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C’est tout juste s’il y a besoin de bon sens pour voir à quel point ce sujet ne devrait même pas faire débat. C’est d’ailleurs pour cela que le gouvernement ne l’a pas inscrite dans son projet et s’y déclare fermement opposé. Mais ce projet justement montre que le bon sens ne semble plus aujourd’hui devoir se raccrocher au réel. Et la ferme opposition au mariage homosexuel de ceux qui ont instauré le PACS qui a depuis bien changé ne nous permet malheureusement pas de leur faire confiance.
Déjà le terme « gestation pour autrui » sonne politiquement correct. C’est fort altruiste de louer son ventre à ceux qui n’en ont pas un bien disposé. Mais comme tout aujourd’hui est ramolli de la sorte en vue d’une tolérance indifférente à tout ce qui fait consensus par sa confusion, notre critique devra aller un peu plus loin.
Louer son ventre [1]. Je n’ai jamais vu personne louer ses bras. Tous ceux que je connais les gardent pour travailler. Et les mains sont l’outil universel de l’homme. Car elles sont nues et sans arme. Et de ce fait elles peuvent utiliser tout outil qu’elles auront fabriqué, du clavier sur lequel je tape aux machines qui ont servi à sa fabrication. Il est donc éminemment légitime et bon de gagner la sueur de son front au travail de ses mains. En revanche, le ventre est au plus intime. Il est vital d’ailleurs, et essentiel, contrairement à la main dont on peut se passer pour survivre. Et plus encore ce lieu dans le ventre où la vie d’un nouvel être se développe. Violer cette intimité est la pire chose que l’on puisse faire à une femme.
Cette femme, me direz-vous (ou plutôt pourrait-on me dire) le fait de son plein gré. Et au nom de la liberté il faudrait accepter tout et n’importe quoi. Car l’exploitation est tout à fait inenvisageable. Si bien qu’un jeune militant NPA avec qui je discutais hier affirmait qu’évidemment ce ne serait jamais pour de l’argent. Mais cela ne tient même pas. Car qui accepterait de porter l’enfant d’un autre sans aucun autre intérêt que celui de rendre service. Quelle femme voudrait connaître les douleurs de la grossesse et de l’enfantement sans avoir la joie ensuite de voir grandir son fils ou sa fille, de l’aimer, et d’en être aimée ? C’est donc nécessairement à une exploitation que cela conduira. Elle a déjà commencé, et bien sûr ce sont les pays de l’est qui trinquent … [2]
L’enfant lui non plus ne sera pas indemne. Dans les mois qui suivent la naissance l’enfant reconnaît sa mère par la voix de celle-ci qu’il a entendu pendant les derniers mois de sa grossesse. L’allaitement permet également de tisser des liens très étroits entre le bébé et sa maman. Mais après également il ne pourra qu’être troublé. Car aucun de ses deux papas ne peut l’avoir porté. Qui est donc sa vraie maman ? Pourquoi n’a-t-il pas eu le droit de recevoir son amour ? Et puis l’un de ses 2 papas ne sera pas son père. Est-il celui qui a chassé maman ? Ces questions, dont pourrait découler un traumatisme de l’abandon, peuvent se poser avant que l’enfant puisse comprendre avec sa raison que ses parents veulent son bonheur donc que ça va (si cela suffit).
Et puis si l’on légalise la GPA pour les couples homosexuels mariés, c’est également la porte ouverte à la GPA pour tous, qui ne serait qu’une démultiplication des conséquences et du nombre de gens qui en seront blessés. Car quand la lutte contre les inégalités se transforme en lutte pour l’indifférenciation, elle crée des situations de bien plus grande discrimination. Mais si économiquement c’est rentable, alors moralement ça doit pouvoir passer.
[1] "Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ?" Pierre Bergé
[2] un exemple : http://mere-porteuse.net
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