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La Semaine Sainte sur le R&N : Paul du Rel : « Le Mont des Oliviers »

Cet article a été publié pour la première fois le 28 mars 2013.

JEUDI SAINT : "Le Mont des Oliviers", Paul du Rel.

Parmi les maladives et tristes exhalaisons
Des oliviers hâtifs aux feuilles florissantes,
Derrière le versant où coule le Cédron,
Le Seigneur fut baigné par une aube mourante.
 
Parmi ces pampres verts, qui bourgeonnaient en fleur,
Alors qu’à l’horizon vibrait le crépuscule
Et faisait rougeoyer la face du Sauveur,
L’Espérance mourait formant une ridule.
 
Le visage creusé par des larmes de sang,
Abreuvant la terre d’une rouge rosée,
Le Seigneur à genoux pleura tout en priant,
Et fit gémir le vent de la triste Judée.
 
À quelques pas de là, les disciples endormis,
Accablés de fatigue et lassés de prières,
N’avaient pas su veiller et prier avec lui.
Tous dormaient paisibles, tous tel Simon-Pierre.
 
Jésus triste à mourir ne leur dit que ceci :
« La tentation nous tue par manque de prière.
Si faible est votre chair, que vaillant soit l’esprit.
Car ce que l’on demande, on l’obtient du Père.
 
Le Mal ne peut rien si l’on mande à l’Amour.
Sachez que plus jamais nous ne prierons ensemble,
Ne vous endormez plus et veillez jusqu’au jour. »
Mais ces mots s’endormirent en les doigts de vieux trembles.
 
Jésus pria encor dans ce dernier jardin,
Et saisi par l’angoisse il implora le Père
De le prendre en pitié dans le creux de ses mains,
D’éloigner une coupe à la saveur amère.
 
Épousant tout de nous, de notre condition,
Jésus le Fils de l’Homme, la veille du supplice,
Connu l’angoisse rouge de sa crucifixion ;
De sa mort prochaine, du dernier sacrifice.
 
Alors du ciel sombre qui se fendit en deux,
Entouré d’un halo de divine lumière,
Un ange recouvert d’une cape de feux
Jaillit du firmament et descendit sur terre.
 
Il berça le seigneur dans ses bras parfumés
Dans l’Amour joyeux qui redonne à la Vie,
Et il donna à boire une coupe de Léthé,
Au Christ prisonnier de la Sainte Agonie.
 
Aujourd’hui ce jardin est encore brûlant,
Des larmes que le Christ, dans cette nuit de veille,
A versées sur l’Église dans l’horizon couchant,
L’arrosant à jamais d’une pluie vermeille ;
 
De cette nuit de veille où avant de mourir,
L’Église s’endormie aux côtés de son maître,
À la face du Christ qui s’en allait souffrir
Après que de ses joues il eut reçu le traître.
 
Frères en ce soir tardif faisons comme Le Fils.
Pleurons pour les souffrances et la lente agonie
De celui qui pour nous, seul, fut offert jadis,
Et cloué sur la croix pour nous rendre à la vie.
 
Soyons l’Église triste et forte dans sa foi.
Luttons contre nos chairs et chantons la complainte
De celui, qui pour nous, fut cloué sur la croix,
Et lava nos péchés sans émettre une plainte.

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