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Corsaire a naturellement choisi de débuter cette série par un article traitant du soulèvement vendéen qui, s’il n’est pas l’unique soulèvement contre-révolutionnaire de l’époque, n’en demeure pas moins le symbole le plus fort.
« La Vendée n’est pas seulement une province de France, c’est une province de l’esprit » (Philippe de Villiers)
La Vendée est un symbole de résistance catholique, et ce 220 ans après la naissance du soulèvement. Mais qu’est-ce que la Vendée ? Parle-t-on du département ? D’une région plus large ? Est-ce un esprit ? Faut-il englober les différents soulèvements qui se succédèrent jusqu’en 1832 ?
Dans cet article, lorsque nous parlerons de "Vendée", nous ferons référence à la "Vendée militaire", c’est-à-dire à cet espace situé aux confins du Poitou, de l’Anjou et de la Bretagne, qui s’est soulevé à partir de mars 1793 contre la conscription et la Constitution civile du clergé.
Administrativement, la Vendée n’est qu’un département créé sous la Révolution, mais dont les frontières ne correspondent pas avec celles de la Vendée militaire. Si le département de la Vendée revendique aujourd’hui son identité insurgée, rappelons que le tiers méridional du département ne fut jamais aux mains des blancs. A l’inverse, de grands chefs vendéens comme Cathelineau, d’Elbée, La Rochejaquelein ou Bonchamps venaient des actuels départements de Maine-et-Loire ou des Deux-Sèvres. Charette, lui, a remporté sa première victoire à Machecoul, dans le Pays de Retz (ses hommes étaient surnommés les paydrets, dans l’actuel département de Loire-Atlantique.
Pourquoi un territoire si disparate, partagé entre littoral, bocages, plaines et bois, sans identité antérieure en commun et auparavant partagé en trois provinces, s’est il constitué en base blanche face à la barbarie jacobine ?
La Foi est un élément central. Au temps de la Réforme, la région avait été sérieusement gagnée par les influences huguenotes. Elle fut reconquise grâce à des hommes tels Saint Louis-Marie Grignion de Montfort.
Dans les campagnes, la population était naturellement attachée à ses bons prêtres et à "la Foi de nos pères, tout ce que nos pères ont aimé avant nous" (Charette).
Si les hommes du Bas-Poitou et des Mauges n’étaient pas foncièrement hostiles aux premiers changements de 1789, les attaques portées à la Foi depuis 1791 les blessèrent profondément. Les impôts les rendirent amers. Enfin, en 1793, la levée de trois-cent mille hommes appelés sous les drapeaux fut la goutte de trop. Quoi ! Mourir aux frontières pour une République qui pourchasse nos bons pères ? Jamais ! Rembarre !
Ainsi se soulevèrent des paroisses des Mauges, autour de Saint-Florent-le-Vieil, tels Le Pin-en-Mauges (sud du Maine-et-Loire). A leur tête : des capitaines de paroisse, hommes de confiance et de foi, artisans ou paysans, que les ruraux avaient choisi. Parmi eux, un colporteur, père de famille, entra dans la légende : Jacques Cathelineau.
Les thuriféraires de l’idéologie républicaine ont souvent dit de la Vendée qu’elle était un complot ourdi par les émigrés et les prêtres fanatiques, utilisant des pauvres hères pour servir leur cause. Idée plaisante sous la IIIe République afin de discréditer les légitimistes... Mais c’était un mensonge éhonté.
Partout, au sud de la Loire, le tocsin sonnait. Les ruraux se soulèvent, de paroisse en paroisse. Les paysans chassent les gardes nationaux, les agents de la conscription, et les prêtres jureurs ("curés trutons"). Le Sacré-Coeur s’imposa vite comme emblème chéri des insurgés. Mais le peuple avait besoin de chefs. Si les soubassements du soulèvement vendéen étaient profondément populaires et religieux, la noblesse s’y agrégea ; seuls les aristocrates possédaient une expérience militaire. Ainsi, Bonchamps était-il un ancien officier de l’Armée des Indes ; Charette, lui, un ancien lieutenant de vaisseau de la Royale. On raconte que les paysans irent quérir ce dernier jusque sous son lit, en sa demeure de la Fonteclause, afin de le prendre pour chef.
Entre Anjou et Poitou, naquit une armée de paysans commandée par des nobles et quelques roturiers : l’Armée catholique et royale. Catholique, la Vendée l’était indiscutablement ; royaliste, elle le devint par la force des choses, car le peuple ne pouvait servir une République liberticide et antichrétienne.
Peut-on parler d’Armée ? S’il y avait des cadres, des drapeaux, des armes et surtout des ennemis, n’oublions pas que les Vendéens étaient des paysans. Ils étaient si étrangers au monde militaires qu’ils ne parlaient point de bataille mais de choc. Sitôt le choc terminé, la plupart changeaient de chemise : ils rentraient au foyer, travailler la terre. Il suffisait de retourner la lame de la faux, selon que l’on guerroyait ou moissonnait. Un peuple de géants en sabots !
Instable armée qui pouvait se débander devant les canons ennemis, et le lendemain tailler en pièce les plus fiers soldats de la République : les Mayençais de Kléber. Armée morcelée, sous la tutelle d’un généralissime mais divisée entre chefs. Certains, tels Charette, veillaient jalousement à leur indépendance et à leur isolement vis-à-vis du reste de l’Armée catholique.
Comment, dès lors, faire bloc contre la République parricide ?
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