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Un des arguments souvent soulevés par les adversaires de l’Église consiste à pointer du doigt les contradictions apparentes entre un Ancien Testament qui montre un Dieu vengeur et irascible, violent à la fois contre les ennemis de Son peuple élu et contre ce dernier lorsqu’il se montre indigne, et qui édicte une loi d’airain, extrêmement sévère, pointilleuse dans tous les moments de l’existence humaine, et un Nouveau Testament dans lequel Jésus appelle à ne pas condamner, et semble faire primer l’Amour sur toute application stricte de la loi ancienne. Il n’en est bien évidemment rien, et tout un langage a été élaboré pour permettre de dépasser cette contradiction apparente : Jésus n’est pas venu pour abolir la loi de Moïse, qui reste la volonté divine édictée par le Père, mais pour la « sublimer ». Il est important, notamment dans une optique d’évangélisation, de bien comprendre ce terme afin de l’expliquer plus clairement à ceux qui restent sceptiques devant l’enseignement de l’Église. C’est notamment à partir de la parabole du fils prodigue que ce terme peut s’éclairer.
L’enseignement à tirer de cette parabole serait limpide et parfaitement simple si l’on n’y voyait que le père accueillir sans attendre d’humiliation visible son fils qui avait osé quitter la maison en prenant l’argent qu’il ne devait toucher qu’à la mort de son père. Il y a là bien évidemment le symbole poignant de l’amour du Père qui pardonne tout à l’homme Son enfant et attend le premier geste, même minuscule, de repentance pour faire à nouveau abonder Sa grâce sur lui. Mais entre les deux personnages se situe un troisième, le fils aîné, celui qui, ayant respecté son père toute sa vie durant, ne comprend pas une telle indulgence et une telle générosité pour son cadet. Lorsque le père répond à sa colère, il lui dit notamment : « tu es toujours avec moi et tout ce qui est à moi est à toi ». Il y a là une image de la communion parfaite du Père et du Fils au sein de la Très Sainte Trinité, ce que renforce la réputation de l’aîné, qui rappelle qu’il a toujours obéi. Dans la parabole, le premier fils n’est pas sans nous rappeler le Fils de Dieu, « né de Dieu avant tout les siècles » donc aîné par rapport à l’homme, et en toutes choses uni à Son Père. Cependant, en revenant à la parole « tu es toujours avec moi », il nous faut observer que le fils aîné, s’il possède quelques traits communs avec le Fils de Dieu, n’est pour autant pas en tout point semblable à lui.
En effet, le Fils de Dieu s’est à un moment de l’histoire séparé de Son Père : c’est au moment de l’Incarnation qu’il est « descendu des cieux » qui sont la demeure du Seigneur, et a vécu comme un homme, invoquant le Père comme ses congénères de Judée, et partageant tout de leur condition, si ce n’est le péché. De plus, au moment de son « repos selon la chair », comme le dit l’exapostilaire byzantin de Pâques, Jésus Christ, vraiment Fils de Dieu et Dieu Lui-même, a brièvement, par Sa nature humaine, fait l’expérience de ce dans quoi ni Son Père, ni l’Esprit Saint n’ont pu Le suivre. Dans l’histoire du péché, de l’éloignement de Dieu, et donc de la mort, que raconte notre parabole, le fils prodigue a décidé de revenir auprès de son père. Sans rien enlever à cette image et à sa signification, la présence du fils aîné dans cette parabole nous annonce et nous fait comprendre le sens de la présence sur terre de Celui qui raconte. Le fils aîné se satisfait de son observance de la loi établie par son père, et se compare à son frère en espérant pouvoir y voir sa supériorité, et espère en obtenir un sort meilleur que lui. Il n’accepte pas qu’après avoir emporté ce qui lui était dû, le fils soit accueilli par d’autres dépenses, qui sont donc nécessairement faites sur les possessions qui devraient dès lors lui revenir. Mais le Christ, après que l’homme a quitté le sein de Dieu pour les griffes de la mort, part docilement en expédition pour sauver cet autre fils de Dieu qu’est l’homme, et sacrifie jusqu’à sa vie pour ce faire : le père ne dit-il pas que, malgré tous les sacrifices qu’il fait pour garder son autre fils près de lui, rien ne sera enlevé (« tout ce qui est à toi est à moi ») à l’aîné ?
L’amour guérit tout. Il remet la dette du fils prodigue et le fait revenir en grâce dans sa maison ; en lui, respecter la loi de Dieu n’est jamais suffisant, et c’est des sacrifices supplémentaires auxquels nous consentons que proviendra le Salut. Finalement, la miséricorde salvatrice du père, mise en regard de ce que n’a pas fait le fils aîné, est une annonce du plan divin pour le Salut, qui prendra toute sa cohérence dans le Sacrifice sur la Croix. Celui qui n’a pas respecté la loi est tout de même sauvé et reçu dans la joie lorsqu’il revient ; et la venue du Christ parmi les hommes ouvre une ère où la loi soufflée aux prophètes continue de représenter la volonté de Dieu, mais où Dieu ne s’épargne aucun effort, et nous invite à faire de même, pour faire revenir les pécheurs dans l’Alliance nouvelle qu’Il a forgée avec eux. C’est ainsi que doit se comprendre la modification qu’apporte le Christ au rapport à la loi, qui ne doit plus être appliquée en allant à l’encontre de ce pour quoi elle a été faite, l’ultime Bien de l’homme, c’est-à-dire son Salut.
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