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Puisqu’il nous faut vivre dans une nation ouverte aux quatre vents, un Camp des saints investi par l’Autre qui, s’il n’est pas moins humain que nous, n’en est pas plus français, posons-nous la question : quelle réponse le catholique français du XXIe siècle peut-il apporter au problème de l’immigration ?
Le temps fait son œuvre. Tandis que tournent les aiguilles de nos horloges, le visage de la France change radicalement, jusqu’à donner raison à Laurent Fabius qui déclarait en 2003 : « Quand la Marianne de nos mairies prendra le beau visage d’une jeune française issue de l’immigration, ce jour-là la France aura franchi un pas en faisant vivre pleinement les valeurs de la République ».
Nous ne pouvons nous dérober : déjà se tournent vers nous les regards inquisiteurs des générations futures, héritiers d’une France en cendres. Il n’est pas non plus honnête de faire l’économie de débats et de nuances : l’immigré extra-européen est, lui aussi, une créature de Dieu. La charité doit guider nos lèvres et nos bras ; nous devrons aussi résister aux tentations d’une fausse charité simpliste et relativiste.
L’Eglise, gardienne de la loi naturelle inscrite dans le cœur de chacun, nous rappelle le principe de destination universelle des biens. La constitution Gaudium et Spes définit ainsi ce principe : « Dieu a destiné la terre et tout ce qu’elle contient à l’usage de tous les hommes et de tous les peuples, en sorte que les biens de la création doivent équitablement affluer entre les mains de tous, selon la règle de la justice, inséparable de la charité ».
En découle un droit à émigrer ; celui-ci est loin d’être absolu. Nuance terrible aux oreilles de ceux qui voudraient voir dans l’Eglise l’alliée inconditionnelle du grand remplacement !
Dans sa sagesse, la Sainte Eglise précise que ce droit à émigrer ne s’exerce que dans certaines circonstances. Si l’opprimé a le droit de fuir son pays où sa vie est menacée – faisant peser un devoir moral sur les épaules du pays d’accueil – l’émigration n’est jamais un bien en soi.
Saint Jean-Paul II déclarait ainsi que « l’émigration est sous certains aspects un mal », qui peut être « en des circonstances déterminées ce que l’on appelle un mal nécessaire ».
L’Eglise ne promeut donc pas l’entrée massive d’étrangers dans une nation donnée ; elle se contente de reconnaître aux individus un droit à quitter leur nation pour une autre, lorsque des circonstances impérieuses l’exigent.
Parce que l’émigration n’est pas un bien, l’Eglise reconnaît un autre droit : celui de ne pas émigrer. Faut-il être aveugle ou idéologue pour croire que la fuite du pays constitue une solution miracle ? Qui peut nier les conséquences de l’émigration souvent désastreuses pour le migrant - déraciné, déplacé et à la recherche d’un mirage - et sa communauté ou sa nation ? L’effectivité de ce droit à ne pas émigrer nécessite de l’audace et du courage politique. Le co-développement, mis en place par Philippe de Villiers en Vendée, en partenariat avec le Bénin et Madagascar, n’est qu’un exemple parmi d’autres de solutions responsables qui ouvrent des perspectives dans lesquelles l’émigration ne serait pas un réflexe.
La fermeté relève du bon sens. La majorité des migrants actuels ne relève pas des cas extrêmes justifiant le devoir d’accueil prôné par l’Eglise.
Surtout, par son nombre et par ses moeurs, l’immigration massive menace le bien commun de la France et son identité. Le décalage – culturel, religieux, social- entre eux et nous est tel ! Quiconque se promène dans les rues de Barbès le voit aisément : l’immigration extra-européenne, lorsqu’elle est massive – et c’est le cas aujourd’hui – créée un malaise identitaire ; pis : une déchirure. L’enfer de l’immigration est devenu une intolérable source de discorde.
Or, la sauvegarde de l’identité nationale est vitale.
En 1909, Saint Pie X disait de la Patrie – la terre de nos pères, et non celle des autres - qu’elle était « digne, non seulement d’amour, mais de prédilection ».
L’appel du prédecesseur de Benoît XVI est, à cet égard, brûlant : « Veillez sur la souveraineté que possède chaque nation en vertu de sa propre culture. Protégez-là comme la prunelle de vos yeux ». Le pape polonais disait de la protection de l’identité nationale qu’elle était « une tâche importante dans toutes les sociétés, peut-être plus particulièrement pour celles qui doivent défendre l’existence même et l’identité essentielle de leur nation des risques d’une destruction provoquée de l’extérieur ou d’une décomposition de l’intérieur ».
Qui osera nier que cette décomposition prend place en ce moment-même ? Face à cette destruction – dont les élites occidentales sont les premières coupables – il est nécessaire de riposter. Saint Jean-Paul II, tout en affirmant que « les immigrés en tant que personnes doivent être traités avec respect » déclarait que « le problème est complexe et doit être subordonné au bien commun de la collectivité ».
Le lecteur aura logiquement conclu que la poursuite de ce bien commun implique pour l’Etat d’accueil un droit de mener une politique migratoire ferme : « les Etats ont le droit de réglementer les flux migratoires et de défendre leurs frontières, en garantissant toujours le respect dû à la dignité de chaque personne humaine. En outre, les immigrés ont le devoir de s’intégrer dans le pays d’accueil, en respectant ses lois et l’identité nationale » (Benoit XVI).
La vieille Europe doit retrouver le courage de dire non à l’immigration de masse : ce courage est une haute forme de charité.
Quelles solutions apporter ? L’assimilation trouve ses limites. Les récents heurts accompagnant les rencontres de l’équipe algérienne n’en sont qu’une illustration parmi d’autres. Sa portée est bien mince, face à la vague de migrants déferlant chaque année sur notre pays. La diminution drastique des flux d’arrivants est évidemment à envisager.
Des audacieux proposent en outre la « remigration » des populations d’origine extra-européenne. Sous quelles modalités ? La question mérite d’être posée.
L’heure tourne. Demeure l’éternelle et angoissante interrogation : « Que faire ? ».
Laissons le cardinal de Richelieu répondre à notre place : « la politique consiste à rendre possible ce qui est nécessaire ».
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