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« Je vis une foule immense que nul ne peut dénombrer » (Ap 7,9).

Les raisons de la révolte

Nul ne saura jamais combien nous fûmes, mais les images parlent d’elles-mêmes : Nous étions des centaines de milliers, affluant de toute la France, pour défendre l’institution première de l’humanité, qui préexiste aux États, aux idéologies et aux lois. Cette famille, fondée sur l’altérité, sur la complémentarité de l’homme et de la femme, en vue de l’avenir de la société, était représentée hier par tous ces gens soucieux d’affirmer leur attachement au droit naturel. Il ne s’agissait de rien d’autre.

De l’autre côté, nous avons entendu les déclarations de membres du gouvernement, parlant avec leur condescendance habituelle d’un échec, pour reprendre Marisol Touraine. Nous avons également appris que l’Élysée allait même jusqu’à refuser de recevoir les représentants du collectif, qui, avec le million de manifestants d’hier, dépassaient de loin les 800.000 électeurs des écologistes en mai dernier, qui pourtant sont représentés au gouvernement. Comment expliquer le refus de recevoir les représentants d’un million de Français lorsque l’on reçoit avec courtoisie ceux des associations LGBT, revendiquant quelques centaines d’adhérents ?

Que dire par ailleurs des déclarations du ministre de la justice, Madame Christiane Taubira, qui, d’une morgue devenue proverbiale, a affirmé que « les propos … entendus montrent que nous avons des explications à fournir encore ». En somme, les opposants sont des gens qui ne comprennent rien. Ce sont des imbéciles qu’il faut rééduquer, en utilisant l’école, arme de manipulation massive. Et que dire de cette déclaration de M. Harlem Désir : « cette manifestation soit l’occasion pour la droite et l’extrême droite de réaliser une alliance de fait en se retrouvant sous un même mot d’ordre d’intolérance », qui, sans nul doute, faisait référence au 6 février 1934 ? Chaque jour, la société française se défait davantage, accablée par un gouvernement qui lui impose une politique dont elle ne veut pas, et dont elle n’a jamais voulu. Affirmer que l’élection de mai dernier était la preuve que le mariage homosexuel était approuvé par les Français, n’est-ce pas oublier que dans une démocratie, le débat doit exister sans caricatures des médias, sans dédain du pouvoir, et dans un esprit d’écoute ? Face à cette surdité du pouvoir, il convient de rappeler de ce qu’affirmait François Hollande en 2006, face au gouvernement de Monsieur de Villepin, que « quand il y a des milliers et des milliers de citoyens, jeunes ou moins jeunes, quand toutes les organisations syndicales, représentées sans exception, quand de nombreuses associations d’étudiants et de parents d’élèves, sont aussi mobilisés, à quoi sert d’attendre la prochaine manifestation [1] ? ». Avec un million de manifestants, à quoi bon attendre la prochaine manifestation ? En quoi un mouvement populaire serait-il plus fondé qu’un autre à s’exprimer sur un sujet de société ?

Ce dialogue de sourds révèle une crise sans précédent dans la démocratie française. Il ne s’agit pas là uniquement de parler des dérives partisanes des médias, laquais du pouvoir, qui eux aussi ont leur part dans la désinformation massive qui fait peser sur les esprits la chape de plomb de l’indifférence. Il s’agit de condamner avec la plus ferme détermination la faille qui s’est creusée en France, entraînant la séparation des Français en deux sociétés distinctes et qui ne peuvent se comprendre.

Cette France qui a défilé hier, forte de l’appui de tous ceux qui, ne pouvant se déplacer, ont apporté leur soutien moral, financier, religieux, à ceux étant partis, très tôt pour la plupart, en direction de la capitale. Cette France était celle des familles nombreuses, des classes moyennes de Paris et de province, des vieux, des jeunes, des pauvres, des riches. C’est la France qui refuse de voir le corps de la femme comme une usine. C’est la France qui travaille, qui paie des impôts et qui fait des enfants. Ces enfants sont ceux qui paieront les retraites, ceux qui perpétueront l’Histoire de notre grand pays.

C’est cette France-là qui marchait hier, et elle était accompagnée en pensée par des millions d’autres personnes qui n’acceptent pas le Diktat des groupes de pression. Cette France, insultée par les médias, par les politiques, par les lobbys, est celle qui assure l’avenir de la France. Elle en est l’énergie. C’est la France que l’on n’entend jamais : elle descend peu dans la rue et ne brûle pas de voitures, mais elle se bat lorsque la France est en danger. C’est elle qui s’était rendue en masse à Paris en 1984 pour défendre la liberté de l’enseignement. C’est elle encore qui a donné de la voix hier, afin de défendre non pas des intérêts de classe ou des revendications identitaires. Elle est descendue pour défendre l’intérêt général qui prend racine dans la première des cellules de la société qu’est la famille. Elle ne représente aucun intérêt, aucun lobby. Elle transcende les appareils politiques et les confessions religieuses.

Cette France se bat pour la dignité de l’Homme. Elle ne réduit pas les personnes à leur attirance sexuelle. Elle est la France de la véritable Liberté, celle qui ne consiste pas à faire ce que l’on veut, mais celle qui consiste à faire passer la justice devant ses aspirations propres. Elle est la France du dépassement de soi, qui cultive la grandeur intérieure de l’Homme et qui refuse d’en faire un objet. C’est la France qui résiste à la décomposition de notre modèle social, qui refuse le communautarisme. C’est la France qui considère l’enfant comme une chance, pas comme un droit, qui place le droit de l’enfant devant les revendications identitaires.

Plus que n’importe qui, cette France est fondée à donner son avis sur ce changement de civilisation que des mouvements violents et insignifiants entendent nous imposer. C’est cette France-là, qui chaque jour se voit de plus en plus brocardée et stigmatisée, qui hier a défilé en masse à Paris. Elle était venue affirmer, comme l’écrivait Mgr. Centène dans le Figaro en décembre dernier : « Si la loi n’est plus un socle commun pour la nation, qui pourra garantir la stabilité du pacte social ? À quelle résurgence du communautarisme faut-il s’attendre ? ».

Cette haine de nos détracteurs montre bien qu’il existe deux France. Le gouvernement a choisi la sienne, refusant même d’écouter la France des familles. Le mensonge du ministère de l’intérieur au sujet des chiffres de la manifestation est emblématique de cette fracture. Comment peut-on ainsi rayer de l’ardoise un million de Français ? Quelle démocratie refuserait d’entendre un cri si puissant, venant de l’ensemble des régions, de l’ensemble des villages. Quel gouvernement repousserait la clameur de 6 000 élus ?

Face à ce mépris et à ce déni de démocratie, il faut que les Français prennent leurs responsabilités. Il faut secouer le joug de ce gouvernement tyrannique qui veut voter un texte aussi radical pour l’avenir du pays. Il faut résister à l’oppression, comme nous le permet la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen. Ce changement de civilisation, qui entraînera son avalanche de "progrès" autoproclamés relevant du darwinisme social, ne peut pas être voté de la même manière que l’on vote pour modifier le taux de la TVA, comme le rappelait hier Henri Guaino. La prochaine étape sera la Gestation pour Autrui, et un jour également, l’euthanasie, car ces gens-là estiment que les vieux coûtent trop cher...

Aussi vrai que l’on ne peut pas vivre continuellement en exil dans son propre pays, pour l’intérêt général de la nation, il faut envisager de nouvelles formes de mobilisations. Le gouvernement refuse un référendum qui a déjà eu lieu hier. De fait, il existe encore d’autres moyens pour s’opposer au parti socialiste tout-puissant.

Faut-il aller jusqu’à la grève de l’impôt ?

Comment peut-on continuer à financer une société qui nous méprise ? La situation actuelle est la suivante : L’État nous demande de payer, et accepte notre argent, mais il refuse d’écouter l’expression de notre mécontentement. Les insurgés américains en 1776 refusaient de payer sans représentation, et ils ont gagné. Aujourd’hui aussi, il importe de s’interroger sur l’opportunité de s’insurger contre un État qui, non content de nous imposer avec des taux abusifs, refuse de nous entendre et nous refuse le débat.

Refusons de financer une société qui refuse l’expression de plus de la moitié de ses citoyens [2]. Refusons de financer un audiovisuel qui organise des débats caricaturaux et déséquilibrés. Refusons de financer des programmes scolaires idéologiques destinés à « rééduquer » la société. Refusons de financer la PMA pour les couples homosexuels. Refusons de financer la suppression des enfants dans le sein de leur mère. Refusons de financer les expérimentations sur les embryons humains. Stéphane Hessel nous invitait à nous indigner. Indignons-nous, effectivement. Il faut dès à présent que la France qui a défilé dimanche prenne le chemin d’une insurrection civique, jusqu’à ce que le gouvernement nous écoute. Envisageons la création d’un collectif afin de recenser toutes les personnes prêtes à refuser de payer l’impôt à l’État socialiste, et à le transmettre à Bercy. Ce chiffre-là, ils ne seront pas en mesure ni de le contester, ni de le minimiser. Il sera un appel au respect de cette France qui ne veut plus vivre en exil chez elle. Il sera un appel citoyen pour que l’école soit un lieu d’enseignement et pas de rééducation. Il sera un cri de ceux qui, au nom de l’intérêt général, refusent le communautarisme violent pour défendre la famille.

Paysan breton


[1"Quand il y a des milliers et des milliers de citoyens, jeunes ou moins jeunes, quand toutes les organisations syndicales, représentées sans exception, quand de nombreuses associations d’étudiants et de parents d’élèves, sont aussi mobilisés, à quoi sert d’attendre la prochaine manifestation ?.

Il suffirait d’un mot, un seul, que le pouvoir hésite à prononcer : l’abrogation. C’est un gros mot pour la droite. Mais quand on a fait une erreur, il faut savoir l’effacer". « Il ne s’agit plus de confusion, mais de ridicule, une vraie palinodie sémantique. Assez d’orgueil, d’amour-propre et d’honneur mal placé ! ».

François Hollande, 2006.

[2Contrairement à ce que peuvent dire les médias, les Français sont bien contre le « mariage » gay : http://www.lerougeetlenoir.org/les-opinantes/la-majorite-des-francais-est-contre-le-mariage-gay

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