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Ceux qui me connaissent le savent, je suis un nudiste non pratiquant. Je me définis comme nudiste, mais je ne pratique pas cette activité en dehors de ma douche, estimant avoir mieux à faire de mes matinées. Je vous vois pouffer devant vos écrans, vous disant que la sincérité de mon engagement en tant que naturiste peut être mise en doute. Mais non, je suis un nudiste non pratiquant. Sérieusement, me diriez-vous, et vous n’auriez pas tort, « si vous êtes nudiste, allez vous étendre nu sur le sable chaud ! Si vous ne le faites pas, alors, c’est que vous n’êtes pas un nudiste ». Vous l’aurez donc compris, je ne suis donc pas un naturiste. Vous pouvez vous promener sur l’île de Groix tranquilles.
Que dire alors du catholique (je le sais, la transition est brutale) qui s’affirme chrétien, mais qui s’estampille de ce label de « non pratiquant » ? Pardonnez la comparaison, je sais qu’elle est osée, mais elle pousse à réfléchir. En effet, si se qualifier de nudiste alors qu’on ne se dévêt guère en public est absurde, se dire catholique sans pratiquer l’est infiniment plus. Il s’agit, en plus d’une contradiction des termes, d’un oubli de ce qu’est la Foi : cela signifie tout simplement que l’on ne croit pas. Être catholique, ça n’est pas appartenir à une association qui sert à enterrer pépé et mémé, ou à proposer un spectacle chanté pour séparer le plat de résistance de la bûche le soir de Noël !
Être catholique, c’est croire en Quelqu’un, avant de croire en quelque chose. C’est croire que Jésus-Christ est le fils de Dieu, mort pour nous et ressuscité pour racheter nos péchés et nous révéler l’étendue de l’amour du Père. Être catholique, c’est, en somme, croire en ce que contient le Credo. C’est croire en Dieu. C’est croire au Christ. C’est croire à l’Esprit Saint. Être catholique, c’est aimer Dieu de tout son cœur, de tout son esprit et de toute sa force. C’est aimer son prochain comme soi-même : Nul n’est Chrétien que pour lui-même ! La Foi chrétienne se vit avec ses frères, et pour ses frères. Être catholique, c’est aussi l’Espérance en la résurrection, en un avenir auprès de Dieu. C’est reconnaître véritablement dans l’hostie le Corps du Christ, la présence véritable de Jésus, vrai Dieu et vrai Homme au travers du pain. Être catholique ne saurait se limiter à donner au denier du culte ou au secours catholique. C’est donner, certes, mais aussi, et surtout, c’est recevoir. Recevoir l’Eucharistie, mais aussi recevoir la parole, car « l’homme ne se nourrit pas seulement de pain mais aussi de toute parole sortant de la bouche de Dieu » (Mt, 4,4). Être catholique, c’est se nourrir de la parole de Dieu et de l’enseignement de l’Eglise, issu de deux millénaires d’une tradition féconde. En un mot : la Foi ne peut s’enraciner que dans une pratique, et une pratique régulière. Sans l’apport de la parole et de l’eucharistie, elle meurt. Être catholique, c’est se reconnaître pécheur. C’est se réconcilier avec le Père avec la ferme intention de ressembler au Christ. Être catholique, c’est aussi prier. Prier avec ardeur, prier avec amour. C’est par la prière que nous pouvons mieux connaître Dieu. Il n’y a qu’au travers d’elle que nous pouvons parler de Lui. Bref, être catholique, ça se pratique, et ça se vit.
Or, il faut constater que de plus en plus de chrétiens oublient ce que veut dire « être catholique ». Et ayant abandonné la pratique, ils perdent la Foi et l’Espérance. La question véritable devient : en quoi les croyants non pratiquants croient-ils ? S’ils croyaient en la mort et la résurrection du Christ pour nous arracher au péché, ils pratiqueraient. S’ils croyaient en la vie éternelle, ils pratiqueraient. Être croyant non pratiquant, c’est de fait ne PAS croire. Celui qui ne vit pas sa Foi, celui-là ne croit pas.
Mais, comme le rappelle le Saint-Père à la jeunesse allemande : « Le préjudice pour l’Eglise ne vient pas de ses adversaires, mais des chrétiens attiédis. « Vous êtes la lumière du Monde ! » […] Demandons-nous : combien de fois couvrons-nous la lumière de Dieu par notre inertie, par notre obstination, de sorte qu’elle ne puisse plus resplendir à travers nous dans le Monde ? ». Qu’en est-il du chrétien qui va à l’Eglise une fois par semaine, mais qui oublie Dieu le reste du temps ? Qu’en est-il du chrétien qui va à la messe régulièrement, mais qui s’y tient passif, sans chercher à entrer dans le mystère de l’eucharistie ? Ce chrétien-là est bel et bien mort. Il ne se rend à l’église plus que par habitude, par tradition, ou par devoir. Le Christ ne nous dit pas que nous devons être la lumière du monde, mais que nous le SOMMES. Soyons le, de fait, par notre prière et notre témoignage, et ne nous cachons pas derrière une pratique mécanique qui nous donnerait bonne conscience.
Un sondage assez récent nous affirme que 64% des français se définissent comme catholiques. La belle affaire ! Avec une pratique religieuse atteignant difficilement les 3 à 4%, soit le nombre de votants des primaires socialistes, l’on mesure à quel point la marge de progression est grande. Cette tendance suit une ligne tracée depuis bien des années, et qui pousse les Hommes à se détourner de la Foi. Ses sources sont multiples, et il n’est pas question d’en faire ici l’exposé. Mais, à mon sens, bien des explications trouvent leur racine dans la croyance erronée que le savoir scientifique peut se substituer à la Vérité de Dieu. Si la science explique le « comment » des choses, la Foi nous explique le « pourquoi ». Tout ceci pour dire que le rejet de la Foi sous les injonctions d’une Raison totalisante est insensé et funeste. La Foi n’est pas l’ennemie de la raison. Pour paraphraser un grand humaniste de la fin du XVIIIe siècle, nos consciences ont besoin de la Foi sans laquelle la raison est funeste, et de la raison, sans laquelle la Foi est impuissante.
Mais peut-on se permettre de laisser ces chrétiens non pratiquants ou attiédis au bord du chemin ? Bien sûr que non ! Benoît XVI l’a rappelé le 22 octobre dernier en décrivant la nouvelle évangélisation comme devant commencer au sein même de l’Eglise, et devant passer par la « redécouverte par ses membres de la joie et l’enthousiasme de l’expérience de « la foi professée, célébrée, vécue et priée », qui se déploie en désir impérieux de la partager avec d’autres […] Et cette dernière expérience, en retour, permet à chacun d’approfondir sa propre foi ». Encore une fois, Benoît XVI trace une route de renaissance. Ce n’est pas une reconquête violente, à la manière de Civitas, mais une redécouverte des dons de Dieu par le témoignage. C’est un travail de fond, qui implique encore, et toujours, la charité. « La foi sans la charité ne porte pas de fruit et la charité sans la foi serait un sentiment à la merci constante du doute. Foi et charité se réclament réciproquement, si bien que l’une permet à l’autre de réaliser son chemin. De nombreux chrétiens consacrent leur vie avec amour à celui qui est seul, marginal ou exclu comme à celui qui est le premier vers qui aller et le plus important à soutenir, parce que se reflète en lui le visage même du Christ. Grâce à la foi, nous pouvons reconnaître le visage du Seigneur ressuscité en tous ceux qui demandent notre amour ». Comme nous l’enseigne saint François de Sales, c’est par la douceur que nous gagnerons les cœurs. C’est la Charité et l’Espérance qui ramèneront les Hommes à Dieu.
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