur la bonne santé psychologique d’enfants fabriqués par PMA lorsqu’ils ont trois ans, mais il y a bien là un exemple de trouble qui se manifeste pleinement à l’âge adulte, jusqu’à l’obsession. On a bien sûr pris soin de ne pas en parler.
Élever un enfant qui n’est pas le sien biologiquement parlant, surtout c’est à l’inverse le cas de son conjoint, ne laisse de poser des problèmes qui touchent aux structures les plus fondamentales de ce qu’est une famille. Il est faux de dire que l’église a attendu la modification de la loi existante pour y inclure les désirs des personnes lesbiennes, mais il est vrai que la protestation aurait pu commencer bien plus tôt, et pour des raisons bien plus larges. Qu’à cela ne tienne : militons donc pour l’abolition de toute forme de « don de sperme ». La culture ambiante y gagnera ce que le marché y perdra.
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